Principales
figures de style
NOM |
DEFINITION |
EFFET OBTENU |
EXEMPLES |
accumulation |
Énumération qui crée un effet de
profusion. |
Effet de profusion. |
« Les regrets, les ennuis, le
travail, et la peine, / Le tardif repentir d'une espérance vaine, / Et
l'importun souci, qui me suit pas à pas. » Du Bellay, Les Regrets, 24 |
allégorie |
Personnification
d'une idée abstraite ; mais ce peut être aussi une métaphore continuée tout
au long d'un texte d'une certaine longueur. |
Effet didactique. |
« May, le plus beau mois de
l'année, / Montre la tête couronnée / D'un printemps d’odorantes fleurs »
Baïf, Aubade de Mai. Personnification d'une idée abstraite
: la Vérité dans le poème Tristesse d'Alfred de Musset |
allitération |
Répétition d’une consonne ou d’un
groupe de consonnes dans une phrase, un vers. |
Crée une cohérence poétique entre des
mots. |
« Aboli
bibelot d’inanité sonore »
(Mallarmé) « Il n’avait pas d’enfer dans le feu de sa forge »
Hugo, « Booz endormi » |
anaphore |
Répétition d’un mot ou d’un groupe de
mots au début de plusieurs phrase successives, pour insister sur une idée,
produire un effet de symétrie. |
Effet d'insistance ou de mise en
relief. |
Marcher à jeun, marcher vaincu, marcher
malade (Hugo) « Mais et les princes et les
peuples gémissaient en vain ; en vain Monsieur, en vain le Roi même tenait Madame
serrée par de si étroits embrassements » Bossuet, Oraison
funèbre d’Henriette-Anne d’Angleterre |
anticipation |
Figure par laquelle on réfute
d’avance une objection possible. |
Effet de persuasion. |
Il est vrai qu'il est logique de
penser que les guerres n'ont jamais eu lieu, puisqu'elles sont inhumaines.
Voir aussi La mort de Socrate
par Lamartine. |
antiphrase |
Figure de style consistant à employer
un mot, une phrase, dans un sens contraire à sa véritable signification.
Utilisée à dire le contraire de ce qu'on pense, tout en montrant qu'on pense
le contraire de ce qu'on dit. |
Ce procédé est le support essentiel
de l'ironie, le contexte étant important puisqu'il permet de découvrir si une
phrase est ironique ou non. |
C’est par antiphrase que les Grecs
donnaient aux Furies le nom d’Euménides (Bienveillantes). Quelle belle journée ! (alors qu'il pleut et qu'il fait
froid). |
antithèse |
Rapprochement de deux propositions ou
de deux expressions contrastées. |
Permet de classer le monde et de
persuader celui à qui on s'adresse. |
« Car
le jeune homme est beau, mais le vieillard est grand » Hugo, « Booz endormi » |
antonomase |
Emploi d’un nom commun ou d’une
périphrase à la place d’un nom propre ou inversement. |
Crée un modèle d'individu. |
Le père de la tragédie française pour Corneille ; un
Néron pour un tyran cruel. |
assonance |
Répétition d’un son voyelle dans la
syllabe tonique de mots qui se succèdent. Plus généralement, toute répétition
de phonèmes en finale de vers. |
Crée une cohérence poétique entre des
mots. |
Tout m'afflige et me nuit et conspire à me nuire (Phèdre de J. Racine) (assonance en i) |
asyndète |
Suppression des mots de liaison entre
les termes d’une même phrase ou de plusieurs phrases (conjonctions de
coordination, adverbes). |
Donne au discours plus de vigueur. |
Cette triste femme contemplait avec douceur les enfants,
les bébés. (Blais) |
chiasme |
Figure disposant en ordre inverse les
mots de deux propositions qui s’opposent. |
Effet d'insistance et de mise en
relief. |
« D'un incurable amour remèdes
impuissants » Racine, Phèdre |
chute |
Chute d’une période : la fin, le
dernier membre d’une période. |
Effet de surprise et donc de mise en
valeur. |
Voir Le dormeur
du val de Rimbaud ; au dernier vers on se
rend compte que le dormeur est en fait mort. |
circonlocution |
Façon de parler qui exprime la pensée
de manière indirecte ou imprécise et qui témoigne d'une difficulté à dire. |
Effet d'insistance sur l'incapacité à
nommer correctement les choses. |
Oui. Je parle bien quand j'ai quelque chose à dire. Non
pas que j'arrive précisément à dire ce que je veux dire. Malgré moi, je dis
tout autre chose. Mais cela je le dis bien. (Giraudoux) |
comparaison |
Figure de style qui consiste à
rapprocher un comparé et un comparant, par l'intermédiaire d'un outil
comparatif. Procédé établissant un parallèle entre deux réalités. Voir la
métaphore. |
Effet poétique ou didactique. |
La lune [comparé] est comme [comparatif] une faucille
d'or [comparant]. |
euphémisme |
Consiste à remplacer une expression
qui risquerait de choquer, par une expression atténuée. Le procédé inverse
est l'hyperbole. |
Permet de ne pas choquer. |
Il nous a quitté, pour il est mort.
