(16) Séjour d’Arjuna dans la forêt : 200-210

 

 1. 200. Le règne de Yudhiṣṭhira. Arrivée de Nārada. Il raconte l’Histoire de Sunda et Upasunda. Ces deux frères Asuras se sont entre-tués à cause de Tilottamā. (= 23 ślokas)

 

Livre I, chapitre 200

1. Janamejaya dit :

« Quand ils eurent reçu ce royaume à Indraprastha, ô ascète,

que firent ensuite les Pāṇḍava au grand cœur ?

2. Car tous ces héros au grand cœur sont mes antiques ancêtres.

Et Draupadī, leur épouse selon le Dharma, comment les suivit-elle ?

3. Ou comment, à propos de la Noiraude qui était unique, ces cinq rois

bienheureux ont-ils pu ne pas se détruire mutuellement ?

4. Je désire entendre tout cela en détail, ô ascète,

leur façon de se comporter entre eux en étant mariés à la Noiraude… ».

5. Vaiśampāyana dit :

« Après avoir reçu leur congé de Dhṛtarāṣṭra, en compagnie de la Noiraude, les Pāṇḍava,

ces tigres parmi les hommes, ces tourmenteurs de leurs ennemis, se réjouirent d’avoir obtenu leur royaume.

6. Après avoir obtenu le royaume, le très glorieux Yudhiṣṭhira, fidèle à sa parole,

régna sur sa terre conformément au Dharma en compagnie de ses frères.

7. Après avoir vaincu leurs ennemis, pleins de sagesse, ne pensant qu’à la Vérité et au Dharma,

les fils de Pāṇḍu vécurent là en goûtant une joie extrême.

8. S’acquittant de toutes les affaires concernant les citoyens, ces taureaux parmi les hommes

siégeaient sur des trônes d’un grand prix.

9. Alors que tous ces héros au grand cœur siégeaient ainsi,

il se trouva que Nārada, le sage divin, arriva.

Yudhiṣṭhira lui donna son propre siège éclatant.

10. Quand le sage divin se fut assis, l’eau d’hommage, conformément à la règle,

lui fut offerte par le sage Yudhiṣṭhira, lequel lui présenta le royaume.

11. Quand il reçut cet hommage, le sage eut le cœur réjoui,

il le célébra par des bénédictions et lui dit : « Assieds-toi ».

12. Et quand le roi Yudhiṣṭhira avec sa permission se fut rassis,

il envoya dire à la Noiraude que le bienheureux était là.

13. A cette annonce, Draupadī se purifia aussi soigneusement

et alla à l’endroit où était assis Nārada en compagnie des Pāṇḍava.

14. Se conduisant selon le Dharma, la fille de Drupada salua les pieds

du divin sage et se tint debout, bien couverte, les mains jointes sur son front.

15. Et pour la fille du roi aussi Nārada, le meilleur des sages,

au cœur loyal, de sa voix véridique prononça diverses bénédictions :

« Qu’elle parte » dit le bienheureux à la fille irréprochable.

16. Quand la Noiraude fut partie et qu’ils furent seuls,

le bienheureux sage dit à tous les Pāṇḍava précédés par Yudhiṣṭhira :

17. « La fille de Pañcāla, Seigneurs, est votre seule glorieuse épouse selon le Dharma :

pour qu’il n’y ait pas de zizanie entre vous, il faut que soit établie une règle de conduite.

18. Sunda et Upasunda étaient deux frères Asuras, tous deux étaient ensemble,

ils ne pouvaient subir de mal des autres, ils étaient célèbres dans les trois mondes.

19. Leur royaume leur était commun, leur maison leur était commune, leur lit, leur siège, leur nourriture leur étaient communs ;

à cause de Tilottamā, ils s’entretuèrent.

20. Pour cette raison, préserve l’affection mutuelle qu’il y a entre vous,

fais en sorte, ô Yudhiṣṭhira, qu’il n’y ait pas là pour vous de zizanie ! ».

21. Yudhiṣṭhira dit :

« Les Asuras Sunda et Upasunda, de qui étaient-ils les fils, ô grand anachorète,

et comment naquit la zizanie, et comment se sont-ils entretués ?

22. Et cette Apsaras, cette jeune déesse Tilottamā, de qui est-elle la fille ?

Par quel désir furent-ils enivrés au point de s’entretuer ?

23. Comment tout cela a tourné, ô ascète, en détails

nous désirons l’entendre, ô brahmane, car notre curiosité est extrême. ».

