(10) Mort de Baka : 145-152

 

1. 145. Les Pāṇḍava habitent chez le brahmane, et mendient leur nourriture. Un jour Kuntī et Bhīma entendent pleurer le brahmane et son épouse. Le brahmane reproche à son épouse de n’avoir pas voulu quitter la ville, comme il l’en pressait : “Je suis née ici”, disais-tu. Combien eut-il mieux valu qu’ils partent. Mais elle a toujours été une bonne épouse, comment pourrait-il la sacrifier ?. Et comment pourrait-il sacrifier sa fille. D’autre part, s’il y va lui-même, comment sa fille et son épouse pourront-elles vivre ? (=  40 ślokas)

Livre I, chapitre 145

1. Janamejaya dit :

« Mais une fois que les fils de Kuntī, ces grands auriges, furent arrivés à Ekacakrā,

que firent donc ensuite les Pāṇḍava, ô le meilleur des deux-fois-nés ? ».

2. Vaiśampāyana dit :

Une fois donc que les fils de Kuntī, ces grands auriges, furent arrivés à Ekacakrā,

ils habitèrent, pas très longtemps, dans la maison d’un brahmane.

3. Ils virent toutes sortes de charmants bosquets,

et aussi des lopins de terre, des rivières et des étangs.

4. Tous allèrent donc mendier, ô Seigneur des peuples,

et les gens de la cité prirent plaisir à les voir à cause de leurs vertus.

5. Et ils offraient leurs aumônes à Kuntī chaque nuit ;

ils mangeaient la portion qu’elle distribuait à parts égales à chacun d’entre eux.

6. Ces héros tourmenteurs de leurs ennemis en mangeaient la moitié avec leur mère,

et le très puissant Bhīma mangeait l’autre moitié de toute l’aumône.

7. Ainsi, pendant que ces hommes au grand cœur vivaient là, ô roi,

il se passa un temps très long, ô taureau des Bhārata.

8. Ainsi, un jour que ces taureaux des Bhārata étaient partis mendier,

il se trouva que Bhīmasena était en compagnie de Pṛthā.

9. Et Kuntī entendit dans la maison du brahmane

un grand cri de douleur, effrayant, qui s’élevait très fort, ô Bhārata.

10. Ils hurlaient tous et se lamentaient,

et la reine, par pitié et parce qu’elle était bonne, ne le supporta pas, ô roi.

11. Comme si son cœur était bouleversé par la douleur, la noble

Pṛthā dit à Bhīma cette parole pleine de compassion :

12. « Nous vivons très tranquillement, mon fils, dans la maison du brahmane,

inconnus des fils de Dhṛtarāṣṭra, nous sommes bien accueillis et apaisés.

13. Je me demande souvent, mon fils, ce que je pourrais faire

de gentil, comme feraient ceux qui logent tranquillement dans une maison.

14. Est vraiment un homme, mon cher, celui par lequel ne disparaît pas ce qui a été fait :

ce qu’un autre peut faire pour lui, il doit le faire en plus grand.

15. Là un malheur s’est abattu sur ce brahmane, c’est certain.

Si nous lui apportions notre aide, ce serait une bonne action… ».

16. Bhīma lui dit :

« Sachons quel est son malheur, et d’où il vient.

Quand nous le saurons, je prendrai une décision, même si cela était très difficile à faire. ».

17. Vaiśampāyana dit :

Et donc, tandis que tous deux parlaient, ils entendirent encore le cri

de douleur de ce brahmane et de sa femme, ô Seigneur des peuples.

18. Kuntī entra en hâte dans le gynécée

de ce brahmane au grand cœur, comme une vache dont le veau a été attaché.

19. Elle vit là ce brahmane en compagnie de sa femme,

de son fils et de sa fille, avec un visage altéré.

20. Le brahmane disait :

« Hélas ! Cette vie ici-bas est faite de feu, absurde,

enracinée dans le malheur, dépendante des autres et toute pleine d’infortune !

21. Dans la vie, extrême est le malheur, dans la vie, extrême est la fièvre de la douleur,

dans la vie, le présent voit perpétuellement arriver des dilemmes.

22. Car un homme, même seul, recherche le Dharma, le Profit et le Plaisir ;

et quand il en est privé, on estime que c’est le pire malheur.

23. Certains disent que la délivrance est ce qu’il y a de mieux, et elle n’existe en aucune façon ;

quand on obtient un profit, c’est un total enfer qui arrive.

24. Désirer le profit est le pire malheur, et pour celui qui a eu du profit c’est encore pire.

Et quand on est privé du profit que l’on aime, le malheur est encore plus grand.

25. Car je ne vois pas de moyen qui me délivrerait de mon malheur,

sauf si je m’enfuyais avec mon fils et ma femme vers un endroit plus sain.

26. Auparavant j’ai tâché de te faire comprendre, femme brahmane,

d’aller dans un endroit sûr, mais tu ne m’as pas écouté.

