(13) Le mariage : 186-191
1. 186. Drupada a préparé somptueusement la fête. Kuntī et
Draupadī sont reçues dans les appartements des femmes, des sièges sont
préparés pour les Pāṇḍava qui, malgré leur déguisement, font
l’admiration générale. Des mets excellents sont servis. Drupada vient les
rejoindre. (= 15 ślokas) |
Livre I,
chapitre 186
1. Le
messager dit : « Le roi Drupada a fait
préparer la nourriture pour les gens en vue du
mariage. Lorsque vous aurez fait tout
ce que vous devez faire, venez ici même avec 2. Voici des chars bariolés en or avec
des fleurs de lotus, auxquels sont attelés de bons
chevaux, dignes des rois de Montez-y tous et partez vers la demeure du roi du
Pañcāla ! ». 3.
Vaiśampāyana dit : « Ces taureaux des Kuru
se mirent donc en marche, en se faisant précéder par le
chapelain. Ils étaient montés sur ces
grands chars, et Kuntī et 4. Entendant les paroles du chapelain, telles que les avait dites, ô
Bhārata, le roi du Dharma, dans son désir de connaître
les meilleurs des Kuru le roi rassembla de nombreux
produits : 5. des fruits, des guirlandes
parfaitement confectionnées, des peaux, des cuirasses, ainsi que des sièges, et aussi des bœufs, ô roi,
des cordes, et d’autres produits issus de
l’agriculture, 6. et quant aux choses qui sont dans les
autres arts, elles étaient toutes là
entièrement préparées. Et les choses qui servent
pour les jeux, le roi les avait toutes
rassemblées là : 7. des chars, des chevaux, des cuirasses
éclatantes, de grandes épées, des chevaux
et des chars bariolés, des arcs excellents et des
flèches de premier ordre, des javelots et des lances
incrustées d’or, 8. des javelines, des corbeaux, des
haches, et également tout ce qui a
trait aussi à la guerre. Des lits et des sièges
ouvragés à la perfection, et il y avait là aussi
diverses choses encore. 9. Et Kuntī entoura de soins la
vertueuse Noiraude, et elle entra dans le gynécée
de Drupada ; et les femmes rendirent ses
salutations avec empressement à la femme
du roi des Kuru. 10. Considérant leur démarche de lion, leurs grands yeux de
taureaux, leurs vêtements de peau d’antilope cachant leur épaule gauche,
et les bras de ces héros parmi les hommes qui pendaient comme les
anneaux du seigneur des serpents, 11. aussi bien le roi que tous les
conseillers du roi, et les fils du roi de même
que ses amis, et absolument tous les
serviteurs, ô roi, furent alors saisis d’une
très grande joie. 12. Et ces héros étaient tranquillement
installés sur de superbes sièges, avec
des tabourets pour les pieds. Et ces hommes éminents
s’étaient assis selon l’ordre, sans s’étonner de ce luxe. 13. Toutes sortes de nourriture dignes des
rois, dans des plats d’or et
d’argent, étaient offertes par des
serviteurs et des servantes, et aussi des cuisiniers,
vêtus de vêtements bien lavés. 14. Là, ces héros parmi les hommes, après
avoir mangé, après avoir totalement
satisfait leurs désirs, s’éloignèrent alors de toutes
ces richesses, et ces héros parmi les hommes
entrèrent dans le magasin d’armes. 15. Les désignant, le fils de Drupada, et le roi en compagnie de
tous les chefs conseillers s’approchèrent et rendirent
joyeusement hommage aux fils de Kuntī, fils
et petits-fils de rois. |
1. |
Livre I,
chapitre 187
1.
Vaiśampāyana dit : « Le glorieux roi de
Pañcāla appela le prince Yudhiṣṭhira et le prit dans ses bras
comme on le fait pour un brahmane. 2.
Avec confiance, il interrogea le splendide fils de Kuntī : « Comment vous appeler,
Seigneur ? Nobles guerriers ou bien brahmanes ? 3. Ou
bien des travailleurs doués de qualités, ou des gens nés d’une matrice
servile ? Ou des accomplis usant de magie,
parcourant tous les horizons, 4.
venus du ciel pour Dis-nous la vérité, Seigneur,
car nous avons de gros doutes sur ce sujet. 5.