 

 

  1. 201. Les deux frères, Sunda et Upasunda, sont très unis. Pour conquérir les trois mondes, ils se livrent à une ascèse terrible. Brahmā leur offre un vœu : ils demandent l’immortalité. Après négociation, ils obtiennent que rien, à part eux-mêmes, ne puisse leur faire de mal. Ils regagnent leur palais pour y fêter l’événement. (= 32 ślokas)

 

Livre I, chapitre 201

1. Nārada dit :

« Apprends de moi en détails cet antique récit épique,

comment cela s’est déroulé, réuni avec tes frères, ô Yudhiṣṭhira, fils de Pṛthā.

2. Jadis, dans le lignage du grand Asura Hiraṇyakaśipu,

il y avait un puissant roi des Daityas, éclatant, du nom de Nikumbha.

3. Il lui était né deux fils très héroïques, d’une force terrible,

ils mangeaient ensemble l’un à côté de l’autre, ils ne marchaient pas l’un sans l’autre,

4. se faisant des gentillesses l’un l’autre, se disant des gentillesses l’un l’autre,

se comportant de la même façon, comme s’ils étaient une seule personne divisée en deux.

5. Devenus grands et très puissants, leurs occupations aussi n’étaient dictées que par une seule décision,

et pour conquérir les trois mondes ils s’en tenaient à une seule décision.

6. Après avoir fait leur initiation, ils allèrent dans les monts Vindhya, et là ils se livrèrent à l’ascèse.

Et au bout d’un long temps ils acquirent la force de l’ascèse.

7. Épuisés par la faim et la soif, portant les vêtements d’écorce et les cheveux en nattes,

le corps tout couvert de crasse, ils se nourrissaient de vent.

8. Ils faisaient brûler en offrandes leurs propres chairs, se tenaient sur la pointe de leurs gros orteils,

les bras levés sans cligner des yeux, et ils restèrent fidèles à leurs vœux un long temps.

9. Rendus longtemps brûlants par la puissance de leur ascèse,

les monts Vindhya laissaient échapper de la fumée : c’était comme un prodige.

10. Alors les Dieux furent effrayés en voyant leur redoutable ascèse,

et les Dieux leur mirent des obstacles pour faire opposition à leur ascèse.

11. Ils essayèrent encore et encore de les séduire tous deux avec des joyaux et des femmes,

mais ils ne rompirent pas leurs vœux, étant très attachés à leurs vœux.

12. Et les Dieux suscitèrent encore une illusion à leurs grands cœurs :

leurs sœurs, leurs mères, leurs femmes, ainsi que les gens de leur entourage

13. couraient en tous sens, terrorisés par un Rākṣasa, une pique à la main,

tandis que leurs ornements et leurs cheveux se détachaient, et que leurs vêtements tombaient absolument en morceaux.

14. Tous ainsi couraient vers eux et les appelaient au secours : « Sauvez-nous ! ».

Mais ils ne rompirent pas leurs vœux, étant très attachés à leurs vœux.

15. Comme aucun des deux n’était gagné par le trouble ou la douleur,

les femmes et la créature, tout disparut.

16. Alors l’Aïeul [1] alla voir en personne les deux grands Asuras,

et l’Aïeul de tous les mondes leur offrit un vœu.

17. Et les deux frères, Sunda et Upasunda à la vaillance inébranlable,

quand ils virent le Dieu Aïeul se mirent debout, les mains jointes au-dessus de leurs têtes.

18. Et tous deux s’adressèrent alors ainsi ensemble au Seigneur Dieu :

« Si l’Aïeul est content de notre ascèse,

19. nous deux qui connaissons la magie, qui connaissons les armes, qui sommes forts et pouvons changer de forme à volonté,

puissions-nous aussi tous deux être immortels, si le Seigneur est de bonne grâce pour nous ! ».

20. L’Aïeul dit :

« Hormis l’immortalité, toute autre chose que vous direz sera.

Choisissez un autre arrangement pour la mort, semblable à celui des immortels.

21. Vous avez manifesté la grande force de votre ascèse en sachant ce qui allait arriver :

pour cette raison, l’immortalité ne vous est pas accordée.

22. C’est pour la conquête des trois mondes, Seigneurs, que vous avez pratiqué cette ascèse :

pour cette raison, ô rois des Daityas, je ne réalise pas votre désir. ».

23. Sunda et Upasunda dirent :

« Dans les trois mondes quelle que soit la créature, végétale ou animale,

que toute créature ne soit pas un danger pour nous, hormis nous deux, ô Aïeul ! ».

24. L’AÏeul dit :

« Le désir que vous sollicitez, je vous l’accorde selon ce que vous dites :

c’est exactement l’arrangement pour la mort que vous aurez. ».

25. Nārada dit :

« Puis, l’Aïeul en leur accordant alors ce vœu

les détourna de leur ascèse et il retourna au monde de Brahmā.