27. « C’est là que je suis née, que j’ai grandi, et c’est là qu’est mon père »

me disais-tu bêtement chaque fois que je te suppliais.

28. Car ton père devenu vieux est allé au ciel depuis longtemps, ainsi que ta mère,

et tes parents sont morts : quel plaisir y a-t-il à vivre ici ?

29. Et parce que tu désirais voir tes parents et que tu n’as pas écouté ma voix,

la disparition de notre famille est imminente, et cela me fait énormément de peine…

30. Ou plutôt c’est là ma propre disparition, car je ne pourrai en aucune façon,

en vivant moi-même comme un malfaisant, sacrifier une parente

31. qui m’a toujours accompagné dans ma pratique du Dharma et a dompté ses passions, qui est pour moi comme une mère,

qui m’a été donnée comme un ami par les dieux, qui a toujours été mon suprême refuge,

32. qui m’a été donnée par son père et sa mère pour être toujours ma partenaire dans la gestion de la maison,

que j’ai choisie pour femme selon les règles, et que j’ai épousée en récitant les formules,

33. qui est de noble origine, qui a une bonne conduite, qui est la mère de mes enfants…

Pour sauver ma vie, je ne peux pas sacrifier

une femme vertueuse qui ne m’a fait aucun tort, une épouse toujours dévouée…

34. Comment pourrai-je sacrifier ma fille de mon propre chef ?

C’est une enfant, elle n’est pas en âge, elle a l’aspect d’une prépubère.

35. En père au grand cœur, je l’ai réservée pour son mari :

quand avec mes ancêtres j’espère d’elle des gens qui naîtront de mes petits-fils,

comment supporter, après avoir engendré cette fille, de la sacrifier ?

36. Certains hommes pensent que l’affection d’un père est extrême pour son fils,

mais en revanche pas pour sa fille : moi je les estime tous les deux également.

37. C’est en lui que reposent la population et la procréation, ainsi que le bonheur éternel ;

mais comment supporterai-je de sacrifier cette fille innocente ?

38. De plus, si je me sacrifie moi-même, j’irai au royaume des morts et j’y brûlerai,

car si je les abandonne, il est évident qu’ils ne pourront pas vivre ici-bas.

39. Sacrifier l’un d’eux est un crime blâmé par les sages.

Et si je me sacrifie moi-même, ils mourront sans moi.

40. Après être tombé dans ce mauvais pas, je ne peux pas m’en sortir.

Hélas ! Pauvre de moi ! Quel chemin vais-je prendre aujourd’hui avec ceux de ma famille ?

Le mieux est de mourir avec eux tous : la vie n’est plus supportable… »

 

 

1. 146. L’épouse du brahmane lui représente qu’elle ira elle-même. C’est le devoir d’une épouse de se sacrifier pour son mari, même au prix de sa vie. De toutes façons, elle serait incapable d’assurer la survie de sa famille, s’il partait et d’inculquer à ses enfants les vertus nécessaires. C’est son devoir de se sacrifier et son existence a été bien remplie. (=  36 ślokas)

Livre I, chapitre 146

1. La femme brahmane dit :

« Tu ne dois jamais te livrer à la douleur comme un homme du commun.

Car celui qui sait, comme toi, sait qu’il n’y a pas de temps pour se livrer à la douleur.

2. Tous les hommes ici-bas doivent inéluctablement aller vers le trépas,

et ici-bas il n’y a pas à se livrer à la douleur pour des choses inéluctables.

3. L’épouse, le fils, la sœur, tout cela on le désire pour soi-même.

Mets fin à ton tourment en comprenant bien les choses : j’irai moi-même là-bas.

4. Car pour une épouse c’est un devoir suprême et éternel dans ce monde

d’agir pour le bien de son mari, même en renonçant à sa vie.

5. Et cette action que j’aurai accomplie t’apportera à toi aussi le bonheur ici-bas,

et elle sera impérissable dans l’au-delà et dans ce monde, et elle fera ma gloire.

6. C’est là aussi le vénérable Dharma que je t’explique :

c’est du profit pour toi, et le Dharma te paraît alors plus grand.

7. Le but pour lequel on désire une femme, tu l’as atteint avec moi :

une fille, et aussi un garçon. Je suis quitte avec toi de mes obligations.

8. Tu es à même de nourrir et de protéger nos deux enfants,

et moi je ne suis pas capable de nourrir et protéger nos deux enfants.

9. Car tu es venu à moi, qui te suis inférieure, pour nous donner tout ce que je désirais.

Comment tes deux jeunes enfants pourraient-ils vivre, et comment pourrais-je exister ?

10. Car comment, veuve et sans protecteur, avec deux jeunes enfants, sans toi

ferai-je vivre ces deux enfants, en restant dans la voie qui mène à la vertu ?

