(20) Le Palais de l'Assemblée : 1-11

 

2. 1. Maya veut montrer sa reconnaissance envers Arjuna. Kṛṣṇa lui demande de construire un Palais de l'Assemblée pour Yudhiṣṭhira. Avec le cérémonial nécessaire, Maya pose la première pierre. (= 19 ślokas)

 

Livre II, chapitre 1

1. Vaiśampāyana dit :

« Alors Maya parla au fils de Pṛthā, en présence du fils de Vasudeva,

portant ses mains jointes à son front, lui rendant hommage encore et encore d’une voix tendre :

2. « Tu m’as sauvé, ô fils de Kuntī, de Kṛṣṇa plein de colère

et du Feu qui désirait me brûler. Dis-moi ce que je peux faire pour toi. ».

3. Arjuna dit :

« Tout a été fait par toi. Fais bonne route, ô grand Asura.

Garde-moi toujours ton affection, et nous garderons notre affection pour toi. ».

4. Maya lui dit :

« Seigneur, c’est bien là ta manière de parler, ô taureau parmi les hommes !

Mais je désire faire quelque chose par affection, ô Bhārata. 

5. Car je suis un Démiurge universel parmi les Dānavas, un grand sage,

et je désire justement faire quelque chose pour toi, ô Pāṇḍava. ».

6. Arjuna lui dit :

« Tu penses que tu as été sauvé d’un danger de mort par moi.

Cela étant, je ne peux pas te faire faire quelque chose.

7. Mais je ne désire pas non plus que ton intention soit délaissée, ô Dānava.

Fais quelque chose pour Kṛṣṇa, ce sera ainsi pour moi une récompense. ».

8. Vaiśampāyana dit :

« Maya pressa le fils de Vasudeva, ô taureau des Bhārata,

et celui-ci réfléchit un moment à ce qu’il pourrait demander.

9. Kṛṣṇa lui demanda ceci : « Construis une grand-salle,

ô fils de Diti, que tu estimes digne du roi du Dharma.

10. Après l’avoir vue construite, les hommes, étonnés, ne sauraient l’imiter

dans le monde entier des hommes : fais une grand-salle de cette sorte,

11. où nous pourrions voir, disposés par toi, les desseins des Dieux,

et ceux des Asuras et des hommes aussi : fais cette grand-salle pour moi ! ».

12. En recevant cette parole, Maya fut plein d’allégresse,

et joyeux il fit pour le Pāṇḍava une grand-salle semblable à un char céleste.

13. Puis Kṛṣṇa et le fils de Pṛthā informèrent sur tout

Yudhiṣṭhira, le roi du Dharma, et lui présentèrent Maya.

14. Yudhiṣṭhira lui rendit alors l’hommage qu’il méritait,

et Maya, accueilli avec respect, le reçut avec respect.

15. Et les exploits que les Dieux avaient accomplis jadis ici et là, ô Seigneur des peuples,

le fils de Diti les raconta aux fils de Pāṇḍu, ô Bhārata.

16. Quand ce Démiurge universel se fut restauré un certain temps et eut réfléchi,

il entreprit de construire la grand-salle pour les Pāṇḍava au grand cœur.

17. Selon le dessein des fils de Pṛthā et de Kṛṣṇa au grand cœur,

un jour de bon augure, l’Asura au grand éclat fit la cérémonie d’inauguration,

18. réjouissant les meilleurs des deux-fois-nés avec des milliers de bols de riz au lait,

et le vaillant Asura leur fit des dons de toutes sortes.

19. Et il délimita un terrain d’une beauté divine, charmant,

doté de tous les avantages pour chaque saison, faisant en tout dix mille coudées.

 

 

2. 2. Après avoir pris congé de tous, Kṛṣṇa retourne à Dvārakā. Les Pāṇḍava l’accompagnent un temps. (=   23 ślokas)

 

Livre II, chapitre 2

1. Vaiśampāyana dit :

« Quand le Tourmenteur-des-hommes eut passé une séjour agréable à Khāṇḍavaprastha,

honoré avec les honneurs qu’il méritait par les fils de Pṛthā liés d’amitié avec lui,

2. il conçut le projet de partir, car il désirait ardemment voir son père.

Le héros aux grands yeux salua alors le roi du Dharma et Pṛthā.

3. Lui, que l’univers doit honorer, honora de sa tête les pieds de la sœur de son père.

Et elle huma doucement la tête du Chevelu et l’embrassa.

4. Juste après, le glorieux Kṛṣṇa alla voir sa sœur,

et, en arrivant, Hṛṣīkeśa [1] versa affectueusement une larme.

5. Et le Bienheureux adressa à la noble Subhadrā aux nobles propos

une parole sage, véridique, avantageuse, pleine de légèreté, inégalable.

6. Et elle lui communiqua des mots destinés à sa famille,

et aussi elle l’honora, le saluant respectueusement de la tête à plusieurs reprises.

7. Le descendant de Vṛṣṇi prit congé de la femme rayonnante et la salua,

et juste après le Tourmenteur-des-hommes il alla voir la Noiraude et Dhaumya.

8. Et le meilleur des hommes honora Dhaumya selon les règles,

et le Tourmenteur-des-hommes réconforta Draupadī et prit congé d’elle.

9. Le sage et puisant héros, accompagné du fils de Pṛthā, alla vers les frères,

et, entouré par les cinq frères, Kṛṣṇa était comme Śakra entouré par les immortels.

10. Le taureau des Yadu honora les Dieux et les deux-fois-nés

avec des guirlandes, des prières murmurées et des gestes d’adoration, et aussi avec des parfums de toutes sortes.

Après avoir fait tout cela, le meilleur de ceux qui se tenaient là se mit en route.

11. Après les avoir salués, il donna des biens aux brahmanes qui le méritaient

avec des bols de riz non décortiqué dans du lait caillé, puis il les contourna rituellement par la gauche.

12. Il monta sur son char rapide, en or, qui avait Tārkṣya sur son étendard,

et qui contenait, entre autres armes, sa massue, son disque et son arc fait de corne.

13. C’était le jour, la lunaison et le moment favorables

quand le héros aux yeux de lotus partit sur son char tiré par Sainya et Sugrīva.

14. Par affection, le roi Yudhiṣṭhira grimpa aussi sur le char,

et, repoussant son cocher Dāruka, le meilleur des cochers,

le seigneur des Kuru s’empara lui-même des rênes.

15. Arjuna y grimpa aussi et il agita au-dessus de sa tête, du côté du Sud,

un large éventail blanc en poils de yack avec une hampe d’or.

16. De même le ferme Bhīmasena, accompagné des deux jumeaux,

suivait Kṛṣṇa, entouré des prêtres et des gens de la ville.

17. Ainsi le Chevelu, le tueur des héros ennemis, accompagné par les frères

qui le suivaient resplendissait comme un gourou au milieu de ses disciples bien-aimés.

18. Govinda prit congé du fils de Pṛthā qui était affligé et le serra dans ses bras,

et il rendit hommage à Yudhiṣṭhira, ainsi qu’à Bhīmasena et les deux jumeaux.

19. Les deux jumeaux lui dirent au revoir en le serrant fort dans leurs bras.

Puis après avoir faite une convention avec eux comme il convient, le Destructeur-de-Madhu

20. se détourna alors des Pāṇḍava et de ceux qui suivaient à pieds,

et Kṛṣṇa partit pour sa cité, pareil à un autre Destructeur de remparts.

21. Ils le suivirent avec les yeux jusqu’à ce que leurs yeux portaient,

ils suivirent Kṛṣṇa en pensées, à proportion de leur affection pour lui.

22. Alors que leurs esprits n’étaient pas rassasiés de voir le Chevelu,

rapidement le descendant de Śūra [2], que leurs yeux aimaient regarder, disparut.

23. Bien malgré eux, les fils de Pṛthā, dont l’esprit avait suivi Govinda,

se détournèrent et ces taureaux parmi les hommes regagnèrent leur cité.

Quant à Kṛṣṇa, sur son char de guerre, il arriva dans les temps à Dvārakā.

 

 

2. 3. Maya part au lac Bindu chercher des pierre précieuses qu’il a déposées là. Il promet aussi de rapporter la massue du roi Yauvanāśva pour Bhīma et la conque Devadatta ayant appartenu à Varuṇa pour Arjuna. Rappel de tous les sacrifices qui se sont tenus au lac Bindu. Maya rapporte tout ce qu’il était parti chercher et construit en quatorze mois un Palais de l'Assemblée incomparable. Description du Palais de l'Assemblée. (=   34  ślokas)

 

Livre II, chapitre 3

1. Vaiśampāyana dit :

« Puis Maya dit à Arjuna, le fils de Pṛthā, le meilleur des conquérants,

« Je prends congé de toi, je vais partir, mais je retournerai vite aussi.

2. Au Nord, du côté du mont Kailāsa, dans le massif de Maināka,

quand tous les Dānavas allaient célébrer un sacrifice, j’ai

fait une jolie boîte de pierres précieuses, près du lac Bindu.

3. Elle était dans la grand-salle de Vṛṣaparvan, fidèle à sa parole.

Je vais aller là-bas et la prendre, si elle y est encore, ô Bhārata.

4. Et puis je ferai une grand-salle pour le glorieux Pāṇḍava,

un ravissement pour l’esprit, multicolore, ornée de toutes sortes de joyaux.

5. Dans le lac de Bindu il y a la meilleure des massues, ô fils de Kuru ;

elle y a été cachée par le roi Yauvanāśva après avoir vaincu ses ennemis à la bataille.

Elle est constellée de perles d’or, lourde, massive, elle fait le poids,

6. pour tout tuer elle est l’équivalent de cent mille massues.

Et elle convient à Bhīma, comme l’arc Gāṇḍīva te convient, Seigneur.

7. Et il y a la grande conque, venant de Varuṇa, Devadatta, très sonore ;

je vous donnerai tout cela, il n’y a là aucun doute. ».

Après avoir ainsi parlé au fils de Pṛthā, l’Asura partit en direction du nord-est.