Est-ce que, quand nous aurons mis fin à nos doutes, la joie de l’esprit
pourrait nous pénétrer ? Est-ce que nous aurions du
bonheur en partage, ô tourmenteur de tes ennemis ? 6.
Pour l’amour de moi, dis-moi la vérité : auprès des rois la vérité
resplendit, et ainsi le prêtre qui désire
faire des rites méritoires ne doit pas dire de mensonge. 7.
Car en entendant ta voix, ô dompteur de tes ennemis pareil aux immortels, je commencerai certainement
selon les règles les préparatifs du mariage. ». 8.
Yudhiṣṭhira dit : « Ne sois pas abattu, ô
roi du Pañcāla, sois joyeux ! Ce que tu souhaites, ce que
tu désires est certainement réalisé, sans aucun doute ! 9.
Car nous sommes de nobles guerriers, ô roi, les fils de Pāṇḍu
au grand cœur. Sache que je suis l’aîné des
fils de Kuntī ; ces deux-là ce sont Bhīmasena et Arjuna par lesquels ta fille, ô roi,
a été gagnée dans l’assemblée des rois. 10.
Les deux jumeaux, ô roi des rois, sont là où se trouve Dissipe le chagrin de ton
cœur, nous sommes de nobles guerriers, ô taureau parmi les hommes. Ta fille est comme un lotus rose,
parti d’un étang vers un autre étang. 11.
Je te dis là toute la vérité, ô roi, car, Seigneur, tu es notre
gourou et notre refuge suprême. ». 12.
Vaiśampāyana dit : « Le roi Drupada eut
alors les yeux plein de joie, et il ne put pas répondre
convenablement à Yudhiṣṭhira. 13.
Ce tourmenteur de ses ennemis fit des efforts pour réprimer sa joie, et le roi fit une réponse
convenable à Yudhiṣṭhira. 14.
Ce roi au cœur loyal lui demanda comment jadis ils s’étaient sauvés, et le fils de Pāṇḍu
lui raconta tout dans l’ordre. 15.
Le roi Drupada écouta ce que lui disait le fils de Kuntī, et il blâma le roi Dhṛtarāṣṭra. 16.
Et il rassura Yudhiṣṭhira, le fils de Kuntī, et Drupada, le meilleur des
orateurs, lui promit un royaume. 17.
Puis Kuntī, et et les deux jumeaux, à la
demande du roi, entrèrent dans le grand palais. 18.
Et ils séjournaient là, ô roi, honorés par Le Chef-de-l’armée-sainte. Ils respiraient à nouveau, et
le roi accompagné de ses fils leur dit : 19.
« Que le fils de Kuru prenne sa main selon la règle dès aujourd’hui. Qu’Arjuna aux grands bras
profite de ce jour de bon augure. » 20.
Alors Yudhiṣṭhira, le roi fils de Dharma, lui dit : « Moi aussi je dois
m’unir à mon épouse, ô Seigneur des peuples. 21.
Drupada lui dit : « Seigneur, soit tu dois
prendre la main de ma fille selon les règles, soit tu dois assigner 22.
Yudhiṣṭhira lui dit : « Draupadī sera la
première reine de nous tous, ô roi, car c’est ce que ma mère a
dit auparavant, ô Seigneur des peuples. 23.
Moi aussi je ne suis pas marié, et Bhīmasena le fils de Pāṇḍu
aussi. Ta fille a été gagnée par un
fils de Pṛthā, et elle est comme un trésor. 24.
Nous avons cette convention entre nous, ô roi, de jouir ensemble de nos
trésors, et nous ne voulons pas
revenir sur cette convention, ô le meilleur des rois. 25.
Pour nous tous, selon le Dharma, elle doit nous prendre la
main, à tous, l’un après l’autre, devant le feu. ». 26.
Drupada dit : « Il est établi qu’un
seul homme peut avoir de nombreuses femmes, ô fils de Kuru, on n’a jamais établi qu’une
seule femme puisse avoir de nombreux hommes… 27.
Ce qui est interdit dans le monde et dans le Veda, toi qui respectes le Dharma et qui es pur, comment peux-tu le faire,
fils de Kuntī ? D’où t’es venue une telle idée ? ». 28.