11. Et quand des hommes arrogants et imbus de leur personne convoiteront cette fille,

sans des gens qui seraient tes alliés, comment pourrai-je la protéger ?

12. Comme les oiseaux convoitent de la viande qu’on a jeté à terre,

de même tous les hommes convoitent une femme sans homme.

13. Et moi, détournée et convoitée par des hommes mauvais,

je ne pourrai pas rester dans le chemin choisi par les hommes de bien, ô le meilleur des deux-fois-nés.

14. Et cette unique fille de ta famille qui n’est pas préparée, comment

oserai-je la mettre dans la voie de tes ancêtres ?

15. Comment pourrai-je inculquer les vertus requises à ce garçon

orphelin et privé de tout, comme tu le ferais en homme qui voit où est le Dharma ?

16. Et aussi ma fille orpheline là sera méprisée,

des hommes indignes la convoiteront, tels des serviteurs écoutant les Veda.

17. Si je ne voulais pas la donner, étant donnée qu’elle serait fortifiée par tes vertus

ils la violenteraient et l’enlèveraient, comme des corbeaux une oblation lors d’un sacrifice.

18. Voyant que ton fils ne correspond pas à ce que tu es,

et que ta fille aussi est tombée sous l’empire d’hommes indignes,

19. et méprisée aux yeux du monde, et ainsi ne me reconnaissant plus moi-même

au milieu des hommes arrogants, ô brahmane, je mourrai, il n’y a pas de doute.

20. Mes deux jeunes enfants, privés de moi aussi bien que de toi,

périraient sans aucun doute, comme deux poissons quand l’eau décroît.

21. De toute manière aussi tous les trois nous périrons, sans aucun doute,

si nous sommes ainsi privés de toi : accepte de m’abandonner.

22. C’est la félicité suprême pour les femmes que de faire le voyage suprême avant leur mari,

et non, ô brahmane, de tourner en rond dans le domaine de leurs fils.

23. Ainsi je renonce à mon fils et à ma fille,

je renonce à mes parents et aussi, pour toi, à ma vie.

24. La constance d’une femme à s’en tenir toujours à ce qui est agréable et salutaire pour son mari

surpasse les sacrifices, les ascèses, les austérités et les dons de toutes sortes.

25. Ce que je veux faire est conforme au Dharma et respectable au plus haut point,

c’est à la fois quelque chose de désirable et d’avantageux, à la fois pour toi et pour notre famille.

26. Et l’on désire aussi avoir des enfants, des richesses, des amis chers

pour être délivré du Dharma de l’infortune : il en est de même pour l’épouse, selon l’avis des justes.

27. Soit d’un côté la famille tout entière, et moi de l’autre, ô toi qui fait croître notre famille :

tout cela n’est pas équivalent, c’est là la sentence des sages.

28. Fais avec moi ce qu’il faut faire, sauve-toi grâce à moi !

Laisse-moi partir, monseigneur, et protège mes enfants !

29. « On ne doit pas faire de mal à une femme » disent ceux qui connaissent le Dharma dans leurs sentences sur le Dharma.

On dit que les Rākṣasas connaissent le Dharma : il ne me tuerait peut-être pas…

30. Que les hommes soient tués, il n’y a aucun doute ; que les femmes soient tuées on peut en douter.

C’est donc pourquoi, toi qui connais le Dharma, tu dois me faire partir.

31. J’ai connu la jouissance, j’ai eu le bonheur, et j’ai suivi le Dharma ;

j’ai obtenu de toi que tu m’engendres des enfants qui me sont chers : perdre la vie ne me tourmentera pas…

32. J’ai enfanté un fils, je suis devenue adulte, j’ai toujours désiré ton bien :

considérant tout cela, ma résolution est donc faite.

33. Et quand tu m’auras abandonnée, seigneur, tu connaîtras encore une autre femme.

Alors ton Dharma sera à nouveau fermement établi.

34. Il n’est pas non plus contraire au Dharma, seigneur, que les hommes aient plusieurs femmes ;

mais pour les femmes c’est une très grande faute contre le Dharma de traiter par-dessus la jambe son premier mari.

35. Considérant tout cela et le fait que se sacrifier soi-même est blâmé,

sauve-toi grâce à moi, ainsi que notre famille et ces deux enfants. ».

36. Vaiśampāyana dit :

Quand sa femme lui eut dit ces mots, il la serra dans ses bras, ô Bhārata,

et avec sa femme il laissa doucement couler ses larmes, au comble du chagrin.

 

 

  1. 147. La fille du brahmane intervient à son tour. Les enfants sont faits pour sauver leurs parents. D’autre part, si elle perdait ses parents, son frère périrait sans doute, et les offrandes aux ancêtres ne seraient plus assurées. Elle-même finirait mal. Qu’on la laisse donc aller !. Le fils, encore tout jeune, ramasse une paille et dit : “Ne pleurez pas : avec cela, je tuerai le rākṣasa. (= 24  ślokas)

Livre I, chapitre 147

1. Vaiśampāyana dit :

Quand elle entendit les paroles hors de mesure de ses deux parents affligés,

la jeune fille, le corps complètement envahi par le chagrin, leur dit à tous deux :

2. « Pourquoi êtes-vous tant envahis par le chagrin et hurlez-vous comme si vous étiez sans protecteur ?