8. Au Nord, du côté du mont Kailāsa, dans le massif de Maināka,

il y a la sainte montagne aux pics d’or, qui contient beaucoup de pierres précieuses,

9. et le lac charmant appelé Bindu, où le roi Bhagīratha

passa de nombreux années à regarder la Gaṅgā Bhāgīrathī.

10. C’est là que le Seigneur au grand cœur de toutes les créatures célébra une cérémonie,

faisant cent sacrifices magnifiques, ô le meilleur des Bhārata.

11. Des poteaux sacrificiels incrustés de pierreries et aussi des autels d’or

avaient été disposés là pour leur beauté, et non pour servir de modèles.

12. C’est là que, après avoir célébré la cérémonie, le Maître-de-la-Grâce aux mille yeux [3] atteignit la perfection,

c’est là que l’éternel Maître des créatures [4], après avoir créé tous les mondes,

fut honoré, tandis qu’il rayonnait intensément, entouré de milliers de créatures.

13. Nara et Nārāyaṇa, Brahmā, Yama et Sthāṇu en cinquième

assistent là à une session sacrificielle tous les mille âges du monde.

14. C’est là que le pieux fils de Vasudeva fit un sacrifice perpétuel

pendant une session de mille ans avec l’accord des érudits.

15. Des poteaux sacrificiels avec des guirlandes d’or et aussi des autels tout à fait splendides

furent offerts là par milliers et par millions par le Chevelu.

16. Arrivé là, il prit la massue et la conque, ô Bhārata,

et le matériau en cristal pour la grand-salle qui était à Vṛṣaparvan.

Et il emporta tout cela en compagnie des Rākṣasas Kiṃkaras.

17. Après avoir rapporté cela, l’Asura fit une grand-salle incomparable,

renommée dans les trois mondes, divine, incrustée de pierres précieuses, splendide.

18. Il offrit alors l’excellente massue à Bhīmasena,

et Devadatta, la conque inégalable, il la donna au fils de Pṛthā.

19. La grand-salle, ô Mahārāja, était faite de cent piliers d’or,

et elle faisait en tout dix mille coudées.

20. Comme le Feu, comme le Soleil, ou encore comme la Lune,

elle rayonnait, divine, elle avait une extrême beauté.

21. Comme repoussant par son éclat l’éclat resplendissant du Soleil,

elle resplendissait comme le Feu, divine par sa divine splendeur.

22. Elle se dressait, cachant le ciel, semblable à une montagne, à un nuage de pluie,

grande, large, lisse, sans défauts, reposante.

23. Construite avec les meilleurs matériaux, avec des guirlandes de pierres précieuses sur ses murs,

pleine de joyaux, pleine de richesses, elle avait bien été faite par le Démiurge universel.

24. Ni la Sudharmā des Daśārhas [5], ni non plus celle de Brahmā ne possédait

une beauté pareille à celle, incomparable, que Maya avait faite.

25. Comme l’avait dit Maya, la grand-salle était protégée

par des patrouilles de huit mille Rākṣasas, nommés les Kiṃkaras.

26. Ils circulaient dans le ciel, terrifiants, ils avaient un grand corps, une grande force,

c’étaient des guerriers aux yeux rouges et jaunes, avec des oreilles en forme d’huître.

27. Dans la grand-salle, Maya fit un étang couvert de lotus, sans égal,

plein de feuilles en aigues-marines, avec des lotus dont les tiges étaient faites de pierres précieuses,

28. avec des nénuphars roses faits de rubis, avec d’innombrables troupes d’oiseaux de toutes sortes,

merveilleux avec ses lotus roses en fleurs, orné de tortues et de poissons,

29. avec de jolies marches descendant vers les bains, sans boue, plein en toute saison, éclatant,

et couvert de gouttes de rosée en perles agitées par le vent.

30. Et si des rois s’étaient approchés de cet étang plein de pierres précieuses et de joyaux,

ils ne l’auraient pas reconnu en le voyant et, de fait, par ignorance, ils seraient tombés dedans.

31. Tout autour de la grand-salle il y avait de grands arbres toujours en fleurs,

de toutes sortes, au feuillage sombre, procurant une ombre fraîche, charmants.

32. Et partout il y avait des bosquets au parfum suave et des étangs couverts de lotus,

ornés de cygnes, de  canards et de tadornes.

33. Le vent apportait de partout le parfum des guirlandes

de fleurs aquatiques et terrestres, et circulait parmi les Pāṇḍava.

34. Telle était la grand-salle que fit, en quatorze mois,

Maya pour le roi du Dharma, et une fois qu’il l’eut achevée, il en informa le roi.

 

 

2. 4. Inauguration par Yudhiṣṭhira. Le fête dure sept jours. Description de la nombreuse assistance. Yudhiṣṭhira retourne dans son palais. (=   34 ślokas)

 

Livre II, chapitre 4

1. Vaiśampāyana dit :

« Alors, le roi Yudhiṣṭhira y fit son entrée,

et le souverain offrit de la nourriture à une myriade de brahmanes,

2. du riz cuit dans du lait et du beurre fondu, des sucreries, des mets faits de racines et de fruits,

avec des vêtements neufs et des guirlandes de toutes sortes.

3. Le seigneur leur donna des milliers de vaches à chacun,

et le bruit de ce jour consacré semblait atteindre le ciel, ô Bhārata.

4. Avec divers instruments de musique, des chants et aussi des parfums de toutes sortes

le meilleur des Kuru rendit hommage aux divinités et s’installa.

5. Là des athlètes, des danseurs, des lutteurs, des bardes royaux ainsi que des poètes de cour

entourèrent Yudhiṣṭhira au grand cœur pendant sept nuits.

6. Après avoir ainsi célébré cette cérémonie en compagnie de ses frères, le Pāṇḍava

se plut dans cette plaisante grand-salle, comme Śakra dans le ciel.

7. Dans cette grand-salle des sages s’assirent en compagnie des Pāṇḍava,

et vinrent siéger aussi des rois venus de tous les endroits :

8. Asita, Devala, Satya, Sarpamālin, Mahāśiras,

Arvāvasu, Sumitra, Maitreya, Śunaka, Bali,

9. Baka, Dālbhya, Sthūlaśiras, le Noir Îlien, Śuka,

Sumantu, Jaimini, Paila, nous, les disciples de Vyāsa.

10. Et il y avait Tittiri, Yājñavalkya, et Lomaharṣaṇa avec son fils,

Apsuhomya, Dhaumya, Māṇḍavya-l’empalé [6] avec Kauśika,

11. Dāmoṣṇīṣa, Traivaṇi, Parṇāda, Ghaṭajānuka,

Mauñjāyana, Vāyubhakṣa, Pārāśarya et les deux Sārika,

12. Balavāka, Śinīvāka, Sutyapāla, Kṛtaśrama,

Jātūkarṇa, Śikhāvat, Subala, Pārijātaka,

13. le bienheureux Parvata et l’anachorète Mārkaṇḍeya,

Pavitrapāṇi, Sāvarṇi, Bhāluki, ainsi que Gālava,

14. Jaṅghābandhu, Raibhya, Kopavegaśravas, Bhṛgu,

Haribabhru, Kaúṇḍinya, Babhrumālin, Sanātana,

15. Kakṣīvat, et Auśija, Naciketa, Gautama,

Paiṅga, Varāha, Śunaka, le grand ascète Śāṇḍilya,

Karkara, Veṇujaṅgha, Kalāpa et Kaṭha.

16. Ceux-là et beaucoup d’autres étaient des anachorètes qui étaient dans le Dharma,

à l’esprit ferme, maîtres de leurs sens, connaissant à fond le Veda et les annexes du Veda.

17. Dans la grand-salle, auprès du roi au grand cœur, siégeaient des sages éminents,

conteurs de saintes gestes, connaisseurs du Dharma, purs et immaculés.

18. De même les meilleurs des nobles guerriers siégeaient autour du roi du Dharma :

le sage et prospère Muñjaketu au grand cœur, au cœur loyal,

19. Saṃgrāmajit, Durmukha, le puissant Ugrasena,

Kakṣasena, Kṣitipati, l’invincible Kṣemaka,

le roi Kāmboja, Kamala, et le puissant Kampana,

20. qui à lui seul faisait toujours trembler les Grecs,

comme le Dieu Porteur-du-foudre les Asuras Kālakeyas,

21.      Jaṭāsura, le roi bien-aimé des Madras,

Kuntī et Kuṇinda, le roi des gens de l’Himālaya,

Aṅga et Vaṅga en compagnie de Puṇḍraka,

Pāṇḍya et Uḍra en compagnie de Cāndhraka,

22. Sumanas, le roi des gens de l’Himālaya ainsi que le maître des Grecs,

Cāṇūra et Devarāta, Bhoja, Bhīmaratha, Caya,

23. et Śrutāyudha de Kaliṅga, et Jayatsena de Magadha,

Suśarman et Cekitāna, Surata tourmenteur de ses ennemis,

24. Ketumat et Vasudāna, ainsi que Kṛtakṣaṇa du Videha,

et Sudharmā, et Aniruddha, et le puissant Śrutāyu,

25. le hautain Anūparāja, et Kṣemajit, généreux en aumônes,

Śiśupāla avec ses fils, de même que le souverain des Karūṣās,

26. et les hautains princes de Vṛṣṇi semblables aux Dieux,

Āhuka, et Vipṛthu, Gada et Sāraṇa,

27. Akrūra, Kṛtavarmā, Sātyaki le fils de Śini,

Bhīṣmaka et Āhṛti, et le puissant Dyumatsena,

les maîtres archers Kekayās, et Yajñasena le fils de Somaka,

28. et aussi les puissants fils de rois qui avaient rejoint Arjuna

et apprenaient la science de l’archerie quand on est vêtu de peaux d’antilope noire.

29. Et il y avait là aussi les fils de Vṛṣṇi, ô roi, les princes qui avaient reçu l’enseignement :

le descendant de Rukmiṇī, Sāmba, Yuyudhāna le fils de Satyaka.