Yudhiṣṭhira dit : « Le Dharma est subtil,
ô Mahārāja, on ne connaît pas son cours. Nous suivons l’un après
l’autre le chemin emprunté par les anciens. 29. Ma
voix ne dit pas des mensonges, mon esprit ne médite pas contre le Dharma. Et c’est ainsi que parle ma
mère, et c’est ce que j’ai à l’esprit. 30.
C’est là le Dharma éternel, ô roi, accomplis-le sans hésiter. N’aie pas de réserve sur ce
point, en aucune manière, ô roi ! ». 31.
Drupada dit : « Toi, et Kuntī, ô
fils de Kuntī, et mon fils Dhṛṣṭadyumna devez discuter s’il doit en
être fait ainsi. Et demain nous agirons… ». 32.
Vaiśampāyana dit : « Ils s’assemblèrent
tous donc ainsi et discutèrent, ô Bhārata, Et l’Îlien arriva par hasard,
ô roi. |
1. 188. Drupada demande à
Vyāsa si une femme peut être l’épouse de plusieurs hommes. Il pense,
quant à lui, que c’est contraire à la loi. Dhṛṣṭadyumna
rappelle que, pourtant, un frère aîné peut avoir commerce avec la femme de
son plus jeune frère, sans transgresser la loi. Yudhiṣṭhira
rétorque qu’on a déjà vu des exemples similaires. Et la parole d’un maître
est la loi, or le premier maître est sa propre mère. Vyāsa confirme et
prend Drupada à part. (= 22 ślokas) |
Livre I,
chapitre 188
1.
Vaiśampāyana dit : « Puis tous les Pāṇḍava
et le très glorieux fils de Pañcāla quand ils virent le Noir
Îlien au grand cœur se levèrent pour lui rendre hommage. 2. Il
leur fit à tous bonne figure, les interrogeant pour finir sur leur bonne
santé. Puis ce sage au grand cœur
s’assit sur un splendide siège en or. 3. Et
avec la permission du Noiraud à l’éclat sans borne, tous ces héros parmi les bipèdes s’assirent
sur des sièges très précieux. 4.
Puis, après un moment, le fils de Pṛṣata parla d’une voix douce et ce prince des peuples
interrogea le sage au grand cœur au sujet de Draupadī. 5.
« Comment une seule femme pourrait être à plusieurs hommes, sans qu’il y
ait un crime contre le Dharma ? Dis-nous tout cela avec
précision, ô bienheureux. ». 6.
Vyāsa dit : « Sur ce Dharma où il y
a désaccord et qui est en conflit avec le monde et les Veda, je désire entendre l’avis de
chacun d’entre vous. ». 7.
Drupada dit : « A mon avis, cela va
contre le Dharma, c’est interdit dans le monde et dans les Veda. Car on ne connaît pas le cas
d’une seule femme pour plusieurs hommes, ô le meilleur des deux-fois-nés. 8. Et
ce Dharma n’a pas non plus été pratiqué par les anciens au grand cœur. Et ce n’est pas non plus le
Dharma de la multiplicité qui doit être pratiqué éternellement. 9.
Donc moi je ne prends pas la résolution de le mettre en pratique, car cela me paraît douteux et
contestable en regard du Dharma. ». 10.
Dhṛṣṭadyumna dit : « Comment un frère aîné
pourrait-il aller vers la femme de son cadet, ô brahmane, taureau parmi les
deux-fois-nés, tout en gardant une bonne conduite, ô ascète ? 11.
En aucune façon nous ne connaissons avec précision les voies du Dharma : ce qu’est le Dharma ou ce qui
ne l’est pas, il n’est pas possible de le déterminer. 12.
Et je ne détermine donc en aucune façon si des gens tels que nous peuvent
faire, ô brahmane, que 13.
Yudhiṣṭhira dit : « Ma voix ne dit pas des
mensonges, mon esprit ne médite pas contre le Dharma, car je reste dans cette
opinion qu’il n’y a rien là contre le Dharma. 14.