Ecoutez donc plutôt ce que je vais vous dire, et quand vous l’aurez entendu, faites votre possible.

3. Il est conforme au Dharma que je sois abandonnée par vous deux, il n’y a là aucun doute.

Je dois être abandonnée, abandonnez-moi : vous serez entièrement protégés grâce à moi.

4. C’est la raison pour laquelle on désire un enfant : « Il me secourra » :

le temps est venu, faites de moi votre canot de sauvetage.

5. Soit c’est ici-bas que l’enfant sauverait du danger, soit c’est une fois mort qu’il sauverait :

dans tous les cas il sauverait. C’est là ce que les sages appellent « un enfant ».

6. Et les grands-pères désirent toujours des fils de leurs filles :

eh bien je les sauverai moi-même en protégeant la vie de mon père.

7. Et mon jeune frère que voici, une fois que tu serais parti pour ce monde là-bas,

périrait en peu de temps, ça ne fait aucun doute.

8. Car, si mon père partait au ciel et si mon frère cadet périssait,

l’offrande aux ancêtres disparaîtrait et cela ne leur plairait pas.

9. Abandonnée par mon père, ainsi que par ma mère et mon frère, il ne fait aucun doute

que j’irais d’un malheur à un plus grand malheur et que j’en mourrais, n’étant pas accoutumée à cela.

10. Si tu es en bonne santé, que ma mère est libérée, et que mon frère est un garçonnet,

la lignée aussi bien que l’offrande croîtront, ça ne fait aucun doute.

11. Un fils c’est soi-même, une épouse c’est un ami, une fille c’est comme on dit un souci.

Libère-toi de ton souci et traite-moi selon le Dharma.

12. Je serai une fille sans protecteur, misérable où que j’aille,

si je suis privée de toi, père… Oh, si misérable…

13. Soit je ferai en sorte de délivrer ma famille,

et je porterai mes fruits en accomplissant une action très difficile à accomplir,

14. soit tu iras là-bas et tu m’abandonneras, ô le meilleur des deux-fois-nés,

et je serai opprimée. Considère cela pour moi aussi…

15. Dans mon intérêt, dans l’intérêt du Dharma, et dans l’intérêt de ta progéniture, ô le meilleur des pères,

sauve-toi toi-même, et puisque je dois être sacrifiée, abandonne-moi.

16. Quand il faut accomplir l’inévitable, ne laisse pas le temps passer :

si tu me donnes l’eau des libations, ce sera un bien pour moi.

17. Quelle pire misère y aurait-il si, quand tu seras monté au ciel, nous

quémandions notre nourriture auprès d’un étranger en courant en tous sens comme des chiens ?

18. Mais si tu es en bonne santé et libéré de ce tourment, de même que tes parents,

quand je séjournerai dans le monde de l’éternité, je serai heureuse. ».

19. En entendant ses diverses lamentations,

le père, la mère ainsi que la jeune fille éclatèrent tous trois en sanglots.

20. Alors, en les entendant tous sangloter, leur fils,

ouvrant de grands yeux candides, leur dit d’une voix basse et confuse :

21. « Ne pleure pas papa, ni toi maman, ni toi ma sœur » dit-il,

et en riant, il se traîna à quatre pattes auprès de chacun d’eux.

22. Et prenant un brin d’herbe, il dit à nouveau, tout content :

« Avec ça je tuerai le Rākṣasa mangeur d’hommes ! ».

23. Quoique accablés par le chagrin, quand ils entendirent

la voix confuse du garçonnet, ils furent pris d’une grande joie.

24. Voyant que c’était le moment, Kuntī s’approcha d’eux,

et comme si elle ressuscitait des morts avec de l’ambroisie, elle leur dit ceci :

 

 

  1. 148. Kuntī intervient et demande ce qu’il se passe. Un rākṣasa, Baka, protège la ville en échange d’un char de riz, de deux buffles et de l’homme qui les conduit. Chaque famille y passe à son tour, et il n’y a pas moyen d’y échapper. Le tour du brahmane est venu, et il ne voit pas comment se sauver. Il projette d’y aller avec toute sa famille, pour en finir une fois pour toutes. (=  16 ślokas)

Livre I, chapitre 148

1. Kuntī dit :

« Je veux savoir de quelle origine est ce malheur en vérité,

et quand je saurai, je pourrais t’en débarrasser s’il est possible de t’en débarrasser. »

2. Le brahmane lui dit :

« Ce que tu dis, ô ascète, est le fait de gens de bien ;

mais il n’est pas possible à un humain de repousser ce malheur.