30. Et il y avait là bien d’autres rois, ô Seigneur dela Terre :

Tumburu, l’ami de Dhanaṃjaya, siégeait là perpétuellement,

31. Citrasena avec ses compagnons, les Gandharvas et les Apsaras,

experts en chants et en musique, habiles en cymbales et en percussions,

32. les Kinnarās qui recherchent la perfection dans la conservation de la mesure et du tempo ;

sous la conduite de Tumburu, les Gandharvas chantèrent tous ensemble.

33. Ces sages chantèrent sur des tons divins selon les règles,

assis auprès des fils de Pāṇḍu et les sages, et les charmant.

34. Assis dans cette grand-salle, vertueux, en accord avec la vérité,

ils étaient assis auprès de Yudhiṣṭhira, comme dans le ciel les Dieux auprès de Brahmā.

 

 

2. 5. Nārada, entouré de disciples, vient rendre visite à Yudhiṣṭhira dans le Palais de l'Assemblée. Nārada instruit Yudhiṣṭhira sur l’ensemble des devoirs du roi. (=  116 ślokas)

 

Livre II, chapitre 5

1. Vaiśampāyana dit :

« Ainsi, quand les Pāṇḍava au grand cœur se furent assis là,

et que les grands Gandharvas se furent assis, ô Bhārata,

2. arriva dans cette grand-salle, après avoir parcouru tous les mondes, le sage

Nārada au très grand éclat, accompagné de sages.

3. Avec Pārijāta, ô roi des rois, et le sage Raivata,

et l’avenant Saumya, le sage divin à la splendeur sans bornes,

rapide comme la pensée, était ravi de voir les Pāṇḍava débout dans la grand-salle.

4. En voyant arriver le sage Nārada, le premier des Pāṇḍava,

qui connaissait tout le Dharma, se leva immédiatement avec ses jeunes frères

et le salua avec joie, en s’inclinant poliment.

5. Il lui offrit alors un siège digne de lui, conformément aux règles,

et le connaisseur du Dharma l’honora avec des joyaux et tout ce qu’il pouvait désirer.

6. Quand le grand sage qui connaissait le Veda à fond eut été honoré par tous les Pāṇḍava,

il posa à Yudhiṣṭhira cette question concernant le Dharma, le Plaisir et le Profit :

7. Nārada dit :

« Est-ce que tes profits sont convenables ? Et est-ce que ton esprit est charmé par le Dharma ?

Est-ce que tu éprouves des plaisirs sans que ton esprit soit tenu en échec ?

8. Est-ce que tu continues la conduite infaillible qu’adoptaient jadis

tes ancêtres, ô dieu parmi les hommes, qui s’accompagnait de Dharma et de Profit pour leurs hommes ?

9. Tu ne nuis pas au Dharma à cause du Profit, ou bien aussi au Profit à cause du Dharma,

ou aux deux par un Plaisir constitué essentiellement d’affection ?

10. Est-ce que toujours, ô le meilleur des vainqueurs, tu pratiques en les répartissant dans le temps,

et en connaissant le temps, le Profit, le Dharma et le Plaisir, ô dispensateur ?

11. Est-ce que tu examines à l’aide des six vertus royales les sept moyens, ô irréprochable,

en même temps que la force et l’absence de force, qui est le quatorzième point ?

12. Est-ce que tu t’examines toi-même ainsi que tes ennemis, ô le meilleur des vainqueurs,

avant de conclure une paix, en pratiquant les huit actions, ô Bhārata ?

13. Est-ce que tes six dignitaires, sans être volés, ô taureau des Bhārata,

sont riches, et de même, sans être dissolus, te sont totalement dévoués ?

14. Est-ce que, par des spéculations ou des messagers, ils ne sont pas aussi insoupçonnables ?

Est-ce que, par toi ou par tes conseillers, ton projet n’est jamais violé ?

15. Est-ce que tu pratiques la négociation et le conflit au bon moment ?

Est-ce que tu suis ta conduite dans la neutralité et la mesure ?

16. Est-ce que tes conseillers sont pareils à toi, capables de vivre purs dans leurs pensées,

de noble origine, dévoués et accomplis, ô héros ?

17. Car la victoire des rois prend ses racines dans leurs conseils, ô Bhārata,

cela est tenu secret par les ministres qui donnent les conseils et sont compétents dans les connaissances.

18. Tu n’es pas sous l’emprise du sommeil ? Est-ce que tu t’éveilles au bon moment ?

Et est-ce que dans le reste des nuits tu songes au Profit, toi qui connais le Profit ?

19. Est-ce que tu tiens conseil sans rester isolé ? Est-ce que c’est en compagnie de plusieurs ?

Est-ce que la résolution que tu as prise ne parcourt pas ton royaume ?

20. Est-ce que, quand tu as décidé de profits qui ont de petites racines et produisent beaucoup,

tu entreprends vite de les mettre en œuvre sans faire obstacle à de tels projets ?

21. Est-ce que tout ce que tu fais est hors de portée de la vue et n’est pas soupçonné,

ou au contraire tu laisses tout s’échapper, étant donné que c’est là une raison de s’unir ?

22. Est-ce que, ô roi, les choses faites ou qui au contraire allaient être faites,

sont connues des gens, ô héros, mais aucune de celles qui n’ont pas abouti ?

23. Est-ce que tous les enseignants, experts dans toutes les connaissances,

les mettent totalement en œuvre auprès des jeunes princes et des chefs de guerre ?

24. Est-ce que tu achètes un seul sage au prix de milliers de fous ?

Car un sage apporterait le salut suprême si le Profit était en danger.

25. Est-ce que toutes tes forteresses regorgent de richesses, de riz,

d’armes et d’eau, ainsi que de machines, d’ouvriers et d’archers ?

26. De plus un seul conseiller avisé, brave, maître de ses passions, clairvoyant

amènerait au roi ou au fils de roi une grande prospérité.

27. Est-ce que, sur dix-huit compagnons, tu connais les quinze conseillers qui sont de ton côté

à l’aide de groupes de trois compagnons difficilement repérables ?

28. Est-ce que, sans être vu de tes ennemis et en te prémunissant toujours contre eux,

en restant perpétuellement concentré, tu observes tous tes ennemis, ô destructeur de tes ennemis ?

29. Est-ce que ton chapelain, ce fils de bonne famille très célèbre

aux bonnes manières, enquête sur tout sans envie et est honoré ?

30. Est-ce qu’il est assigné à tes feux, connaissant les règles, avisé, probe,

et est-ce qu’il indique au bon moment les offrandes  qui seront sacrifiées ?

31. Est-ce qu’il est instruit dans les annexes du Veda, est-ce qu’il enseigne les astres,

est-ce qu’il est un astrologue habile dans tous les présages te concernant ?

32. Est-ce que tu emploies des serviteurs de premier rang pour les tâches de premier rang,

des moyens pour les moyennes, et des inférieurs pour les inférieures ?

33. Les conseillers qui sont au-dessus de la tromperie, qui viennent des pères et des grands-pères, qui sont vertueux,

qui sont les meilleurs, est-ce que tu les charges des tâches les meilleures ?

34. Est-ce que tes ministres, ô taureau des Bhārata, gèrent ton royaume

sans terrifier tes sujets par des punitions très dures ?

35. On ne te méprise pas comme les sacrificateurs celui qui est déchu,

comme les femmes un mari violent et libidineux ?

36. Est-ce que le général de tes armées est audacieux, et brave, et avisé, résolu,

vertueux, de noble origine et dévoué, et compétent ?

37. Est-ce que tous les officiers de ton armée sont experts dans l'art de la guerre ?

Est-ce qu’on les a vus accomplir des exploits, et les honores-tu respectueusement ?

38. Est-ce que tu donnes à ton armée la nourriture et la solde régulièrement,

quand le moment est venu de les donner, et sans traîner ?

39. De plus, un retard dans la nourriture et la solde fait que ceux qui les reçoivent

sont en colère contre leurs chefs : la tradition dit que par détresse un très grand malheur arrive.

40. Est-ce que les fils de bonne famille te sont tous dévoués pour la plupart ?

Est-ce que pour toi ils sacrifient toujours leur vie au combat ?

41. Est-ce qu’il y a plusieurs officiers qui gèrent de nombreuses affaires concernant l’armée

selon leur bon plaisir, dont l'esprit est envahi par le désir et qui outrepassent les ordres ?

42. Est-ce qu’un homme, qui par son héroïsme illustre ses actions,

reçoit une marque d’honneur supplémentaire ou bien davantage de nourriture et de solde ?

43. Est-ce que les hommes versés dans les savoirs et experts dans les connaissances,

tu les récompenses par un don selon leur mérite et en fonction de leurs qualités ?

44. Est-ce que tu soutiens les femmes des hommes qui ont trouvé la mort pour toi

ou ont connu un malheur, ô taureau des Bhārata ?

45. Est-ce que tu protèges comme un fils, ô fils de Pṛthā, l’ennemi envahi par la peur,

ou qui se présente comme un eunuque, ou qui est vaincu au combat ?

46. Est-ce que dans toute la Terre, ô roi de la Terre,

tu es équitable sans être soupçonneux, comme une mère, comme un père ?

47. Est-ce que, quand tu apprends que ton ennemi est malchanceux, ô taureau des Bhārata,

tu marches sur lui en hâte, après avoir examiné ta triple armée,

48. sachant que la détermination et la désertion ont leurs racines dans l’arrière-garde,

et en donnant d'avance sa solde à l’armée, ô Mahārāja ?

49. Et est-ce que tu offres aux chefs des armées les joyaux dissimulés

dans le royaume ennemi, selon leurs mérites ?

50. Est-ce que, après t’être d’abord vaincu en homme qui domine complètement ses sens,

tu désires vaincre tes ennemis, ô fils de Pṛthā, qui sont dissolus et incapables de dominer leurs sens ?

51. Est-ce que, quand tu es sur le point de marcher sur les ennemis, viennent d’abord, en les exécutant bien,

les procédés qui conviennent : la négociation, la corruption, la zizanie, la punition ?

52. Est-ce que, après avoir raffermi ta base, tu te mets en marche, ô  Seigneur des peuples,

et est-ce que tu attaques pour vaincre, et est-ce que tu protèges ceux que tu as vaincus ?

