Guillaume de Machaut

(1300-1377)

C’est le plus célèbre compositeur et écrivain français du XIVe siècle.

 

Dictionnaire du moyen français

 

Vidéo de la chanson

 

Douce dame jolie,

Pour dieu ne pensés mie

Que nulle ait signorie

Seur moy fors vous seulement,

 

qu’adès sans tricherie

Chierie

Vous ay et humblement

Tous les jours de ma vie

Servie

Sans villain pensement.

 

Helas! et je mendie

D’esperance et d’aïe;

Dont ma joie est fenie,

Se pité ne vous en prent.

 

Douce dame jolie,

Pour dieu ne pensés mie

Que nulle ait signorie

Seur moy fors vous seulement.

 

Mais vo douce maistrie

Maistrie

Mon cuer si durement

Qu’elle le contralie

Et lie

En amour tellement

 

Qu’il n’a de riens envie

Fors d’estre en vo baillie;

Et se ne li ottrie

Vos cuers nul aligement.

 

Douce dame jolie,

Pour dieu ne pensés mie

Que nulle ait signorie

Seur moy fors vous seulement.

 

Et quant ma maladie

Garie

Ne sera nullement

Sans vous, douce anemie,

Qui lie

Estes de mon tourment.

 

A jointes mains deprie

Vo cuer, puis qu’il m’oublie,

Que temprement m’ocie,

Car trop langui longuement.

 

Douce dame jolie,

Pour dieu ne pensés mie

Que nulle ait signorie

Seur moy fors vous seulement.

Douce dame jolie,

par Dieu ne pensez jamais

qu’il y en ait une qui ait du pouvoir

sur moi, à part vous,

 

vu que toujours sans tricherie

je vous ai chérie

et humblement

tous les jours de ma vie

je vous ai servie

sans vilaine pensée.

 

Hélas ! Et je mendie

de l’espérance et de l’aide ;

c’est pourquoi ma joie est finie,

si vous n’en prenez pas pitié.

 

Douce dame jolie,

par Dieu ne pensez jamais

qu’il y en ait une qui ait du pouvoir

sur moi, à part vous.

 

Mais votre douce domination

domine

mon cœur si fort

qu’elle le tourmente

et le lie

tellement à l’amour

 

qu’il n’a envie de rien

sauf d’être sous votre autorité ;

et pourtant votre cœur

ne lui accorde aucun allègement.

 

Douce dame jolie,

par Dieu ne pensez jamais

qu’il y en ait une qui ait du pouvoir

sur moi, à part vous.

 

Et telle est ma maladie

qu’elle ne sera nullement

guérie,

sans vous, douce ennemie,

qui êtes contente

de mon tourment.

 

Les mains jointes je prie

votre cœur, puisqu’il m’oublie,

de me tuer rapidement

car j’ai langui trop longtemps.

 

Douce dame jolie,

par Dieu ne pensez jamais

qu’il y en ait une qui ait du pouvoir

sur moi, à part vous.