Car l’on apprend aussi dans les récits d’antan qu’une fille de Gautama, du
nom de Jaṭilā, a vécu avec sept sages, ô le
meilleur de ceux qui connaissent le Dharma. 15.
Et l’on dit que la voix du gourou est le Dharma, ô le meilleur des
connaisseurs du Dharma, et de tous les gourous la
mère est le plus grand gourou. 16.
Et elle a dit cette parole : « Jouissez-en comme d’une
aumône ! ». C’est pourquoi je pense que
c’est là le Dharma, ô le meilleur des deux-fois-nés. ». 17.
Kuntī dit : « C’est comme l’a dit
Yudhiṣṭhira fidèle au Dharma : j’ai une peur terrible du
mensonge. Comment pourrais-je être délivrée du mensonge ? ». 18.
Vyāsa dit : « Tu échapperas au
mensonge, ma chère, c’est là le Dharma éternel. Mais je ne parlerai pas à
tous, ô fils de Pañcāla : apprends de moi-même 19.
comment ce Dharma a été fixé et d’où vient qu’il est éternel. La façon dont a parlé le fils
de Kuntī, c’est là le Dharma, il n’y aucun doute. ». 20.
Vaiśampāyana dit : « Puis le bienheureux
seigneur, Vyāsa l’Îlien se leva, prit le roi par la main et
entra dans la maison du roi. 21.
Les Pāṇḍava, Kuntī et Dhṛṣṭadyumna,
le fils de Pṛṣata, perplexes, les attendirent là
tous deux. 22.
Alors l’Îlien raconta au roi au grand cœur comment le fait qu’une seule
femme ait plusieurs maris était le Dharma. |
1. 189. Il lui raconte l’Histoire
des cinq Indra. Autrefois, Yama, occupé à un sacrifice, cesse de tuer les
créatures, et celles-ci se multiplient. Les dieux viennent se plaindre à
Brahmā. Celui-ci leur répond que tout redeviendra normal quand Yama en
aura terminé avec son sacrifice. Les dieux voient un lotus flotter sur |
Livre I,
chapitre 189
1.
Vyāsa dit : « Jadis, dans la forêt
de Naimiṣa, les Dieux assistaient à un sacrifice. Là, ô roi, Vaivasvata œuvrait
en tant que sacrificateur. 2. Alors Yama fut consacré, ô roi, et il ne faisait plus mourir
aucune créature. Alors les créatures devinrent
nombreuses, dépassant leur temps,
enfreignant la mort. 3. Alors Śakra, Varuṇa,
Kubera, les Sādhyas, les Rudras,
les Trésors, et les deux Aśvin se rassemblèrent avec les
autres Dieux autour du
Seigneur-des-créatures, le créateur de l’univers. 4. Une fois assemblés ils s’adressèrent
au gourou du monde : « Nous avons une
terrible peur de l’accroissement des hommes. Et tremblant de peur et
aspirant à la prospérité, nous venons tous trouver
refuge auprès de toi, Seigneur. ». 5.
Brahma dit : « Pourquoi avez-vous
peur des hommes, puisque vous vous êtes immortels ? Qu’il n’y ait jamais pour
vous de peur de la part des mortels. ». 6.
Les Dieux dirent : « C’est que les mortels
sont devenus immortels, ils n’y a plus de différence. Tremblant à cause de cette
indifférenciation, nous sommes venus pour qu’il y ait une différence. ». 7.
Brahma dit : « Vaivasvata est occupé
à cause du sacrifice : c’est pour cela que les
humains ne meurent pas. Quand il aura entièrement
achevé ce sur quoi il se concentre, ce sera alors le temps de la fin
pour les créatures. 8. Le corps de Vaivasvata se développe, et le vôtre aussi en
l’utilisant avec force : car ce sera pour eux la mort
au temps de la mort, car votre corps sera fort
parmi les hommes. ». 9.