53. Est-ce que ton armée est faite de huit subdivisions et avec chaque fois quatre types de troupes,

bien menée par tes officiers et repoussant les ennemis ?

54. Est-ce que tu arrêtes les ennemis dans la bataille, ô Mahārāja,

sans détruire les récoltes et les semailles dans le royaume des ennemis, ô tourmenteur de tes ennemis ?

55. Est-ce que tes nombreux agents dans ton royaume et dans les royaumes ennemis

veillent sur les affaires et se protègent mutuellement ?

56. Est-ce que tes nourritures, tes onguents pour le corps,

tes parfums, ô Mahārāja, sont gardés par des gens que tu as approuvés ?

57. Est-ce que tes trésors, tes magasins, tes montures, tes portes, tes armes,

tes revenus sont gérés par des hommes dévoués et à la noblesse éprouvée ?

58. Est-ce que tu te protèges toi-même d’abord, ô  Seigneur des peuples,

des gens de l’extérieur et de l’intérieur, et ensuite les protèges-tu de tes hommes et réciproquement ?

59. Est-ce que, le matin, ils ne te confirment pas les dépenses occasionnées par tes vices :

la boisson, le jeu de dés, les amusements, les filles de joie ?

60. Et est-ce que tes dépenses sont apurées par la moitié de tes revenus,

ou bien par le quart, ou encore par les trois quarts ?

61. Est-ce que tes parents, tes aînés, les gens âgés, les marchands, les ouvriers, les auxiliaires,

tu les favorises constamment avec de l’argent et du riz, quand ils sont dans une mauvaise passe ?

62. Est-ce que tous les scribes et les comptables assignés à tes recettes et dépenses

gèrent tous les matins tes recettes et dépenses ?

63. Tu n’éloignes pas des affaires des hommes expérimentés, qui veulent ton bien,

aimants, et qui dans leurs actions n’ont pas commis de fautes auparavant ?

64. Est-ce que, quand tu sais quels sont les hommes excellents, très mauvais et moyens,

tu les charges des tâches qui leur correspondent, ô Bhārata ?

65. Les hommes cupides, ou les voleurs, ou ceux qui te sont hostiles,

ou ceux dont ce n’est pas la profession, tu ne leur confies pas tes affaires ?

66. Tu ne tourmentes pas ton royaume avec des hommes cupides, ou des voleurs,

de jeunes princes, ou la troupe des femmes ? Est-ce que les paysans sont prospères ?

67. Est-ce que dans ton royaume les réservoirs sont pleins et grands,

et correctement répartis, afin que les labours ne soient pas seulement arrosés par Indra ?

68. Est-ce que, quand les semences et la nourriture en viennent à ce qu’on arrache les arbres,

tu aides à rembourser la dette avec un intérêt de cent pratikas ?

69. Est-ce que le commerce, mon cher, est bien pratiqué par des hommes de bien ?

C’est du commerce, mon cher, que ce monde dépend pour prospérer tranquillement.

70. Est-ce que cinq hommes purifiés et sages s’occupent convenablement de leurs cinq tâches

et assurent, en coopérant, la sécurité de tes sujets, ô roi ?

71. Est-ce que, pour la protection d’une ville, les villages sont considérés comme des villes,

et est-ce que toutes les gardes qui sont confiées sont des protections faites sur le modèle d’un village ?

72. Est-ce que les voleurs de longue date circulent avec leurs superintendants sur ton territoire

poursuivis par ton armée dans les plaines et les terrains accidentés ?

73. Est-ce que tu réconfortes les femmes ? Est-ce que tu les protèges bien ?

Est-ce que tu le fais sans te fier à elles, ni leur dire de secrets ?

74. Est-ce que, la nuit, après avoir écouté tes espions et avoir réfléchi à ce qu’il faut faire,

tu dors en éprouvant du plaisir, connaissant les gens qui sont à l’intérieur ?

75. Est-ce que, après avoir dormi pendant les deux premiers tiers de la nuit, ô Seigneur des peuples,

tu te lèves et tu songes pendant le dernier tiers au Dharma et au Profit ?

76. Est-ce que tu fais toujours voir tes hommes entièrement parés,

après t’être levé au bon moment, connaissant le bon moment, ô Pāṇḍava, en compagnie de tes conseillers ?

77. Est-ce que, portant des vêtements rouges, l’épée à la main, arborant leurs décorations,

ils se tiennent autour de toi pour te protéger, ô dompteur de tes ennemis ?

78. Est-ce que, comme Yama, pour ceux qui doivent être punis et ceux qui doivent être honorés, ô Seigneur des peuples,

tu procèdes en les examinant avec précision, qu’ils te soient chers ou pas ?

79. Est-ce que tu éloignes toujours la douleur corporelle avec des herbes médicinales

ou de la diète, et la douleur mentale par la fréquentation assidue des aînés, ô fils de Pṛthā ?

80. Est-ce que les médecins sont experts dans les huit disciplines de la médecine,

amicaux, dévoués et toujours salutaires pour ton corps ?

81. Par orgueil, ou par égarement, ou encore par plaisir, ô Seigneur des peuples,

tu ne rejettes jamais ceux qui se sont présentés en s’opposant à un requéreur ?

82. Par convoitise, ou par égarement, tu ne bloques pas leurs moyens de subsistance

à des gens qui viennent se réfugier auprès de toi en toute confiance et affection ?

83. Les gens de la ville tous ensemble et ceux qui vivent dans ton royaume

ne s’opposent jamais à toi simultanément, après avoir été achetés par les ennemis ?

84. Est-ce qu’un ennemi faible tu l’écrases par la force,

et un fort par le conseil, ou bien par les deux, ô Yudhiṣṭhira ?

85. Est-ce que tous les rois, qui pour la plupart te sont dévoués,

est-ce qu’ils sacrifient leur vie pour toi, si tu les emmènes avec toi ?

86. Est-ce que, en fonction de leurs qualités dans toutes les sciences, tu adores convenablement

les brahmanes et les saints hommes, pour ton propre salut ?

87. Est-ce que c’est dans le Dharma, qui s’enracine dans les trois Veda et que pratiquaient les hommes d’antan,

que tu puises ta conduite pour agir et que tu conduis tes actions ?

88. Est-ce que dans ta maison les deux-fois-nés vertueux et pleins de vertus

mangent des mets savoureux devant tes yeux, avec distribution d’aumônes ?

89. Est-ce que tu t’efforces d’accomplir totalement, toujours, par toi-même,

en te concentrant, les sacrifices de Vājapeya et de Puṇḍarīka ?

90. Est-ce que devant les parents, les gourous, les anciens, les divinités, les ascètes,

les pierres sacrées, les nobles arbres sacrés et les brahmanes, tu baisses la tête pour les saluer ?

91. Est-ce que tu as cette pensée et cette conduite, ô irréprochable,

qui donnent une longue vie et qui donnent la gloire, et la vision du Dharma, du Plaisir et du Profit ?

92. Celui qui se conduit selon cette pensée, son royaume ne succombe pas,

et après avoir conquis la Terre, ce roi jouit d’un bonheur éternel.

93. Aucun homme bien né, à l’âme très pure, faussement accusé de vols,

n’est exécuté par cupidité par des gens qui n’ont jamais regardé un livre de préceptes convenablement, alors qu’il est sans tache ?

94. Un voleur, interrogé, arrêté, convaincu d’avoir agi par des témoins qui l’ont vu agir,

avec preuves à l’appui, n’est pas libéré en échange d’un pot-de-vin, ô taureau parmi les hommes ?

95. Quand survient une affaire entre un riche et un pauvre, ô Bhārata,

tes ministres ne considèrent pas faussement les affaires, après avoir été séduits par de l’argent ?

96. L’impiété, le mensonge, la colère, la négligence, la procrastination,

l’inconsidération de ceux qui savent, la mollesse, l’esprit oublieux,

97. la pensée unique, la réflexion sur des affaires avec des gens qui les ignorent,

l’impossibilité de démarrer les décisions prises, l’impossibilité de maintenir ses décisions,

98. l’inutilisation des prières de bon augure, l’attachement aux sens,

est-ce que toi tu t’abstiens de ces quatorze fautes chez les rois ?

99. Est-ce que les Veda sont fructueux ? Est-ce que la richesse est fructueuse ?

Est-ce que ta femme est fructueuse ? Est-ce que tes études sont fructueuses ? ».

100. Yudhiṣṭhira lui dit :

« Comment les Veda sont-ils fructueux ? Comment la richesse est-elle fructueuse ?

Comment ma femme est-elle fructueuse ? Comment les études sont-elle fructueuses ? ».

101. Nārada dit :

« Les Veda sont fructueux dans l’oblation à Agni, la richesse est fructueuse dans le don de nourriture,

les femmes sont fructueuses dans le plaisir sexuel et les fils, les études sont fructueuses dans les mœurs et la bonne conduite. ».

102. Vaiśampāyana dit :

« Après avoir dit cela, Nārada, l’anachorète à la très grande ascèse,

immédiatement après demanda ceci à Yudhiṣṭhira au cœur loyal :

103. Nārada, dit :

« Est-ce que les marchands qui viennent de loin pour faire du bénéfice

se font prélever les droits de douane convenus par ceux qui vivent des droits de douane ?

104. Est-ce que les hommes qui sont dans ta cité et ton royaume sont respectés

quand ils apportent des marchandises, sans être trompés par des fraudes ?

105. Est-ce que tu écoutes les paroles des anciens faites de Dharma et de Profit

qui connaissent toujours le Profit, mon cher, et gardent le Dharma à l’esprit ?

106. Est-ce que tu donnes du beurre clarifié et du miel aux deux-fois-nés au profit du Dharma

concernant la continuité des travaux des champs, le bétail, les fleurs et les fruits ?

107. Est-ce que tu fournis toujours à tous les artisans

comme il convient les instruments et les produits pour au maximum quatre mois ?

108. Est-ce que tu reconnais ce qui a été fait et est-ce que tu loues celui qui l’a fait

au milieu des justes, ô Mahārāja, et est-ce que tu l’accueilles avec respect en lui rendant hommage ?

