(1300-1377) C’est le plus
célèbre compositeur et écrivain français du XIVe siècle. Dictionnaire du moyen français |
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Douce dame jolie, Pour dieu ne pensés mie Que nulle ait signorie Seur moy fors vous seulement, qu’adès sans tricherie Chierie Vous ay et humblement Tous les jours de ma vie Servie Sans villain pensement. Helas! et je mendie D’esperance et d’aïe; Dont ma joie est fenie, Se pité ne vous en prent. Douce dame jolie, Pour dieu ne pensés mie Que nulle ait signorie Seur moy fors vous seulement. Mais vo douce maistrie Maistrie Mon cuer si durement Qu’elle le contralie Et lie En amour tellement Qu’il n’a de riens envie Fors d’estre en vo baillie; Et se ne li ottrie Vos cuers nul aligement. Douce dame jolie, Pour dieu ne pensés mie Que nulle ait signorie Seur moy fors vous seulement. Et quant ma maladie Garie Ne sera nullement Sans vous, douce anemie, Qui lie Estes de mon tourment. A jointes mains deprie Vo cuer, puis qu’il m’oublie, Que temprement m’ocie, Car trop langui longuement. Douce dame jolie, Pour dieu ne pensés mie Que nulle ait signorie Seur moy fors vous seulement. |
Douce dame jolie, par Dieu ne pensez jamais qu’il y en ait une qui ait du pouvoir sur moi, à part vous, vu que toujours sans tricherie je vous ai chérie et humblement tous les jours de ma vie je vous ai servie sans vilaine pensée. Hélas ! Et je mendie de l’espérance et de l’aide ; c’est pourquoi ma joie est finie, si vous n’en prenez pas pitié. Douce dame jolie, par Dieu ne pensez jamais qu’il y en ait une qui ait du pouvoir sur moi, à part vous. Mais votre douce domination domine mon cœur si fort qu’elle le tourmente et le lie tellement à l’amour qu’il n’a envie de rien sauf d’être sous votre autorité ; et pourtant votre cœur ne lui accorde aucun allègement. Douce dame jolie, par Dieu ne pensez jamais qu’il y en ait une qui ait du pouvoir sur moi, à part vous. Et telle est ma maladie qu’elle ne sera nullement guérie, sans vous, douce ennemie, qui êtes contente de mon tourment. Les mains jointes je prie votre cœur, puisqu’il m’oublie, de me tuer rapidement car j’ai langui trop longtemps. Douce dame jolie, par Dieu ne pensez jamais qu’il y en ait une qui ait du pouvoir sur moi, à part vous. |