Un peu forte, pour très grosse. Demandeur d'emploi, pour un chômeur. |
exorde |
Première partie d’un discours. Par
extension, Entrée en matière. |
Introduit un discours et capte
l'attention. |
Oyez ! Oyez bonnes gens ![…] |
gémination |
Répétition d’un mot. Sens
linguistique : doublement d’une syllabe ou d’un phonème dans une formation
familière. |
Donne un caractère populaire ou
enfantin. |
Mémère. Fifille. Dodo. |
gradation |
Figure consistant en une succession
d’expressions allant par progression croissante ou décroissante. |
Crée un rythme dans la phrase et
persuade par la beauté de la musique des mots. |
Sois satisfait des fleurs, des fruits, même des
feuilles, / Si c'est dans ton jardin à toi que tu les cueilles ! (Cyrano de Bergerac, E. Rostand). |
hendiadyin ou
hendiadys |
Figure consistant à exprimer une idée
par deux mots reliés par et au lieu de l’exprimer au moyen d’un nom
accompagné d’un adjectif ou d’un complément déterminatif. |
Effet d'insistance. |
Par la haine et par la jalousie, au
lieu de : Par une haine jalouse. |
hypallage |
Consiste à attribuer un mot d'une
phrase ce qui se rapporte à un autre mot. |
Décentre l'intérêt du lecteur vers une autre mot de la phrase. |
Descendant noble d’une famille pour
descendant d’une famille noble. Le chevalier leva une main vengeresse (c'est
le chevalier qui se venge et non la main). |
hyperbate |
Figure consistant à intervertir
l’ordre habituel des mots qui occasionne un allongement de la phrase. |
Effet d'insistance sur un mot qui
aurait pu passer inaperçu. |
Le long d’un clair ruisseau buvait une colombe (La Fontaine). |
hyperbole |
Figure consistant à employer des
expressions exagérées pour frapper l’esprit. C'est souvent le contexte qui
permet de dire s'il y a hyperbole ou non. |
Effet d'exagération. |
Verser des torrents de larmes.
Briller de mille feux. Avoir trois tonnes de boulot. Se faire tuer par sa
mère en rentrant... Mourir de soif. |
inversion |
Renversement (rupture) de l'ordre
direct ou grammatical des mots. |
Effet d'insistance sur des mots. |
Le petit pâtre brun sous son rouge béret (Cyrano de Bergerac, E. Rostand). |
lieux communs |
Sources habituelles d’où un orateur
peut tirer ses arguments et ses développements (couramment, lieu commun: idée
banale, rebattue). |
En littérature, permet la connivence
entre le lecteur et l'auteur ; rend plus aisée la création. |
La description du paysage dans un
récit de voyage est un lieu commun rhétorique. |
litote |
Figure consistant à dire moins pour
faire comprendre plus. Le verbe est en général à la forme négative. Fausse
atténuation. |
Effet d'insistance sur un jugement en
demandant à l'interlocuteur de décoder le message, créant une connivence
entre eux. |
Chimène à Rodrigue dans Le Cid : Va, je ne
te hais point (Corneille). Ce garçon n'est pas très doué, pour
dire qu'il est très mauvais. |
métaphore |
Figure qui consiste à instituer une
analogie entre un comparé et un comparant, sans comparatif (contrairement à
une comparaison). Parfois, le comparé est lui aussi absent. C'est ce qui
distingue une métaphore in praesentia et une
métaphore in abstentia (absence du comparé, il ne
reste plus que le comparant). La métaphore peut dans ce cas précis se transformer
en devinette. |
Effet hautement poétique. |
Le printemps de la vie pour parler de la jeunesse. « Cette faucille d’or dans le
champ des étoiles » Hugo, « Booz endormi » (lune = faucille d’or) |
métonymie |
Figure dans laquelle un concept est
dénommé au moyen d’un terme désignant un autre concept, lequel entretient
avec le premier une relation d’équivalence ou de contiguïté (la cause pour
l’effet, la partie pour le tout, le contenant pour le contenu, etc.). |
Effet de raccourcissement qui permet
à un détail d'évoquer tout ce que l'on voulait dire. |
La salle applaudit
pour les
spectateurs. Le contenant pour le contenu : Boire un
verre. Le symbole pour la chose: Les
lauriers, pour la gloire. |
mythe |
Le mot désigne une tradition, une
légende, une histoire qui confère un sens propre aux personnages et aux
événements. |
Permet de répondre aux grandes
questions de l'humanité. |
Une signification physique (Hercule),
historique (Napoléon), philosophique (Prométhée), morale (Icare) ou
religieuse (Adam et Êve), géographique (l'Amérique pour les Européens). |
oxymoran ou oxymore |
Alliance de deux mots opposés
sémantiquement. |
Effet de surprise et donc de mise en
valeur. |
Cette obscure clarté (Corneille). Un silence éloquent. Réalité virtuelle. Un
cri silencieux. Un mort-vivant. |
parallélisme |
Rapprochement de phrases ou de
propositions possédant une structure grammaticale semblable. |