109. Est-ce que tu comprends tous les traités, ô taureau des Bhārata,

les traités sur les éléphants, les traités sur les chevaux et les traités sur les chars, ô puissant ?

110. Est-ce que tu étudies constamment chez toi, ô taureau des Bhārata,

le traité sur l’archerie et le traité sur les machines concernant la ville ?

111. Est-ce que, ô irréprochable, toutes les armes et le Sceptre de Brahmā,

et toutes les recettes de poisons qui détruisent les ennemis te sont connus ?

112. Est-ce que tu protèges ton royaume du danger du feu,

du danger des serpents et des bêtes féroces, ainsi que du danger des maladies et des Rākṣasas ?

113. Est-ce que les aveugles, les muets, les boiteux, les estropiés, les orphelins,

à l’instar d’un père tu les protèges, connaissant le Dharma, de même aussi que les ascètes errants ? ».

114. Vaiśampāyana dit :

« Le taureau des fils de Kuru au grand cœur,

après avoir écouté ces paroles du plus éminents des brahmanes,

s’inclina respectueusement, salua ses pieds avec joie,

et le roi dit à Nārada, semblable à un Dieu :

115.    « Je ferai comme tu me l’as dit.

Car ma sagesse a encore grandi. »

Et après avoir ainsi parlé, le roi fit de même :

il prit la Terre ceinturée par l’Océan.

116. Nārada dit :

« Le roi qui se comporte de cette façon, dans la défense des quatre classes,

vit agréablement ici-bas, il est très heureux, et il parvient à résider au paradis de Śakra. ».

 

 

2. 6. Yudhiṣṭhira l’assure qu’il fait de son mieux selon ses forces. Puis, il lui demande s’il a jamais vu un Palais de l'Assemblée aussi beau. Nārada n’en a jamais vu chez les hommes, mais chez les dieux. Yudhiṣṭhira lui demande de les décrire. (=   18 ślokas)

 

Livre II, chapitre 6

1. Vaiśampāyana dit :

« Yudhiṣṭhira, le roi du Dharma, lui rendit hommage et, avec son autorisation,

quand le grand sage eut fini de parler, il lui répondit dans l’ordre :

2. « Ô bienheureux, ce que tu dis là est approprié, c’est une opinion tout à fait conforme au Dharma,

et j’exécute cette exhortation autant que faire se peut et selon la règle.

3. Ce qui était fait jadis par les rois, la manière dont ils le faisaient, il n’y a pas de doute,

était fait pour guider comme il faut, de manière raisonnable et avec profit.

4. Nous, nous voulons suivre leur voie juste, ô Seigneur,

mais il ne nous est pas possible de cheminer comme ces gens qui étaient maîtres d’eux-mêmes. ».

5. Le roi au grand cœur, après avoir ainsi dit cette parole et lui avoir rendu hommage,

vit après un moment que le temps était venu et que l’anachorète qui parcourait le monde,

6. Nārada, était assis à l’aise ; assis à côté de lui, Yudhiṣṭhira,

le subtil Pāṇḍava, l’interrogea alors au milieu des rois :

7. « Seigneur, tu parcours toujours les nombreux mondes de toutes sortes

que Brahmā créa jadis, tu les observes, rapide comme la pensée.

8. Est-ce que tu as déjà vu quelque part, Seigneur, une grand-salle comme celle-ci

ici-bas, ou plus belle, ô brahmane ? Réponds à ma question. ».

9. Nārada, en entendant ce que lui disait le roi du Dharma,

répondit ceci au Pāṇḍava, en souriant, d’une voix douce :

10. « Chez les hommes, mon cher, je n’ai pas vu auparavant, ni entendu parlé

d’une grand-salle comme la tienne, ô roi, faite de pierres précieuses, ô Bhārata.

11. Mais je te parlerai de la grand-salle du roi des Ancêtres et du sage Varuṇa,

et de même de celle d’Indra et de celle de celui qui séjourne sur le Kailāsa [7].

12. Et je te parlerai de la divine grand-salle de Brahmā qui chasse la fatigue,

si tu as dans l’esprit de m’écouter, ô taureau des Bhārata. ».

13. A ces mots de Nārada, Yudhiṣṭhira, le roi du Dharma,

porta ses mains jointes à son front en compagnie de ses frères et entouré de tous les rois.

14. Et le roi du Dharma au grand cœur répondit ceci à Nārada :

« Parle-nous de toutes ces grand-salles, nous désirons l’entendre.

15. De quelles matières sont ces grand-salles, ô brahmane ? De quelle largeur ? De quelle longueur ?

Et qui entoure l’Aïeul dans cette grand-salle ?

16. Et le chef des Vāsavas, le roi des Dieux, et Yama, le fils de Vivasvān,

et Varuṇa et Kubera, qui les entoure dans leur grand-salle ?

17. Tout cela nous désirons tous ensemble te l’entendre dire,

ô divin sage, comme cela est en réalité, car notre curiosité est extrême.

18. A ces mots du Pāṇḍava Nārada lui répondit :

« Écoute ce que je vais te dire là, successivement, de ces divines grand-salles, ô roi. ».

 

 

2. 7. Le Palais de l'Assemblée d’Indra : description, par qui elle est fréquentée. (=   26 ślokas)

 

Livre II, chapitre 7

1. Nārada dit :

« La divine et resplendissante grand-salle de Śakra, conquise par ses exploits,

fut fabriquée par Śakra lui-même, ô fils de Kuru, avec une splendeur semblable à celle du Soleil.

2. Elle est large de cent lieues, longue de cent cinquante lieues,

elle se meut dans les airs et se déplace à volonté, et elle est haute de cinq lieues.

3. Elle fait disparaître la vieillesse, le chagrin et la fatigue, elle délivre de la peine, elle est bienfaisante, rayonnante,

pleine de logements et de sièges, charmante, ornée d’arbres divins.

4. Dans cette grand-salle, ô fils de Pṛthā, le Seigneur des Dieux, sur son trône sublime,

siège avec Śacī, la grande Puissance d’Indra, et avec Śrī Lakṣmī, ô Bhārata.

5. Il porte une forme incomparable, un diadème, un bracelet de cuivre au bras,

un vêtement immaculé, des guirlandes multicolores, et il est en compagnie de Modestie, Gloire et Splendeur.

6. Là siègent perpétuellement aux côté du Dieu au grand cœur et aux cent sacrifices

tous les Marutas, ô roi, et tous les chefs de famille,

et les Accomplis, les sages divins, les Sādhyas et les troupes des Dieux.

7. Ils sont tous là avec leurs suites, sous leurs formes divines,  avec leurs ornements,

siégeant à côté du roi des Dieux au grand cœur, le dompteur de ses ennemis.

8. De même tous les sages divins, ô fils de Pṛthā, siègent auprès de Śakra,

immaculés, débarrassés du mal, flamboyants comme Agni,

éclatants, munis de Soma, sans défauts, sans fatigue :

9. Parāśara, Parvata, de même que Sāvarṇi et Gālava,

Śaṅkha, Likhita, de même aussi que l’anachorète Gauraśiras,

10. Durvāsā, Dīrghatapas, Yājñavalkya, et Bhāluki,

Uddālaka, Śvetaketu, ainsi que le seigneur Śāṭyāyana,

11. Haviṣmat, Gaviṣṭha, le roi Hariścandra,

Hṛdya, Udaraśāṇḍilya, Pārāśarya, Kṛṣīvala,

12. Vātaskandha, Viśākha, Vidhātā, Kāla,

Anantadanta, Tvaṣṭā, Viśvakarmā, Tumburu,

13. Nés hors d’une matrice ou dans une matrice, se nourrissant de vent, se nourrissant d’oblations,

ils siègent autour du Seigneur de tous les mondes qui brandit le foudre :

14. Sahadeva, Sunītha, et Vālmīki le grand ascète,

Samīka, Satyavat, Pracetas en accord avec la Vérité,

15. Medhātithi, Vāmadeva, Pulastya, Pulaha, Kratu,

Marutta, Marīci, Sthāṇu, et Atri le grand ascète,

16. Kakṣīvat, Gautama, Tārkṣya, ainsi que l’anachorète Vaiśvānara,

l’anachorète Kālakavṛkṣīya, āśrāvya, Hiraṇyada,

Saṃvarta, Devahavya, et le puissant Viṣvaksena,

17. les eaux divines, ainsi que les herbes, la Dévotion, la Sagesse, Sarasvatī,

le Profit, le Dharma, le Désir, et aussi les Éclairs, ô Pāṇḍava,

18. ainsi que les nuages porteurs de pluie, les vents, les tonnerres,

l’Orient, et, porteurs des oblations, les vingt-sept feux,

19. Agni-Soma, de même qu’Indra-Agni, Mitra, Savitā et Aryamā,

Bhaga, et tous les Sādhyas, et Śukra, et Manthin, ô Bhārata,

20. les sacrifices, les aumônes, de même que les planètes, et toutes les syllabes,

et les mantras qui portent les sacrifices, tous sont assis là ensemble.

21. De même aussi les Apasras, ô roi, et les charmants Gandharvas,

avec des danses, de la musique et des chants, et des amusements de toutes sortes aussi,

charment, ô roi, le roi des Dieux aux cent sacrifices,

22. célébrant avec des louanges et des bénédictions, ainsi qu’avec des cérémonies,

et avec des actes de bravoure le tueur de Bala et de Vṛtra.

23. Tous les brahmanes et les sages de sang royal, ainsi que tous les sages divins

sont sur des chars aériens de toutes sortes, resplendissants comme des feux,

24. et, parés de guirlandes, les uns partent, les autres arrivent,

et Bṛhaspati et Śukra vont là ensemble.

25. Il y a ceux-là et de nombreux autres, maîtres d’eux-mêmes, fermes dans leurs vœux,

dans leurs chars pareils à la Lune, semblables à Soma, plaisants à regarder,

et, à la demande de Brahmā, ô roi, Bhṛgu ainsi que les Sept Sages.