3. A proximité de la cité vit Baka, un Rākṣasa,

le puissant seigneur de la contrée et de la ville.

4. Engraissé de chair humaine, méchant et mangeur d’hommes,

ce puissant roi Asura garde sans cesse cette contrée,

5. ainsi que la ville et le pays, car il possède la force des Rākṣasas :

par conséquent nous ne craignons pas les ennemis qui nous encerclent, ni les fantômes.

6. Le salaire qu’il a fixé est qu’il ait à manger un chariot de riz,

deux buffles et l’homme qui viendra les amener.

7. Et chaque homme à son tour lui fournit sa nourriture :

après plusieurs années c’est le moment inévitable pour les hommes.

8. Et tous les hommes qui cherchent à y échapper,

eh bien, le Rākṣasa les tue avec leurs enfants et leurs femmes, et il les mange.

9. A Vetrakīyagṛha, notre roi ne pratique pas ici une politique

qui perpétuerait le bien-être de ses sujets dès maintenant.

10. Nous méritons sans doute cela, nous qui vivons dans le pays

d’un faible, qui sommes constamment anxieux, cherchant refuge auprès d’un mauvais roi.

11. A qui doit-on dire qu’appartiennent les brahmanes ? Ou au gré de qui se déplacent-ils ?

Car grâce à leurs vertus ils vont habiter où ils le désirent, comme le font les oiseaux.

12. « Trouve d’abord un roi, puis une femme, puis la richesse :

en réunissant ces trois choses, on protègera ses parents et ses enfants. »

13. J’ai eu tout l’inverse avec ces trois :

nous sommes tombés dans ce malheur, et nous sommes extrêmement tourmentés.

14. Le moment est arrivé pour nous qui détruira notre famille.

Il faut que je lui donne son salaire : un homme à manger.

15. Et je n’ai pas d’argent pour acheter un homme,

et je ne peux en aucune façon livrer quelqu’un que j’aime…

Et par conséquent je ne vois aucun moyen d’échapper au Rākṣasa.

16. Et moi, je suis plongé dans la grande houle du malheur, vraiment inéluctable,

et je vais aller aujourd’hui chez le Rākṣasa en compagnie des miens :

ainsi cet être vil nous mangera tous ensemble… ».

 

 

 

  1. 149. Kuntī propose qu’un de ses fils aille porter la nourriture au rākṣasa. Le brahmane ne peut accepter qu’un hôte, brahmane de surcroît, se sacrifie pour lui. Kuntī lui explique qu’elle ne sacrifierait pas non plus l’un de ses fils : mais le rākṣasa ne pourra rien contre lui : il a déjà fait ses preuves et possède des pouvoirs magiques. Toutefois, le brahmane ne devra pas raconter ce qui s’est passé. Et Bhīma promet d’y aller. (=  20 ślokas)

Livre I, chapitre 149

1. Kuntī dit :

« Tu ne dois en aucune façon te livrer au désespoir à cause de cette peur :

je vois ici un moyen d’échapper au Rākṣasa.

2. Tu as un seul fils encore jeune, et une seule fille dans l’austérité ;

je n’approuve pas que toi, ces deux enfants et ta femme alliez là-bas.

3. J’ai cinq fils, ô brahmane, l’un d’eux ira

apporter pour toi l’offrande à ce méchant Rākṣasa. ».

4. Le brahmane lui dit :

« Je ne te ferai pas faire cela, même si je désire vivre, en aucune façon !

Un brahmane et en même temps un hôte perdre sa vie pour moi !...

5. Même chez les gens de basse extraction et loin du Dharma on ne trouve pas

que, pour un brahmane, on puisse se sacrifier soi-même et aussi son fils.

6. Je dois réfléchir à ce qui est le mieux pour moi, à ce qui me semble :

entre tuer un brahmane et me tuer moi-même, le mieux est de me tuer moi-même.

7. Tuer un brahmane est le pire des crimes : il n’y a pour cela aucune expiation.

Même si ce que je fais n’est pas guidé par l’intelligence, le mieux est de me tuer moi-même.

8. Or je ne souhaite pas me tuer moi-même, ô femme rayonnante :

et si je suis tué par d’autres, on ne m’imputera aucun crime.

9. Si je commets le meurtre d’un brahmane de propos délibéré,

je ne vois là aucune expiation, ce serait une action criminelle et vile.

10. Abandonner un homme qui est venu chez vous ou qui vous a demandé protection,

ou tuer un suppliant, on estime que c’est le pire des crimes.

11. « Il ne faut jamais accomplir un acte blâmable ni un crime » :

c’est ce que jadis considéraient les hommes au grand cœur qui connaissaient le Dharma en cas de détresse.

12. Le mieux pour moi est que je me fasse périr aujourd’hui en compagnie de mon épouse :

jamais je n’approuverai le meurtre d’un brahmane ! ».