Vyāsa dit : « Et après avoir entendu
la parole du Dieu né en premier, les Dieux allèrent où les
Dieux reçoivent des sacrifices, et ils siégeaient ensemble,
pleins de puissance, quand ils virent une fleur de
lotus sur 10. Et en voyant cela ils furent étonnés, et Indra, leur héros, y alla. Là il vit une jeune femme,
avec l’éclat du feu, là où naît perpétuellement 11. Là la jeune femme pleurait ; à la
recherche d’eau, elle avait plongé dans la
divine Gangā et se tenait là debout. Ses larmes tombaient goutte à
goutte dans l’eau, et chaque larme devenait un
lotus d’or. 12. Le Porteur-du-foudre regarda ce prodige, il s’approcha de la jeune
femme et l’interrogea : « Qui es-tu ? Pour
quelle raison pleures-tu ? Pour l’amour de moi, dis-moi
une parole véridique. ». 13.
La femme dit : « Tu sauras ici qui je
suis, ô Śakra, et pourquoi, infortunée, je
pleure. Viens, ô roi, et je marcherai
devant. Tu verras pour quelle raison
je pleure. ». 14.
Vyāsa dit : « Tandis qu’elle
marchait, il la suivit, et il vit non loin de là un
bel adolescent sur un trône décoré de têtes
de lion, en compagnie de jeunes filles, jouant aux dés au sommet du
roi des montagnes. 15. Il lui dit : « Je suis le roi
des Dieux, sache que l’ensemble de
l’univers est sous mon autorité, je suis le Seigneur »
dit-il plein de colère, en le voyant complètement
indifférent à cause des dés. 16. Le Dieu regarda alors Śakra en
colère, et en riant il leva doucement
les yeux vers Śakra. Le roi des Dieux fut revigoré d’être regardé par lui, et il
se dressait comme un pilier. 17. Et quand il en eut assez de son jeu, il dit alors à « Amène-le plus près de
l’endroit où je suis, qu’il ne soit pas à nouveau
possédé par son orgueil. ». 18. A peine Śakra eut-il été touché par
elle que ses membres
s’affaissèrent et qu’il tomba au sol. Le Bienheureux à l’éclat
puissant lui dit : « Ne refais jamais cela,
ô Śakra ! 19. Et retourne ce grand roi des
montagnes : ta force et ta puissance sont
incommensurables. Et quand tu l’auras retourné,
va à l’intérieur : il y en a là qui comme toi
ont la splendeur du soleil. ». 20. Et quand il eut retourné le sommet de la
grande montagne, il en vit quatre autres qui
avaient le même éclat. En les voyant il fut
abattu : « Est-ce que je ne serai
pas comme eux ? ». 21. Et le Dieu de la montagne, la colère dans
les yeux, se retourna vers le porteur
du foudre et lui dit : « Entre dans cette
caverne, Dieu aux cent sacrifices, puisque par sottise tu m’as
le premier manqué de respect ! ». 22. A ces mots du Tout-Puissant, le roi des
Dieux fut pris de violents
tremblements devant cette imprécation, ses membres s’écroulèrent,
comme par le vent est chassée la feuille d’un pipal du
sommet du roi des montagnes. 23. Il porta ses mains jointes au-dessus de
son visage incliné humblement, tremblant immédiatement
devant ces paroles, et il dit ceci au Puissant
aux mille formes : « Ô Bienheureux, sois
aujourd’hui le juge de mon répit… ». 24. Le Dieu à l’arc puissant lui dit en
éclatant de rire : « De telles conduites
n’obtiennent pas de répit en ce monde. Ceux-là aussi ont l’existence
devant eux. Aussi, entre dans cette
caverne et couchez-vous ! 25. Il y aura encore un répit pour vous, sans
aucun doute : entrez tous dans une matrice
humaine. Là, après avoir accompli un
exploit infaisable, et après en avoir amenés
beaucoup d’autres à leur trépas, 26. ils retourneront dans le paradis d’Indra très précieux qu’ils auront
gagné auparavant par leurs exploits. Tout ce que je dis là devra être fait, et autre
chose avec des significations multiples. ». 27.