26. Cette grand-salle du Dieu aux cent sacrifices, je l’ai vue, ô roi,

avec ses guirlandes de lotus bleus. Écoute-moi, ô Mahārāja irréprochable, à propos de celle de Yama. ».

 

 

2. 8. Le Palais de l'Assemblée de Yama : description, par qui elle est fréquentée. (=   38 ślokas)

 

Livre II, chapitre 8

1. Nārada dit :

« Je vais décrire la divine grand-salle, écoute bien Yudhiṣṭhira,

que le Démiurge universel fabriqua pour Vaivasvata. 

2. Cette grand-salle rayonnante, ô roi, est de cent lieues

de largeur et de longueur, et davantage même, ô Pāṇḍava.

3. Elle est brillante comme le Soleil, rayonnante, capable de se déplacer à volonté en tous sens,

ni trop fraîche, ni trop chaude, réjouissant l’esprit.

4. Là, pas de chagrin, pas de vieillesse, pas de faim et de soif, pas de malheur,

et pas de tristesse, ni non plus de fatigue, ni même de désagrément.

5. Tous les plaisirs demeurent là, qu’ils soient divins ou humains,

la nourriture et les mets sont succulents et abondants, ô dompteur de tes ennemis.

6. Il y a là des guirlandes de fleurs aux purs parfums, les arbres portent perpétuellement des fleurs et des fruits,

et les eaux sont succulentes, fraîches aussi bien que chaudes.

7. Là les saints sages de sang royal ainsi que les sages brahmanes immaculés

sont assis, mon cher, ravis, autour de Yama Vaivasvata :

8. Yayāti, Nahuṣa, Pūru, Māndhātā, Somaka, Nṛga,

et Trasadasyu, Turaya, Kṛtavīrya, śrutaśravās,

9. Aripraṇut, Susiṃha, Kṛtavega, Kṛti, Nimi,

Pratardana, śibi, Matsya, Pṛthvakṣa, Bṛhadratha,

10. Aiḍa, Marutta, Kuśika, Sāṃkāśya, Sāṃkṛti, Bhava,

Caturaśva, Sadaśvormi, et le roi Kārtavīrya,

11. Bharata, Suratha, Sunītha, Nala de Niṣadha,

Divodāsa, Sumanas, Ambarīṣa, Bhagīratha,

12. Vyaśva, Sadaśva, Vadhryaśva, Pañcahasta, Pṛthuśravās,

Ruṣadgu, Vṛṣasena, le très puissant Kṣupa,

13. Ruṣadaśva, Vasumanā, Purukutsa avec son étendard et son char,

Ārṣṭiṣeṇa, Dilīpa, et aussi Uśīnara au grand cœur,

14. Auśīnara, Puṇḍarīka, Śaryāti, Śarabha, Śuci,

Aṅga, Ariṣṭa, Vena, Duḥṣanta, Saṃjaya, Jaya,

15. Bhāṅgāsvari, Sunītha, Niṣadha, Tviṣīratha,

Karaṃdhama, Bāhlika, Sudyumna, le puissant Madhu,

16. Kapotaroman, Tṛṇaka, ainsi que Sahadeva et Arjuna,

et aussi Rāma, le fils de Daśaratha, et Lakṣmaṇa, Pratardana,

17. Alarka, Kakṣasena, Gaya, Gaurāśva,

Jāmadagnya et Rāma étaient là, ainsi que Nābhāga et Sagara,

18. Bhūridyumna, Mahāśva, Pṛthvaśva, ainsi que Janaka,

Vāriṣeṇa, le roi descendant de Vena, Janamejaya, le fils de Puru,

19. Brahmadatta, Trigarta, ainsi que le roi  Uparicara,

Indradyumna, Bhīmajānu, Gaya, Pṛṣṭha, l’irréprochable Naya,

20. Padma, Mucukunda, Bhūridyumna, Prasenajit

Ariṣṭanemi, Pradyumna, Pṛthagaśva, Ajaka,

21. Les cent rois des Matsyās, les cent Nīpās, les cent Hayās,

les cent un Dhṛtarāṣṭra, les quatre-vingts Janamejaya,

22. les cent Brahmadatta, les cent héros de īrin,

et aussi le sage de sang royal Śaṃtanu et ton père Pāṇḍu,

23. Uśadgava, Śataratha, Devarāja, Jayadratha,

Vṛṣādarbhi, le sage de sang royal, Dhāmnā avec ses ministres,

24. et d’autres par milliers qui sont venus de Śaśabindu,

après avoir offert de nombreux sacrifices du cheval, grands et avec de nombreuses aumônes.

25. Ces saints sages de sang royal, glorieux et très célèbres,

siègent dans cette grand-salle, ô sage de sang royal, autour de Vaivasvata.

26. Et il y a encore Agastya, Mataṅga, et de même le Temps Mortel,

et aussi les sacrificateurs, les Accomplis, et ceux qui ont un corps yogique,

27. et les Ancêtres que le feu funéraire a touchés, les buveurs d’écume, les buveurs de vapeurs,

ceux qui boivent l’oblation de beurre clarifié, ceux qui sont sur l’herbe sacrificielle, et d’autres incarnés dans un corps,

28. et la Roue du Temps, et le bienheureux Porteur d’offrandes sous sa forme corporelle,

les hommes qui ont commis de mauvaises actions, qui sont morts pendant le passage au solstice d'hiver [8],

29. et les hommes de Yama à qui est confiée l’administration du temps ;

là des seshams, des buteas, des kāśas, des pâturins et d’autres végétaux

siègent autour du roi du Dharma, salubres, incarnés dans un corps.

30. Ceux-là et beaucoup d’autres sont les résidents de la grand-salle du Roi des Ancêtres,

il est impossible d’en faire le dénombrement selon leurs noms et selon leurs actions.

31. Cette grand-salle charmante et qui se déplace à volonté n’est assurément jamais bondée :

c’est après avoir pratiqué l’ascèse pendant longtemps que le Démiurge universel l’a fabriquée.

32. Elle brille de son propre éclat, ô Bhārata, comme si elle flamboyait.

Vers elle viennent ceux qui pratiquent une rude ascèse, sont vertueux et disent le vrai,

33. ascètes renonçants, paisibles, accomplis, purifiés par leurs saintes actions,

tous avec un corps resplendissant, tous avec des vêtements immaculés,

34. tous avec de brillants bracelets et de brillantes guirlandes, avec des boucles d’oreille flamboyantes,

ornés par leurs actions justes et saintes qui leur font cortège.

35. Et il y a les Gandharvas au grand cœur et les troupes des Apsaras par centaines,

de la musique et des chants pour la danse, des amusements et de la danse partout,

36. et tout autour des parfums et des sons pleins de sainteté, ô fils de Pṛthā,

et des guirlandes divines sont là, de partout.

37. Une centaine de centaines de milliers de serviteurs du Dharma sont assis,

pleins de sagesse et de beauté, autour du Seigneur des créatures au grand cœur.

38. Telle est la grand-salle, ô roi, du roi des Ancêtres au grand cœur.

Je vais aussi te parler de la grand-salle de Varuṇa avec ses guirlandes de lotus bleu.

 

 

2. 9. Le Palais de l'Assemblée de Varuṇa: description, par qui elle est fréquentée. (=   25 ślokas)

 

Livre II, chapitre 9

1. Nārada dit :

« Yudhiṣṭhira, la divine grand-salle de Varuṇa est d’un blanc lumineux,

de mêmes dimensions que celle de Yama, avec des murs et des portiques splendides.

2. Se dressant au milieu des eaux, elle a été bâtie par le Démiurge universel,

avec des arbres faits de joyaux divins produisant des fleurs et des fruits,

3. portant des grappes de fleurs, céruléennes, jaunes, sombres, noires,

blanches et rouges aussi, et avec des buissons rampants.

4. Il y a dans cette grand-salle des oiseaux de toutes formes, au doux chant,

d’une beauté incomparable, par centaines, par centaines de milliers.

5. Cette grand-salle est douce au toucher, elle n’est pas froide, elle ne donne pas chaud,

elle a beaucoup d’appartements et de sièges, elle est charmante, blanche, elle est gardée par Varuṇa.

6. Là siège Varuṇa, en compagnie de Vāruṇī [9], ô Bhārata,

portant des vêtements et des joyaux divins, orné de parures.

7. Portant des chapelets de fleurs et des ornements, traînant leurs guirlandes divines,

les Ādityas [10] sont assis là autour de Varuṇa, le Seigneur des eaux.

8. Il y a aussi Vāsuki, Takṣaka, ainsi que le serpent Airāvata,

Kṛṣṇa, et Lohita, Padma, et le puissant Citra,

9. les deux serpents Kambala et Aśvatara, Dhṛtarāṣṭra et Balāhaka,

Maṇimat avec ses boucles d’oreilles, Karkoṭaka et Dhanaṃjaya,

10. Prahlāda, Mūṣikāda, ainsi que Janamejaya,

lovés, portant tous des crêtes et des coiffes.

11. Ceux-là et beaucoup d’autres serpents, Yudhiṣṭhira,

étaient assis là autour de Varuṇa au grand cœur, frais et dispos.

12. Le roi Bali le fils de Virocana, Naraka vainqueur de la Terre,

Prahlāda, Vipracitti, et tous les Kālakhañjas,

13. Suhanu, Durmukha, Śaṅkha, Sumanas, Sumati, Svana,

Ghaṭodara, Mahāpārśva, Krathana, Piṭhara,

14. Viśvarūpa, Surūpa, Virūpa à la tête large,

Daśagrīva, Vālī, Meghavāsas, Daśāvara,

15. Kaiṭabha, Viṭaṭūta, Saṃhrāda, Indratāpana,

et toutes les multitudes des Daityas et des Dānavas avec leurs boucles d’oreille brillantes,

16. portant tous des guirlandes et des diadèmes, ainsi que des atours divins,

tous des héros aux vœux exaucés, tous délivrés de la mort.

17. Dans cette grand-salle, toujours dans le lacet du Dharma, fidèles à leurs vœux,

ils siégeaient tous autour du Dieu Varuṇa au grand cœur.