26. Après avoir obtenu tous leurs vœux, ces deux rois des Daityas,

comme le monde entier ne pouvait leur nuire, allèrent dans leur palais.

27. Quand ils virent que ces deux grands Asuras avaient obtenu leur vœu et réalisé leur désir,

tous leurs amis entrèrent dans une joie extrême.

28. Puis, après s’être débarrassés de leurs nattes d’ascètes, ils se mirent à se ceindre de diadèmes,

à avoir des bijoux de grand prix, et à porter des vêtements immaculés.

29. Et ils célébrèrent la fête de Kaumudī [2], bien que ce ne fût pas la date, satisfaisant tous leurs désirs,

et les rois des Daityas et leurs amis étaient au comble de la joie.

30. « Qu’on mange ! Qu’on se régale toujours ! Qu’on jouisse ! Qu’on chante ! 

Qu’on boive ! Qu’on fasse des cadeaux ! » disaient les voix de maison en maison.

31. Ça et là, dans de grandes beuveries résonnant du claquement des mains levées,

toute la ville des Daityas frémissait de joie.

32. Et avec les nombreux passe-temps successifs des Daityas qui pouvaient changer de forme à volonté,

les années, pendant qu’ils jouaient ensemble, passèrent comme si c’était un seul jour.

 

 

  1. 202. Ils se mettent à conquérir les mondes, font fuir les dieux, massacrent les brahmanes. La terre est dévastée. (= 27 ślokas)

 

Livre I, chapitre 202

1. Nārada dit :

« Dès que le festival se fut achevé, tous deux, désirant les trois mondes,

délibérèrent et ordonnèrent alors leur armée.

2. Ayant pris congé de leurs amis, des anciens parmi les Daityas et de leurs conseillers,

et après avoir fait les préparatifs pour le départ, ils se mirent en route dans la nuit des Maghās.

3. Avec une grande armée de Daityas portant des massues et des lances à trois pointes,

des piques et des maillets à la main, partageant le même Dharma, ils se mirent en marche.

4. Tandis qu’avec des bénédictions et des louanges composées pour leur victoire,

les chanteurs célestes les célébraient, ils partirent tous deux, au comble de la joie.

5. Les deux Daityas qui pouvaient aller où ils désiraient s’envolèrent dans l’atmosphère

et allèrent vers la demeure des Dieux, ivres de combat.

6. Les voyant arriver et connaissant la faveur  du Seigneur,

les Dieux, abandonnant le Ciel d’Indra, allèrent vers le monde de Brahmā.

7. Après avoir conquis le monde d’Indra et vaincu les troupes des Yakṣas et des Rākṣasas,

ils vainquirent aussi les êtres célestes avec leur terrible puissance.

8. Et les deux grands Asuras, après avoir vaincu les serpents qui vivent à l’intérieur de la terre,

écrasèrent tous ceux qui vivent dans l’Océan et toute la nation des Barbares.

9. Puis, ces deux chefs impitoyables ayant entrepris de conquérir toute la Terre,

convoquèrent leurs troupes et leur dirent ces mots très virulents :

10. « Les sages de sang royal avec leurs grands sacrifices et les deux-fois-nés avec leurs offrandes aux Dieux et aux ancêtres

augmentent l’éclat et la force des Dieux, ainsi que leur gloire.

11. Tous ces ennemis des Asuras qui prospèrent,

nous devons tous nous unir pour les détruire de tout notre cœur ! ».

12. Après avoir donné leurs instructions à tous ceux qui étaient sur la rive orientale de l’Océan,

ils entreprirent leur projet sanglant en s’élançant en tous sens.

13. Quiconque faisait un sacrifice et les deux-fois-nés qui faisaient des sacrifices,

tous, dès qu’ils étaient vus, étaient tués violemment par les deux puissants frères.

14. Dans les ermitages des sages absorbés par leurs études, les feux sacrés

furent emportés et jetés hardiment dans les eaux par leurs armées.

15. Et les malédictions que, dans leur colère, lançaient contre eux les ascètes au grand cœur

ne touchaient pas ces deux-là qui se pavanaient à cause de la faveur qu’on leur avait faite.

16. Comme les malédictions ne les touchaient pas, telles des flèches lancées contre des rochers,

les deux-fois-nés, renonçant alors à leur observance, s’enfuirent en tous sens.

17. Ceux qui sur Terre avaient atteint la perfection de l’ascèse, avaient dompté leurs passions, qui étaient absorbés par la paix du cœur,

ceux-là, effrayés devant eux, s’enfuirent, tels des serpents devant le fils de Vinatā [3],

18. avec leurs ermitages sens dessus dessous, leurs pots et leurs petites cuillères à oblation brisés et dispersés.

Tout l’univers était désert, comme s’il avait été anéanti par Kāla [4].