Les Indra d’antan dirent : « Nous irons du monde
des Dieux vers celui des hommes, où il est établi que la
délivrance est difficile à avoir. Mais les Dieux devraient nous
mettre dans des mères, Dharma, Vāyu, le
Généreux et les deux Aśvin. ». 28. Vyāsa
dit : « Après avoir entendu
ces mots, le maître du foudre dit à nouveau ceci au
meilleur des Dieux : « Avec mon sperme je
pourrais donner un homme pour cette tâche, le
cinquième de ceux-là, engendré par moi. ». 29. Le Bienheureux à l’arc puissant, avec sa
bonté naturelle, leur accorda volontiers le
désir qu’ils avaient exprimé ; et il établit aussi qu’une
femme aimée de par le monde, Śrī, serait leur
épouse parmi les hommes. 30. Puis, en leur compagnie, le Dieu alla vers Nārāyaṇa
l’incommensurable : et lui aussi établit que tout
cela soit ainsi. C’est ainsi que tous
naquirent sur 31. Et aussi Hari [1]
s’arracha deux cheveux, l’un était clair, et l’autre
était noir. « Que ces deux cheveux
entrent dans des femmes de la famille des Yadu, Rohiṇī
et Devakī. ». De l’une d’elles naquit
Baladeva, et de l’autre naquit en
deuxième Kṛṣṇa le Chevelu. 32. Ceux qui avaient l’apparence de
Śakra et étaient bloqués auparavant dans cette caverne de la plus
grande des montagnes, sont devenus ici-bas les
vaillants Pāṇḍava, et le Pāṇḍava
ambidextre [2] est une
portion de Śakra. 33. C’est ainsi que sont nés les Pāṇḍava
qui auparavant, ô roi,
étaient des Indra, et c’est pour eux que jadis
Lakṣmī a été désignée pour être leur femme, c’est
elle qui est Draupadī à l’aspect divin. 34. Car comment une femme, à la fin d’un
sacrifice, surgirait de la surface de Elle dont ma beauté a la
splendeur de et dont l’éminent parfum s’exhale
à une portée de voix ! 35. Et affectueusement, ô seigneur des
hommes, je te donne une autre faveur, et tout à
fait merveilleuse : la vision des Dieux. Regarde
les fils de Kuntī, avec leurs corps précédents,
saints et divins ! ». 36.
Vaiśampāyana dit : « Alors Vyāsa, dont
les actes étaient d’une parfaite noblesse, ce pur brahmane, grâce à son
ascèse donna au roi la vision des
Dieux : le roi les vit tous exactement avec leurs
corps précédents. 37. Ainsi il vit ces jeunes hommes divins
couronnés de diadèmes d’or, pareils à Śakra, de la
couleur du Soleil et du feu, ceints de chapelets et d’une
beauté charmante, avec une poitrine large,
grands comme des palmiers, 38. avec des vêtements divins, sans
poussières, dorés, tout resplendissants avec
leurs magnifiques guirlandes, des Dieux aux trois yeux
incarnés, ou de divins Vasus, ou des Āditya parés de
toutes les vertus. Et en voyant ces Indra
d’antan si beaux, le roi Drupada fut réjoui et
étonné. 39. Ayant obtenu cette magie divine et
incommensurable, le prince de sous la forme de
Śrī, tout aussi belle : elle leur était comparable
par sa beauté, son éclat et sa gloire. 40. En voyant ce grand prodige, il prit les pieds du fils de
Satyavatī : « Pour toi ce n’est pas une
merveille, ô sage suprême… » lui dit-il ainsi, l’esprit
apaisé. 41.
Vyāsa dit : « Il y avait dans un
ermitage la fille d’un ascète au grand cœur. Mais cette jeune fille ne
trouvait pas de mari, bien qu’elle fût belle. 42.
Grâce une ascèse terrible elle se concilia Śaṃkara, et satisfait le Seigneur lui
dit lui-même : « Choisis ce que tu désires ». « Je désire un mari
possédant toutes les qualités. », et elle répétait cela encore et
encore. 44.
Le roi des Dieux, satisfait, lui accorda alors le vœu : « Tu auras cinq maris
excellents » lui dit Śaṃkara. 45.
Celle-ci implora le Dieu et lui dit encore : « Je mérite de n’avoir
de ta part qu’un seul mari pourvu de qualités ! ». Le Dieu des Dieux, réjoui
dans son cœur, lui dit à nouveau cette parole favorable : 46.
« Tu as parlé cinq fois, en me répétant « Donne-moi un mari ». Eh bien, il en sera ainsi, et
bonne chance à toi : quand tu seras réincarnée
dans un autre corps, il en sera comme il a été dit. ». 47.