18. De même les quatre océans, et la rivière Bhāgīrathī,

la Kālindī, la Vidiśā, la Veṇṇā, la Narmadā qui roule ses flots,

19. la Vipāśā, la Śatadru, la Candrabhāgā, la Sarasvatī,

l’Irāvatī, la Vitastā, l’Indus, la divine rivière,

20. la Godāvarī, la Kṛṣṇaveṇṇā, la Kāverī, le Gange la meilleure des rivières ;

ces rivières-là et d’autres, les lieux d’ablutions, les étangs,

21. et les fontaines avec leurs cascades, sous une forme corporelle, ô Yudhiṣṭhira,

les bassins, les réservoirs sous une forme corporelle, ô Bhārata,

22. ainsi que les points cardinaux, et la Terre aussi, ainsi que toutes les montagnes,

siégent autour du Dieu au grand cœur, ainsi que toutes les créatures aquatiques,

23. Et, chantant et jouant de leurs instruments, les troupes des Gandharvas et des Apsaras

célèbrent Varuṇa, tous assis là ensemble.

24. Les montagnes pleines de pierres précieuses, sur lesquelles se trouvent les minerais,

ayant toutes pris une forme corporelle sont assises auprès du Seigneur.

25. J’ai volé jusqu’à la grand-salle de Varuṇa, ô taureau des Bhārata,

j’ai déjà vu cette charmante grand-salle. Quant à la grand-salle de Kubera, écoute.

 

 

2. 10. Le Palais de l'Assemblée de Kubera : description, par qui elle est fréquentée. (=  23 ślokas)

 

Livre II, chapitre 10

1. Nārada dit :

« La grand-salle du Descendant de Viśravā, ô roi, a cent lieues de long,

soixante et dix lieues de large, elle est d’un blanc lumineux.

2. Le descendant de Viśravā la créa lui-même, ô roi, avec son ascèse,

elle a l’éclat de la lune parmi les planètes, elle est pareille aux pics du mont Kailāsa.

3. Elle est transportée par les Esprits-Cachés, à la voir elle est comme fixée dans le ciel,

elle est divine, ornée de grands arbres en or.

4. Rayonnante, resplendissante, divinement parfumée, charmante,

à la voir elle est comme un nuage blanc flottant sur un sommet.

5. Là le roi descendant de Viśravā, avec ses vêtements et ses bijoux multicolores,

entouré de milliers de femmes, siège glorieusement, avec ses boucles d’oreilles flamboyantes,

6. assis sur un trône sublime, pareil au Soleil, pur,

garni de coussins divins, et d’un repose-pieds divin.

7. Une pure brise emporte les senteurs des forêts magnifiques

d’arbres corail et les parfums des nymphéas,

8. du lotus appelé lotus bouclé et du bois de santal,

et le vent y circule, rafraîchissant le cœur et l’esprit.

9. Là les Dieux avec les Gandharvas, entourés des troupes des Apsaras,

sur des tons divins chantent leurs divins chants, ô Bhārata.

10. Et Miśrakeśī, Rambhā, Citrasenā au sourire éblouissant,

Cārunetrā, Ghṛtācī, Menakā, Puñjikasthalā,

11. Viśvācī, Sahajanyā, Pramlocā, Urvaśī, Irā,

Vargā, Saurabheyī, Samīcī, Budbudā, Latā [11],

12. celles-là et des milliers d’autres troupes d’Apsaras, ô Pāṇḍava,

expertes en danses et en chants, se tiennent auprès du Donneur de richesses.

13. Toujours pleine de divines musiques, de danses et de chants,

cette grand-salle rayonne et resplendit avec ses troupes de Gandharvas et d’Apsaras.

14. Il y a des Gandharvas du nom de Kinnaras, et d’autres du nom de Naras :

Maṇibhadra, donneur de richesses, Śvetabhadra, un Esprit-caché,

15. Kaśeraka, Gaṇḍakaṇḍu, le puissant Pradyota,

Kustumburu, Piśāca, Gajakarṇa, Viśālaka,

16. Varāhakarṇa, Sāndroṣṭha, Phalabhakṣa, Phalodaka,

Aṅgacūḍa, Śikhāvarta, Hemanetra, Vibhīṣaṇa,

17. Puṣpānana, Piṅgalaka, Śoṇitoda, Pravālaka,

Vṛkṣavāsyaniketa et Cīravāsas, ô Bhārata.

18. Il y a ceux-là et beaucoup d’autres Yakṣas, par centaines de milliers.

Et il y a toujours la bienheureuse Śrī ainsi que Nalakūbara.

19. Et je suis souvent allé là-bas, ainsi que d’autres pareils à moi :

et des maîtres spirituels étaient là, ainsi que d’autres sages divins.

20. Et le bienheureux est entouré de multitudes de créatures, par centaines de milliers,

Paśupati, l’époux d'Umā, celui qui tient un trident et a crevé les yeux de Bhaga [12],

21. le Dieu aux trois yeux, ce tigre parmi les rois, et avec la déesse qui dissipe la fatigue.

Ses nains hideux, ses bossus aux yeux injectés de sang, rapides comme la pensée,

22. qui se repaissent de chair et de graisse, horribles à entendre ou à voir,

avec leurs armes de toutes sortes, épouvantables, comme des vents très impétueux,

l’entourent, et il est toujours assis auprès de son ami, le Donneur de richesses, ô roi.

23. Telle est cette grand-salle, ô roi, je l’ai vue tandis que je parcourais l’atmosphère.

Je vais te décrire, ô roi, la grand-salle de l’Aïeul où la fatigue se dissipe.

 

 

2. 11. Le Palais de l'Assemblée de Brahmā : description, par qui elle est fréquentée. Yudhiṣṭhira remarque qu’un seul roi, Hariścandra, fréquente le Palais de l'Assemblée d’Indra : c’est parce qu’il a offert le grand sacrifice de la consécration royale (rājasūya), lui explique Nārada. Il ajoute que son père, Pāṇḍu, lui conseille d’offrir également ce sacrifice. (=   73 ślokas)

 

Livre II, chapitre 11

1. Nārada dit :

« Jadis, pendant l’âge des Dieux, ô roi, le bienheureux Dieu Soleil

qui dissipe la fatigue vint pour voir le monde des hommes.

2. Tandis qu’il circulait sous une forme humaine, il vit la grand-salle de l’Auto-engendré ;

il me décrivit telle qu’elle est la grand-salle de Brahmā, ô Pāṇḍava.

3. Elle est d’un éclat incommensurable, divine, spirituelle, ô taureau des Bhārata,

d’une majesté incomparable, un charme pour l’esprit de toutes les créatures :

4. quand j’ai entendu parler de cette grand-salle, ô fils de Pāṇḍu, j’ai été désireux de voir

ses qualités et c’est ainsi, ô roi, que je me suis adressé au Soleil :

5. « Bienheureux, je désire voir la grand-salle de l’Aïeul :

par quelle ascèse est-ce possible, ou bien par quelle action, ô Seigneur des vaches ?

6. Ou bien en préparant quelles herbes ? Ou même par quelle magie ?

Dis-moi cela, ô bienheureux, comment pourrais-je voir cette grand-salle ? ».

7. Alors le bienheureux et puissant Soleil me prit

et il alla vers la grand-salle de Brahmā, sans défaut, qui dissipe la fatigue.

8. Il n’est pas possible de définir sa forme exacte, ô prince de sang,

car en un instant elle offre une autre apparence, indéfinissable.

9. Je ne connais ni ses dimensions ni non plus sa forme, ô Bhārata,

et auparavant je n’avais jamais vu une telle beauté.

10. Cette grand-salle, ô roi, est très agréable, elle n’est pas froide, elle ne donne pas chaud,

ceux qui y parviennent n’éprouvent ni la faim et la soif, ni la lassitude.

11. Elle est comme faite de diverses formes, très variées, très brillantes,

et elle n’est pas soutenue par des colonnes, elle est éternelle, et elle n’est pas périssable.

12. Plus que la Lune, le Soleil et l’aigrette du feu, elle brille

de son propre éclat, elle se tient sur la voûte du firmament comme pour illuminer le Soleil.

13. Là siège le Bienheureux, l’Aïeul des mondes, qui crée lui-même

sans cesse les mondes, tout seul, ô roi, par sa magie divine.

14. Et aussi autour du Seigneur se tiennent les Seigneurs-des-créatures :

le savant Dakṣa, Pulaha, Marīci, ainsi que Kaśyapa,

15. Bhṛgu, Atri, Vasiṣṭha, Gautama, ainsi qu’Aṅgiras,

l’Esprit, l'Atmosphère, les Sciences, les Vents, l’Éclat, l’Eau, la Terre,

16. le Son, le Toucher, la Forme, le Goût, l’Odeur, ô Bhārata,

la Nature, l’Altération, et tout ce qui est le principe de ce qui est sur Terre.

17. La Lune avec les Étoiles, le Soleil rayonnant,

les Vents et les Sacrifices, la Volonté et le Souffle,

18. Ceux-là et beaucoup d’autres se tiennent auprès de l’Auto-engendré :

le Profit, le Dharma, le Plaisir, la Joie, la Haine, l’Ascèse, la Fermeté.