13. Kuntī lui dit :

« C’est aussi mon avis, ô brahmane : les brahmanes doivent être protégés, c’est certain.

Et je n’aimerais pas moins mon fils, même si j’avais une centaine de fils.

14. Mais ce Rākṣasa n’est pas capable de détruire mon fils :

mon fils est vigoureux, expert en formules magiques, et il rayonne de puissance.

15. Et il amènera toute cette nourriture au Rākṣasa

et il se délivrera lui-même, telle est ma conviction.

16. Des Rākṣasas ont déjà rencontré ce héros, on les a déjà vus :

ils étaient puissants, avec de grands corps, et ils ont aussi été tués en grand nombre.

17. Mais, ô brahmane, tu ne dois jamais en parler à personne,

car ceux qui recherchent le savoir importuneraient mes fils avec leur curiosité.

18. Celui que mon fils accepterait sans y être autorisé par son gourou

ne pourrait pas faire ce qui doit être fait avec ce savoir : c’est l’avis des justes. ».

19. Vaiśampāyana dit :

A ces mots de Pṛthā, le brahmane, accompagné de sa femme,

tout content, loua cette parole pareille à de l’ambroisie. 

20. Puis Kuntī et le brahmane, ensemble, dirent au fils du Vent

« Accomplis cela ! », et il leur dit : « D’accord ! ».

 

 

  1. 150. Yudhiṣṭhira reproche à Kuntī de vouloir sacrifier Bhīma. Mais celle ci réplique qu’elle a confiance dans la force de Bhīma, et que, d’autre part, elle a agi selon la loi, qui commande d’être reconnaissant des bienfaits reçus et de venir au secours aux brahmanes. (= 27  ślokas)

Livre I, chapitre 150

1. Vaiśampāyana dit :

« Ce sera fait » avait promis Bhīma, ô Bhārata ;

et arrivèrent alors tous les Pāṇḍava qui amenaient la nourriture qu’ils avaient mendiée.

2. Yudhiṣṭhira, le fils de Pāṇḍu, le comprit à son expression :

en secret il vint alors s’asseoir tout seul avec sa mère et l’interrogea :

3. « Quel exploit veut accomplir Bhīma à la force terrible ?

Avec ton accord, Dame, veut-il faire quelque chose ici ? ».

4. Kuntī lui dit :

« A ma demande, ce tourmenteur de ses ennemis accomplira

ce qui doit être accompli pour le brahmane et pour la libération de la cité.

5. Yudhiṣṭhira lui dit :

« Quelle mauvaise action, irréfléchie et cuisante tu as faite, Dame !

Car les hommes de bien ne louent pas le sacrifice d’un fils !

6. Comment peux-tu désirer abandonner ton propre fils pour le fils d’un autre ?

En sacrifiant ton fils tu as fait quelque chose contraire à l’ordre du monde.

7. Lui, dont les deux bras sont notre appui et font que nous dormons tous tranquillement,

et que nous essayons de récupérer le royaume qui nous a été volé par des êtres vils.

8. Lui, dont l’héroïsme à l’énergie sans limite hante Duryodhana :

toutes les nuits avec Śakuni il ne dort pas parce qu’il est tourmenté.

9. Lui, ce héros, dont la valeur nous a délivrés de la maison de laque

et aussi d’autres maux, et a tué Purocana.

10. Lui, dont la valeur est notre appui et qui fait que nous pensons

posséder la Terre nourricière pleine de richesses, une fois tués les fils de Dhṛtarāṣṭra.

11. Décider de le sacrifier… Quelle idée t’est venue ?...

N’est-il pas vrai qu’à cause de tes malheurs ta pensée va à la dérive et perd l’esprit ? ».

12. Kuntī lui dit :

« Yudhiṣṭhira, il n’y a pas de souci à se faire pour Ventre-de-loup,

et je n’ai pas pris ma décision parce que je suis faible d’esprit !

13. Ici, dans la maison du brahmane, nous avons vécu tranquilles, mon fils :

je considère, mon cher, que c’est une rétribution pour cela.

Est vraiment un homme celui par lequel ne disparaît pas ce qui a été fait.

14. Ayant vu alors la vaillance de Bhīma, dans la maison de laque, quelque chose de grand,

et aussi lors du meurtre d’Hiḍimba, j’ai confiance dans Ventre-de-loup.

15. Car la force des deux bras de Bhīma est grande, pareille à une myriade d’éléphants :

grâce à elle vous êtes sortis de Vāraṇāvata comme sur des éléphants.

16. Il n’y a pas d’autre homme, et il n’y en aura pas, qui ait la force de Ventre-de-loup,

qui se lève dans le combat contre le meilleur, même contre le Porteur-du-foudre en personne.

17. A peine né, jadis, il sortit de mon giron, dans la montagne,

et la masse de son corps était telle que les rochers furent pulvérisés par ses membres [1].