Car, ô Drupada, cette jeune fille à la beauté divine naquit comme ta
fille : 48.
La Śrī du ciel est apparue lors du grand sacrifice pour les Pāṇḍava, et après avoir pratiqué une
terrible ascèse, elle est venue pour être ta fille. 49. Et cette déesse radieuse appréciée par
les Dieux est seule pour cinq grâce à
la conduite qu’elle a adoptée. Créée par elle-même, l’épouse
des Dieux est auto-engendrée. Après avoir entendu cela, ô
roi Drupada, fais ce que tu veux… ». |
1. 190. Drupada est convaincu :
Śiva sait ce qu’il fait !. Draupadī épouse les cinq Pāṇḍava
l’un après l’autre, à un jour d’intervalle. Elle redevient vierge à chaque
fois. Drupada les inonde de cadeaux et ils viennent s’installer chez lui. (=
18 ślokas) |
Livre I,
chapitre 190
1.
Drupada dit : « Je n’avais pas entendu
tes paroles, ô grand sage, et auparavant je m’efforçais
de faire mon devoir. En effet il n’est pas possible
que ce qui est établi s’en aille, et ce qui arrive là doit
s'accomplir. 2. Le nœud du destin ne peut être
dénoué ; ici-bas il n’y a rien
d’établi par nos propres actions ; car ce qui est causé à cause
du choix d’un seul se produit pour beaucoup. 3. Et puisque « Que le Bienheureux ne
me donne pas un seul mari » celui-ci lui a dit aussi que
c’était là son vœu, car le Dieu connaît ce qui
est le mieux ici. 4. Et si cela a été établi par Śaṃkara, Dharma ou pas Dharma, il n’y
a pas là pour moi de faute. Qu’ils prennent sa main selon
la règle, selon leur bon plaisir,
puisque 5.
Vaiśampāyana dit : « Le Bienheureux dit
alors au roi du Dharma : « En vérité ce jour est de
bon augure, ô descendant de Pāṇḍu, en ce jour en ce jour prends en premier
la main de 6. Ainsi le roi Le Chef-de-l’armée-sainte
avec son fils firent alors apporter pour
les amis des fiancés ce qu’il fallait, d’excellentes choses en
abondance ; quant à sa fille, il lui fit prendre un bain et
l’orna d’une abondance de joyaux. 7. Puis
tous ses amis s’assemblèrent là, ainsi que les conseillers
et les ministres, pour voir le mariage en toute
confiance, et aussi les deux-fois-nés,
comme les notables de la ville. 8. Son palais se distinguait par ses
mendiants, sa cour était ornée d’une
jonchée de fleurs de lotus, elle brillait d’une multitude
de joyaux multicolores de grande valeur, comme le ciel sans tache où
s’accumulent les étoiles. 9. Puis les fils du roi des Kaurava, ces jeunes gens parés de
boucles d’oreille, revêtus d’étoffes de grande
valeur, parfumés du meilleur santal, firent leurs ablutions et
firent le rite de bénédiction. 10. Avec leur chapelain à l’éclat pareil à
celui du feu, Dhaumya, ô Seigneur,
conformément aux règles, ils entrèrent tous
successivement dans l’assemblée, comme les grands taureaux
entrent joyeusement dans l’étable. 11. Puis ce connaisseur du Veda prépara le feu dévorant et versa une
oblation sur la flamme avec des mantras ; et ce connaisseur des mantras
mena Yudhiṣṭhira vers 12. Ce connaisseur du Veda les prit tous deux par les mains, les joignit et leur fit faire
le tour du feu par la droite. Puis après avoir donné congé
au héros resplendissant dans la bataille, le chapelain sortit de la
maison du roi. 13. Et ainsi, successivement, un jour après
l’autre, les fils de roi, dotés d’une
très grande beauté, ces grands auriges, continuateurs
de la lignée des Kuru, prirent alors la main de
cette excellente femme. 14. Et ce fut là un prodige extraordinaire, dépassant l’entendement
humain, que dit le sage brahmane : celle-ci, qui était
assurément d’une grande majesté avec sa taille fine, restait une jeune vierge à
mesure que les jours s’écoulaient. 15. Après la célébration du mariage, Drupada
donna aux grands auriges toutes sortes de richesses
magnifiques, une centaine de chars plaqués
d’or fin, attelés de quatre chevaux
ceints de brides d’or, 16. une centaine d’éléphants à la peau
tachetée de rouge tels une centaine de
montagnes aux sommets d’or, ainsi qu’une centaine
d’esclaves, éclatantes de jeunesse, vêtues de vêtements, de
bijoux et de chapelets de grande valeur. 17. Et un par un, le fils de Somaka leur
donna en présence du feu des richesses par dizaines de
myriades, de même que des vêtements et
des ornements de grand prix en rapport avec
leur majesté. 18. Et après la célébration du mariage, les
Pāṇḍava reçurent la femme couverte
d’une abondance de joyaux, et, pareils à Indra, ces très
puissants guerriers se promenèrent dans la cité du roi du
Pañcāla. |
1. 191. Conseils de Kuntī à
Draupadī. Cadeaux de Kṛṣṇa. (= 19 ślokas) |
Livre I,
chapitre 191
1.
