Dissertations sur le roman

 

1. « Un roman n’est pas de la vie représentée. C’est de la vie racontée. Les deux définitions sont très différentes. La seconde est, seule, strictement conforme à la nature du genre. Si le roman est de la vie racontée, il suppose un narrateur. C’est, si l’on veut, un témoignage et qui implique deux choses : une réalité que l’on atteste et un témoin qui l’atteste. » Discutez cette affirmation de Paul Bourget qui souligne le rôle capital du narrateur dans le roman.

 

 

2. Nombreux sont les écrivains qui, dans leurs préfaces, leurs manifestes ou leurs essais, revendiquent comme fonction principale du romancier de représenter la réalité contemporaine dans ses détails les plus concrets. Discutez cette conception du roman en vous aidant des textes suivants

 

 

3. Quelle est, selon vous, la différence entre un héros de roman et une personne réelle ? Vous répondrez à cette question en un développement ordonné qui prendra appui sur les textes du corpus, sur les textes étudiés en classe et sur vos lectures personnelles.

 

 

4. On dit souvent que le roman est le reflet de la société. Vous discuterez cette affirmation en vous appuyant sur les textes du corpus et sur les romans que vous avez lus et étudiés.

I. La plupart du temps, le roman reflète la société

Les romans réalistes et naturalistes affichent une volonté de fidélité par rapport à la société. Certains romans n’ont pas le même but. Ils peuvent manifester davantage d’intérêt pour les sentiments des personnages. Pourtant la société apparaît souvent en arrière-plan, en toile de fond. Le personnage ne surgit pas d’ex nihilo.

 

II. Mais le reflet proposé peut s’avérer plus ou moins partial, faussé, subjectif : le romancier construit une image de la société. Reflet, illusion, construction ? L’idée de reflet donne impression de facilité, comme si la société apparaissait spontanément dans le roman. Or, le roman n’est pas un simple objet, un miroir, il implique un travail. L’image donnée de la société dans le roman peut être soumise à la subjectivité d’un personnage. Un reflet infidèle : la fiction tend à proposer une image déformée de la société.

 

III. Reflet ou réflexion ? Le roman vise probablement davantage une réflexion sur le monde et non une simple imitation de la société. Le roman ne se contente pas de refléter la société, il l’analyse et la juge. Même les romans qui peignent des sociétés irréelles, des mondes parallèles, totalement fantaisistes, proposent finalement une réflexion sur la société.

 

 

5. Attendez-vous nécessairement du personnage de roman qu’il soit un personnage exceptionnel ou préférez-vous que le roman mette en scène des personnages ordinaires ? Répondez à cette question en vous appuyant sur les textes du corpus et vos lectures personnelles.

 

 

6. Vous avez rencontré de multiples personnages dans l’univers romanesque, théâtral ou cinématographique. Jouent-ils un rôle important dans votre goût pour la fiction ? Pour vous attirer, un personnage doit-il avoir toutes les caractéristiques d’une personne ?

 

 

7. « Romanesque » est un adjectif souvent utilisé péjorativement pour qualifier des histoires invraisemblables, des aventures extraordinaires, des sentiments excessifs, loin de toute réalité. En vous fondant sur les textes du corpus et sur la lecture des romans que vous avez lus et étudiés, vous réhabiliterez cette notion de « romanesque » en montrant combien elle participe du plaisir singulier de la lecture des romans.

 

 

8. « […] ce que je retiens pour un « grand roman », c’est un roman qui 1°) explore un territoire encore inconnu de l’expérience humaine […] ; 2°) invente ou renouvelle la forme narrative ; 3°) rend indissociables ces deux aspects » (Guy Scarpetta, l’Âge d’or du roman, 1996). L’évolution du roman moderne vous permet-elle de partager cette opinion ?

 

 

9. André Maurois (1885-1967) écrit : « un personnage de roman est simplifié et construit. On peut le comprendre. Dans la vie réelle, les êtres vivants sont des énigmes dangereuses. » Discutez cette appréciation en vous fondant sur cet extrait et sur vos lectures.

 

 

10. Parlant du monde romanesque et de ses personnages, Albert Camus écrit dans L’Homme révolté : « Les héros ont notre langage, nos faiblesses, nos forces. Leur univers n’est ni plus beau ni plus édifiant que le nôtre. Mais eux, du moins, courent jusqu’au bout de leur destin et il n’est jamais de si bouleversants héros que ceux qui vont jusqu’à l’extrémité de leur passion. » Vous expliciterez et illustrerez votre point de vue à partir de vos lectures romanesques et vous le discuterez si cela vous semble nécessaire.

 

 

11. Dans son essai Pour un roman, le romancier Alain Robbe-Grillet affirme qu’un roman « c’est avant tout une histoire » mais il précise que « Le vrai roman, c’est celui dont la signification dépasse l’anecdote, la transcende vers une vérité humaine profonde, une morale ou une métaphysique ».