18. C’est en sachant cela, fils de Pāṇḍu, que j’ai songé à la force de Bhīma,

et que j’ai conçu cette idée pour récompenser le brahmane.

19. Ce n’est pas par confusion, ni par ignorance, ni par égarement que j’ai décidé de cela :

c’est parce qu’auparavant j’avais songé au Dharma que j’ai pris ma décision !

20. Cela produira deux avantages, Yudhiṣṭhira :

la récompense pour nous avoir logés, et la pratique d’un grand aspect du Dharma.

21. Un noble guerrier qui porterait assistance à un brahmane, en quelque affaire que ce soit,

obtiendrait des mondes splendides, c’est que j’ai entendu dire.

22. Un noble guerrier qui fait en sorte de délivrer un noble guerrier de la mort

obtient une grande gloire, et dans ce monde et dans l’autre monde.

23. Mais un noble guerrier qui, au combat, porte même assistance à un travailleur,

celui-là dans tous les mondes aussi ses sujets l’aiment éternellement.

24. Mais un roi qui libère un serviteur venu chercher refuge auprès de lui

obtient de renaître dans une famille qui a de l’argent et est honorée par le roi.

25. C’est ainsi, ô fils des Kaurava, que le bienheureux Vyāsa jadis

disait, lui qui était très sage. C’est pourquoi je veux que cela soit fait. ».

26. Yudhiṣṭhira lui dit :

« Mère, ce que tu as décidé là après réflexion est quelque chose d’approprié,

tu l’as fait par compassion pour ce pauvre brahmane.

Il est certain que Bhīma ira tuer ce mangeur d’hommes.

27. Mais afin que les hommes qui habitent la cité ne le sachent pas,

il faut parler au brahmane et l’entourer soigneusement. ».

 

 

  1. 151. Bhīma conduit les deux buffles et le char de riz, appelle le rākṣasa, et se met à manger le riz. Baka furieux lui demande : “Qui es-tu, tu manges mon tribut”. Bhīma l’ignore et continue à manger. Baka le frappe de ses poings, mais Bhīma continue à manger. Baka déracine un arbre, le jette sur Bhīma. Bhīma s’essuie la bouche, saisit l’arbre de la main gauche. Le combat commence, Bhīma étouffe le rākṣasa dans ses bras et le casse en deux. (= 24  ślokas)

Livre I, chapitre 151

1. Vaiśampāyana dit :

Et, quand la nuit fut écoulée, Bhīmasena, le fils de Pāṇḍu amena

la nourriture et alla là où était ce mangeur d’hommes.

2. Le puissant fils de Pāṇḍu atteignit la forêt de ce Rākṣasa

 et il l’appela par son nom, tout en s’attaquant à la nourriture.

3. Et quand le Rākṣasa entendit cet appel de Bhīmasena

 il vint très en colère à l’endroit où Bhīma s’était posté.

4. Il avait un grand corps, il était comme un grand torrent qui creuse la Terre,

fronçant la triple rangée de ses sourcils, grinçant des dents.

5. Le Rākṣasa vit Bhīmasena qui mangeait sa nourriture.

 Roulant ses yeux de colère, il lui dit cette parole :

6. « Qui c’est celui-là qui mange cette nourriture préparée pour moi ?

 Visiblement il m’en veut ! Il veut partir vers la maison de Yama ! »

7. Et Bhīmasena en entendant cela était mort de rire, ô Bhārata,

 et sans un regard pour le Rākṣasa il mangeait en détournant la tête.

8. Alors prenant un aspect effrayant et levant ses deux mains,

le mangeur d’hommes fondit sur Bhīmasena pour le tuer.

9. Cependant, Ventre-de-loup sans le regarder raillait

 le Rākṣasa, et le fils de Pāṇḍu, le tueur des héros ennemis, mangeait la nourriture.

10. Plein de colère contre le fils de Kuntī, le Rākṣasa

 frappa son dos de ses deux mains, puisqu’il était dans son dos.

11. Ainsi Bhīma fut violemment frappé par les mains du puissant Rākṣasa,

 mais il ne le regarda même pas et continua à manger.

12. Encore plus en colère, le Rākṣasa prit un arbre

 pour le frapper et fondit à nouveau puissamment sur Bhīma.

13. Et Bhīma, ce taureau parmi les hommes, après avoir dégusté lentement cette nourriture,

se rinça la bouche avec de l’eau et, joyeux, il se leva pour se battre avec toute sa grande force.

14. Saisissant énergiquement l’arbre qu’on lui avait lancé avec colère

de la main gauche, Bhīma était mort de rire, ô Bhārata.

15. A nouveau le puissant Rākṣasa, brandissant à nouveau des arbres de toutes sortes,

 les jetait sur Bhīmasena, et Bhīma, le fils de Pāṇḍu, faisait de même.

16. Ce fut un combat à coups de troncs d’arbres qui ravageait ce qui poussait sur la Terre,

grand, horrible à voir, ô grand roi, entre Baka et le fils de Pāṇḍu.