Vaiśampāyana dit : « Quand Drupada fut
entré en alliance avec les Pāṇḍava, il n’y eut plus pour lui
aucune crainte, même des Dieux, en aucune manière. 2.
Les épouses de Drupada au grand cœur s’approchèrent de Kuntī, elles célébrèrent son nom et
inclinèrent leurs têtes à ses pieds. 3. Et
adressa le salut rituel à sa
belle-mère et se tint devant elle, la tête baissée et les mains jointes. 4.
Draupadī possédait la beauté et la distinction, elle avait de la
conduite et de la morale, et Pṛthā avec
amour dit à sa belle-fille cette bénédiction : 5.
« Comme Indrāṇī est au Dieu aux chevaux bais, et comme
Svāhā est au Feu brillant, et comme Rohiṇī
est à Soma, comme Damayantī est à Nala, 6.
comme Bhadrā est à Vaiśravaṇa, et comme Arundhatī est à
Vasiṣṭha, comme Lakṣmī est à
Nārāyaṇa, ainsi sois toi à tes maris, 7.
enfantant la vie, enfantant des héros, jouissant d’une grande félicité, heureuse, possédant des richesses,
maîtresse du sacrifice, très dévouée. 8. Et
que les années viennent à toi comme, constamment, tu rendras hommage comme il
convient aux saints hommes qui
viendront en hôtes, les jeunes, les vieux et les vénérables. 9.
Dans les royaumes et les cités, et avant tout dans le pays des Kuru, fais-toi donner l’onction
royale avec le roi auquel le Dharma est cher. 10.
Quand offre-la toute aux brahmanes
lors d’un grand sacrifice du cheval. 11.
Les joyaux précieux qui sont sur Terre, ô précieuse, obtiens-les, ô Excellence,
pour ton bonheur pour cent automnes. 12.
Et de même que je te souhaite aujourd’hui la bienvenue, ma bru, dans ton
vêtement de lin, de même je te souhaiterai à
nouveau la bienvenue quand tu auras vertueusement enfanté un fils. ». 13.
Et donc quand les Pāṇḍava eurent pris épouse, Hari [3]
leur offrit des bijoux d’or sertis de
perles et d’aigues-marines multicolores. 14.
Et Mādhava [4] offrit aussi
des tissus de grand prix de diverses contrées, des joyaux, des étoffes de
laine et des peaux d’antilope soyeuses et brillantes, 15.
des lits, des sièges, et divers grands véhicules, des aigues-marines et des
diamants multicolores et des vases par centaines. 16. Pleins
de beauté, de jeunesse et d’habileté, et tout ornés, Kṛṣṇa
offrit des serviteurs venus de diverses contrées, par milliers, 17.
des éléphants apprivoisés et dressés, et de bons chevaux tout ornés, et des chars d’ivoire décorés
de beaux bandeaux en or. 18.
Et le Destructeur-de-Madhu [5]
à l’âme incommensurable leur offrit de l’or brut par
millions à thésauriser. 19.
Et Yudhiṣṭhira, le roi du Dharma, reçut tout cela avec une très grande joie,
car il désirait complaire à Govinda [6]. |