19. Là viennent ensemble les Gandharvas et les Apsaras,

ainsi que les vingt-sept autres gardiens du monde, au complet :

20. Śukra, Bṛhaspati, Budha, Aṅgāraka,

Śanaiścara, Rāhu, ainsi que toutes les planètes,

21. Mantra, Rathaṃtara, Harimān, Vasumān,

les Adityas avec leur roi suprême désignés sous divers surnoms ;

22. les Marutas, le Démiurge universel, et aussi les Trésors, ô Bhārata,

ainsi que toutes les troupes des Aïeux, et toutes les Oblations,

23. le Ṛgveda, le Sāmaveda, et le Yajurveda, ô Pāṇḍava,

l'Atharvaveda, et les Livres, ô Seigneur des peuples,

24. les Récits épiques et les textes secondaires du Veda, et toutes les disciplines annexes du Veda,

le bol sacrificiel, les Sacrifices, le Soma, et toutes les divinités,

25. Sāvitrī, ce radeau dans les passages difficiles, les septuples Paroles,

la Sagesse, la Résolution, la Tradition, et l’Intuition, l’Intelligence, la Gloire, la Patience,

26. les Chants de louange, les Panégyriques, ainsi que les divers Hymnes,

les Commentaires accompagnés de leurs Argumentations, sous une forme corporelle,

27. les Secondes, les Instants, les Moments, les Jours, de même que les Nuits,

les Quinzaines, les Mois, et les six Saisons, ô Bhārata,

28. les Années, les Lustres, les quatre alternances de Jours et de Nuits,

la Roue du Temps, qui est divine, éternelle, impérissable, indestructible,

29. Aditi, Diti, Danu, Surasā, Vinatā, Irā,

Kālakā, Surabhi, Devī, Saramā, Gautamī,

30. les Adityas, les Trésors, les Rudrās, les Marutas,

l’ensemble des Dieux, les Sādhyas, les Aïeux rapides comme la pensée,

31. les Rākṣasas, les Piśācas, les Dānavas, ainsi que les Esprits-Cachés,

les Oiseaux, les Serpents, les Bestiaux sont assis auprès de l’Aïeul.

32. Là est le Dieu Nārāyaṇa, ainsi que ceux qui sont les Sages divins,

les sages Vālakhilyās, ainsi que ceux qui sont nés d’une matrice et ceux qui ne sont pas nés d’une matrice.

33. Tout ce qu’on voit dans les trois mondes de fixe ou de mobile,

tout cela je l’ai vu dans cette grand-salle, sache-le, ô souverain des hommes.

34. Les quatre-vingt-huit milliers d’ascètes qui retiennent leur sperme,

et la cinquantaine de sages qui ont engendré, ô Pāṇḍava,

35. tous ces habitants du ciel, après être venus là pour regarder à leur gré,

inclinent respectueusement leur tête et repartent comme ils sont venus.

36. Les hôtes qui viennent, les Dieux, les Asuras, les serpents, ainsi que les anachorètes,

les Yakṣas, les grands oiseaux, les Kāleyās, ainsi que les Gandharvas et les Apsaras,

37. le Bienheureux Brahmā, l’Aïeul du monde à la sagesse sans borne,

miséricordieux envers toutes les créatures, les reçoit selon leur mérite.

38. Et l’Esprit Universel, l’Auto-engendré à la splendeur sans borne,

leur dispense des plaisirs pour apporter du réconfort à leur esprit, ô souverain des hommes.

39. Ainsi avec ceux qui arrivent et ceux qui partent, ô Bhārata,

cette grand-salle est pleine, mon fils, et donne du bonheur.

40. Formée de toutes les splendeurs, divine, fréquentée par les troupes de sages brahmanes,

la grand-salle de Brahmā, flamboyante, rayonne de gloire, dissipant la fatigue.

41. Cette grand-salle telle que je l’ai vue est, dans tous les mondes, inégalable,

comme la tienne parmi les grand-salles humaines, ô tigre parmi les rois.

42. Ce sont les grand-salles que j’ai vues jadis parmi les dieux, ô Pāṇḍava ;

ta grand-salle là est dans le monde des hommes la plus excellente de toutes. ».

43. Yudhiṣṭhira dit :

« Globalement le monde des rois tel que tu le décris, ô le meilleur des orateurs,

est dans la grand-salle de Vaivasvata, comme tu le dis, Seigneur.

44. Dans la grand-salle de Varuṇa, ô Puissant, tu m’as décrit les serpents,

les seigneurs des Asuras, la plupart des rivières ainsi que les océans.

45. De même dans celle du Père des richesses, les Yakṣas, les Esprits-cachés, les Rākṣasas,

les Gandharvas et les Apsaras, et le Bienheureux qui a un taureau sur sa bannière [13].

46. Dans la grand-salle de l’Aïeul tu m’as décrit les grands sages,

et tous les groupes des Dieux, ainsi que toutes les sciences.

47. Et dans la grand-salle du Dieu au cent sacrifices, tu as célébré les Dieux, ô anachorète,

et brièvement les Gandharvas et les divers grands sages.

48. Or tu as mentionné un seul sage de sang royal, Hariścandra,

ô grand anachorète, comme un habitué de la grand-salle du Roi des Dieux au grand cœur.

49. Quelle action ou quelle ascèse a-t-il accomplie, en respectant ses vœux,

par laquelle ce très glorieux ascète rivalise là avec Śakra ?

50. Et aussi, quand il est allé dans le monde des Mânes, ô brahmane, tu as vu

mon père, le bienheureux Pāṇḍu : comment l’as-tu rencontré ?

51. Qu’a-t-il dit, ô bienheureux ? Je désire le savoir

et tout apprendre de ta part : car ma curiosité est extrême. ».

52. Nārada dit :

« Seigneur, ce que tu me demandes au sujet d’Hariścandra, ô roi des rois,

je vais te l’expliquer, te dire la grandeur d’âme de ce sage.

53. Ce roi puissant était le souverain de tous les rois de la Terre,

tous les rois se tenaient la tête baissée devant son autorité.

54. Se tenant sur son seul char victorieux orné d’or,

il vainquit les sept continents par l’ardeur de son épée, ô roi des hommes.

55. Après avoir vaincu toute la Terre avec ses montagnes, ses forêts et ses bois,

il offrit, ô Mahārāja, le grand sacrifice de consécration royale.

56. Sur son ordre, tous les rois apportèrent des richesses,

et pour ce sacrifice ils devinrent ceux qui serviraient les deux-fois-nés.

57. Le roi offrit joyeusement des richesses aux sacrificateurs,

comme ils l’avaient indiqué, pour tel ou tel sacrifice, plus de cinq fois.

58. Et il gratifia de diverses richesses les brahmanes

qui s’étaient rassemblés depuis divers lieux quand le temps était venu.

59. Honorés comme ils le souhaitaient par toutes sortes de mets et de festins,

gratifiés de flots de joyaux, les deux-fois-nés étaient ravis, et ils affirmaient

qu’il surpassait tous les rois par son éclat et sa gloire.

60. C’est pour cette raison, ô fils de Pṛthā, qu’Hariścandra resplendit

parmi ces milliers de rois, sache-le, ô taureau des Bhārata.

61. Et quand le majestueux Hariścandra eut accompli ce grand sacrifice

et qu’il eut reçu l’onction, il rayonna dans sa souveraineté universelle, ô roi.

62. Et les autres rois aussi qui ont célébré le grand sacrifice de consécration royale

se réjouissent en compagnie du Grand Indra, ô Bhārata.

63. Et aussi ceux qui ont trouvé la mort dans des batailles sans s’enfuir,

sont assis près de lui et se réjouissent, ô taureau des Bhārata.

64. Et ceux qui, après une ascèse ardente, abandonnent ici-bas leur corps,

ceux-là aussi vont dans cet endroit, et ils resplendissent glorieusement pour l’éternité.

65. Et quand ton père Pāṇḍu, le fils de Kuru, ô fils de Kuntī,

vit la gloire chez le roi Hariścandra, la stupeur naquit en lui.

66. « Tu es capable de conquérir la Terre, tes frères se tiennent sous ton autorité :

offre le sacrifice de consécration royale, c’est le meilleur » dit-il, ô Bhārata.

67. Fais sa volonté, ô Pāṇḍava, tigre parmi les hommes !

Ils iront ensemble dans le paradis du Grand Indra, en compagnie des Anciens.

68. Et l’on dit, ô roi, que ce grand sacrifice comporte de nombreux obstacles,

car les Rākṣasas brahmanes, destructeurs des rites, aspirent à ce qu’il y ait des défauts.

69. Et le combat marche derrière eux, provoquant la destruction de la Terre,

et il y a là un présage qui apporte la destruction.

70. Songe à cela, ô roi des rois, et fais ce que tu peux.

Dresse-toi toujours sans négligence pour la protection des quatre classes,

dans ta vie ici-bas prospère, réjouis-toi, satisfais les deux-fois-nés avec des dons.

71. Voilà, je t’ai dit en détails ce que tu me demandes.

Je prends congé de toi, je vais aller vers la cité de Daśārha [14]. ».

72. Vaiśampāyana dit :

« Après avoir raconté cela aux fils de Pṛthā, ô Janamejaya, Nārada

partit, ô roi, entouré par les sages qui étaient venus avec lui.

73. Quand Nārada fut parti, ô fils de Kuru, le fils de Pṛthā en compagnie de ses frères

réfléchit au sacrifice de consécration royale, qui est le meilleur, ô Bhārata.

 

 

 



[1] Hṛṣīkeśa « Maître de ses sens », épithète de Kṛṣṇa.

[2] Śūra, père de Vasudeva, est donc le grand-père de Kṛṣṇa.

[3] Indra.

[4] Brahmā.

[5] La grand-salle d’assemblée des Dieux dans le palais de Kṛṣṇa.

[6] Māṇḍavya méditait à son ermitage quand des voleurs vinrent y cacher leur butin; ayant fait vœu de silence, il ne répondit pas aux questions des soldats du roi, fut accusé du vol, et empalé ; voyant qu'il ne mourait pas, et que sa colère était grande, le roi le fit détacher et s'excusa de l'injustice, mais on ne put retirer le pal qui l'embrochait (Mah. I,101, 1).

[7] Le roi des Ancêtres est Yama, le dieu des morts ; le Kailāsa est le mont où vit Śiva.

[8] Période réputée néfaste.

[9] Vāruṇī, śakti de Varuṇa, une yoginī ; épouse (ou fille) de Varuṇa, elle personnifie le vin produit lors du barattage de la mer de lait.

[10] Ce sont les six « radieux »: Varuṇa, Mitra, Aryamā, Bhaga, Dakṣa et Aṃśa

[11] Ce sont les cinq Apsaras qui avaient été transformées en crocodiles et avaient été délivrées par Arjuna (Mah. I,208, 19).

[12] Il s’agit de Śiva.

[13] Śiva.

[14] La cité de Daśārha (Kṛṣṇa) est Dvārakā, la capitale du pays Daśārha.