17. En hurlant son nom, Baka poursuivit le fils de Pāṇḍu

 et saisit le puissant Bhīmasena entre ses deux bras.

18. Là-dessus Bhīmasena de ses grands bras étreignit le Rākṣasa

 qui frémissait comme un grand torrent, et il le tira de force puissamment.

19. Traîné par Bhīma et traînant lui-même le fils de Pāṇḍu,

 le mangeur d’hommes était subjugué par un terrible épuisement.

20. La Terre tremblait sous leur impétuosité à tous deux,

et ils mettaient en miettes des arbres aux grands troncs.

21. Quand il vit que le Rākṣasa dépérissait, ô taureau des Bhārata,

 Ventre-de-loup l’écrasa au sol et lui donna des coups de poings.

22. Puis lui comprimant le dos très violemment avec son genou,

 de sa main droite il serra son cou,

23. et de sa main gauche le fils de Pāṇḍu saisit ses vêtements à la région de la hanche :

et il cassa en deux le Rākṣasa qui poussait des hurlements effroyables.

24. Et du sang rouge coula, ô Seigneur des peuples, de la bouche

de l’épouvantable Rākṣasa coupé en deux par Bhīma.

 

 

  1. 152. La famille du rākṣasa se précipite. Bhīma leur enjoint de ne plus faire de tort aux humains, sous peine de subir le même sort. On découvre le corps du rākṣasa, la nouvelle se répand, on interroge le brahmane : il répond qu’un brahmane inconnu lui a proposé d’aller lui-même porter le tribut au rākṣasa ; c’est tout ce qu’il sait. (=  19 ślokas)

Livre I, chapitre 152

1. Vaiśampāyana dit :

Effrayée par ce bruit, la famille du Rākṣasa

surgit de sa maison, ô roi, en compagnie des serviteurs.

2. Ils étaient effrayés, avaient perdu l’esprit ; Bhīma, le meilleur des guerriers,

puissant, les apaisa et les amena à faire une convention :

3. « Vous ne sauriez nuire davantage à un homme ici, jamais !

 Car pour ceux qui le feraient ce serait immédiatement la même mort ! ».

4. Quand ils eurent entendu cette parole, ô Bhārata, les Rākṣasas

 lui dirent : « Qu’il en soit ainsi… », et ils acceptèrent cette convention.

5. Dès lors les Rākṣasas de cet endroit furent gentils, ô Bhārata,

et ils se montraient dans la cité aux hommes qui habitaient la cité.

6. Puis Bhīma amena le cadavre du mangeur d’hommes

à proximité de la porte de la ville, l’y déposa, et repartit sans être vu.

7. Puis après l’avoir tué, Bhīma retourna à la maison du brahmane

 et raconta au roi comment cela s’était passé, tout en détails.

8. Puis, à l’aube, les hommes sortirent de la cité

 et ils virent sur le sol le Rākṣasa tué, couvert de sang,

9. pareil au sommet d’une montagne, écartelé, effrayant.

 Puis ils allèrent à Ekacacra et répandirent la nouvelle par la suite.

10. Puis par milliers, ô roi, les hommes qui habitaient la cité

 vinrent là pour voir Baka, avec les femmes, les vieillards et les garçonnets.

11. Et tous étaient sidérés en voyant cet exploit surhumain,

et ils rendirent hommage à toutes les statues de dieux, ô Seigneur des peuples.

12. Puis ils calculèrent à qui c’était le tour ce jour-là d’être mangé,

 et quand ils le surent, ils allèrent chez le brahmane et l’interrogèrent sur tout.

13. Il fut ainsi interrogé à maintes reprises, mais il protégea les fils de Pāṇḍu.

Ce taureau parmi les brahmanes dit alors ceci à tous les habitants de la ville :

14. « Tandis que je pleurais avec les gens de ma famille parce qu’on m’avait ordonné d’être mangé,

un brahmane expert en formules magiques et très puissant m’a vu.

15. Il m’a interrogé sur ce qui tourmentait la cité auparavant,

 et cet excellent brahmane m’a rassuré et, mort de rire, il m’a dit :

16. « C’est moi qui amènerai cette nourriture à ce scélérat.

 Vous n’avez pas à vous faire non plus de souci pour moi » dit-il vaillamment.

17. Il prit la nourriture et partit vers la forêt de Baka :

c’est vraisemblablement par lui qu’a été accompli cet exploit bénéfique au monde. ».

18. Tous les brahmanes et les nobles guerriers étaient vraiment stupéfaits,

et les travailleurs et les serviteurs, joyeux, firent alors une Fête du Brahmane.

19. Puis tous les villageois accoururent vers la cité

pour voir un tel prodige ; et les fils de Pṛthā habitèrent là-même.

 

 



[1] Cf. Mah. I,114, 9 sq.)