Par le rapprochement d'éléments qu'on
n'aurait pas songé à mettre côte à côte, on obtient un effet d'insistance. |
Et la mer esr amère. Et
l'amour est amer. (Marbeuf) |
paronomase |
Figure qui assemble des paronymes
(paronyme : mot offrant une ressemblance de forme et de prononciation avec
une autre). |
Crée des liens sonores entre des mots
qui sont éloignés par leur sens. |
Qui se ressemble s’assemble. Qui terre a guerre a. |
période |
Phrase composée de plusieurs
propositions se succédant harmonieusement et dont la réunion forme un sens
complet. On distingue en général au moins deux temps : la protase et
l'apodose (au sommet l'acmé). |
Effet de grandiloquence. |
La plus noble conquête que l'homme ait
jamais faite est celle de ce fier et fougueux animal qui partage avec lui les
fatigues des guerres et la gloire des combats. (Buffon) |
périphrase |
Figure consistant à dire en plusieurs
mots ce qu’on pourrait dire en un seul (2° sens : circonlocution, détour de
langage). |
Crée un effet d'attente. |
L’astre du jour, pour le Soleil. |
personnification |
Description d’une chose (inanimée)
sous forme d’être vivant. |
Effet poétique qui permet de transformer
le monde. |
les fronts audacieux des palais romains. (Du Bellay) |
prétérition |
Consiste à parler de quelque chose en
commençant par annoncer qu'on ne va pas en parler. |
Permet de dire une chose sans en
prendre l'entière responsabilité. |
Je n’ai pas besoin de vous présenter
monsieur Paul. Je n'ai pas besoin de vous redire l'importance de la
ponctualité. Inutile de vous dire que… |
pléonasme |
C'est l'addition de mots qui ne sont
pas absolument nécessaires au sens, mais qui animent la phrase. |
Effet d'insistance. |
Si c'est dans ton jardin à toi que tu les cueilles ! (Cyrano de Bergerac, E. Rostand) |
prolepse |
Figure de rhétorique consistant à
prévoir une objection et à la réfuter par avance. |
Effet de persuasion. |
Il serait trop long de montrer que… |
prosopopée |
Figure qui consiste à faire parler un
mort, un animal, une chose personnifiée. |
Métamorphose complète du monde, pour
avoir une meilleure attention du lecteur qui n'a plus de références au monde
réel, et donc le persuader plus facilement. |
Je suis la pipe d'un auteur ;/
On voit, à contempler ma mine,/ D'Abyssinienne ou de
Cafrine,/ Que mon maître est un grand fumeur. (Baudelaire) |
redondance |
Renchérissement de l’expression (pour
nuancer, ajouter au sens). |
Effet d'insistance (voulue ou non). |
Ce qu'il faut à tout pri qui
règne et qui demeure/ Ce n'est pas la méchanceté, c'est la bonté. (Verlaine) |
réfutation |
Partie du discours où l’on réfute les
objections exprimées. |
Permet de déjouer les arguments de
l'adversaire et donc de persuader. |
S'il a essayé de prouver que c'était
un homicide, s'il a montré que mon client est le parfait coupable, s'il s'est
montré convaincant, ne le croyez pas. |
répétition |
Reprise d’un même mot ou d’une même
expression. |
Effet d'insistance et de mise en
valeur. |
|
réticence |
Figure consistant à interrompre sa
phrase, en laissant entendre ce qui n’est pas dit. |
Effet d'insistance par le silence, le
blanc. |
Le seul penser de cette ingratitude/ Fait souffrir à mon
âme un supplice si rude…
(Molière) |
solécisme |
Faute de syntaxe (cf. barbarisme). |
Si volontaire, effet de surprise. |
L’affaire que je m’occupe pour dont je m’occupe. |
suspension |
Figure consistant à rajouter des mots
à l'intérieur de syntagmes, ce qui diffère la venue du sens. |
Permet de tenir l’auditeur en
suspens. |
Voir, ô merveille, voir ! Ma bouche nuancée (Valéry) |
syllepse |
Accord d’un mot selon le sens plutôt
que selon les règles grammaticales. Mais aussi utilisation d'un mot à la fois
au sens propre et au sens figuré. |
Permet le jeu de mot et l'insistance. |
A été mangé le pain, le vin et les autres
aliments. vêtu de probité candide et de lin blanc (Hugo) |
symbole |
C'est lorsqu'un objet ou un animal
possède une signification reconnue par l'ensemble de la société. |
Joue avec les représentations qui
existent déjà pour construire un texte. |
La colombe est le symbole de la paix. |
synecdoque |
On prend le tout pour la partie ou la
partie pour le tout, la matière pour l’objet, le contenant pour le contenu,
etc. et inversement. C'est
un cas particulier de métonymie. |
Effet de simplification, de
raccourcissement, mais effet poétique. |
Un toit, pour une maison. Une
fourrure, pour un manteau de fourrure. Le tout pour la partie : Lyon a
gagné la finale (pour les joueurs de l'équipe de foot de Lyon). La
partie pour le tout : Les voiles prennent le départ (pour les bateaux
à voiles). |