19. Quand les sages de sang royal et les sages eurent disparu, les grands Asuras

prirent tous deux la décision de se métamorphoser en bêtes féroces.

20. Ayant pris la forme d’éléphants en rut aux tempes suintantes,

ils emmenèrent ceux qui s’étaient tapis dans des endroits inaccessibles vers la demeure de Yama.

21. Se transformant tantôt en lions, tantôt en tigres, et en étant invisibles, ces deux

cruels, de diverses manières chaque fois, massacrèrent les sages qu’ils avaient vus.

22. Privée de sacrifices et des récitations des textes sacrés, avec les princes et les deux-fois-nés tués,

la Terre nourricière se retrouva alors dépourvue de festivals et de sacrifices,

23. pleine de lamentations et tourmentée par la peur, privée de marchés et de commerces,

et privée des devoirs envers les Dieux, dépourvue des mariages et des cérémonies religieuses.

24. Privée du labourage et de l’élevage des vaches, avec ses villes et ses ermitages mis en pièces,

souillée d’ossements et de squelettes, la Terre offrait un spectacle terrible.

25. Privée des devoirs envers les ancêtres, et des bénédictions avec l'invocation vaṣaṭ [5],

l’univers était alors d’un aspect effrayant et pénible à regarder.

26. La Lune et le Soleil, les planètes, les étoiles, les étoiles, tous ceux qui vivent au ciel,

sombrèrent dans le désespoir en voyant ce que faisaient Sunda et Upasunda.

27. Et les deux Daityas, après avoir vaincu toutes les régions en commettant des actes cruels,

débarrassés de leurs ennemis établirent leur résidence à Kurukṣetra.

 

 

  1. 203. Les dieux tiennent conseil. Brahmā fait construire par Viśvakarman une femme artificielle, Tilottamā, pour séduire Sunda et Upasunda. Elle est si belle qu’elle tourne la tête aux dieux. (= 30 ślokas)

 

Livre I, chapitre 203

1. Nārada dit :

« Puis tous les sages de sang royal, et les Accomplis, les sages suprêmes,

sombrèrent alors dans une extrême souffrance en voyant cette grande destruction.

2. Eux, qui avaient vaincu leur colère, s’étaient vaincus eux-mêmes, avaient vaincu leurs sens,

allèrent alors par compassion vers la demeure de l’Aïeul.

3. Ils virent l’Aïeul assis en compagnie des Dieux,

entouré de tous côtés par les Accomplis et les sages brahmanes.

4. Le Dieu qui est le Grand Dieu était là, et Agni en compagnie de Vāyu,

et la Lune et le Soleil, ainsi que Dharma, le Sage suprême.

5. Les anachorètes de Vikhanas, les Vālakhilyās, les ermites de la forêt, les Buveurs-de-lumière,

et aussi les Non-nés, et les Infaillibles, les Embryons-éclatants, les ascètes,

tous ces sages étaient assis auprès de l’Aïeul.

6. Puis arrivèrent ensemble tous les grands sages,

racontant tout ce qu’avaient fait Sunda et Upasunda,

7. comment ils l’avaient fait, et selon quel ordre ils l’avaient fait ainsi,

ils décrivirent tout, entièrement, à l’Aïeul.

8. Et toutes les troupes des Dieux ainsi que les sages suprêmes

exposaient l’affaire devant l’Aïeul et le pressaient.

9. Puis l’Aïeul, après avoir écouté toutes leurs paroles,

réfléchit un moment pour décider ce qu’il fallait faire.

10. Déclarant la mise à mort des deux frères, il fit venir le Démiurge universel.

Quand il vit le Démiurge universel, l’Aïeul lui indiqua ses ordres :

« Que soit créée une fille désirable ! » lui dit le grand ascète.

11. S’inclinant devant l’Aïeul et se réjouissant de ses paroles,

il fabriqua une jeune femme divine, après y avoir soigneusement réfléchi.

12. Dans les trois mondes, quelles que fussent les créatures, végétales ou animales,

il assembla avec soin de-ci de-là tout ce qu’il y avait de beau à regarder.

13. Et par millions il introduisit aussi des joyaux dans son corps ;

de cet amas de joyaux, il créa cette femme à la beauté divine.

14. Celle-ci, créée avec soin par le grand Démiurge universel,

était dans les trois mondes d’une beauté à laquelle les autres femmes ne pouvaient être comparées.

15. Il n’y avait pas un atome dans son corps qui ne fût

d’une beauté parfaite, ou bien où les yeux de ceux qui la contemplaient ne fussent attachés.

16. Celle-ci, qui était comme l’incarnation de Śrī par son charme et sa beauté,

saisissait les yeux et l’esprit de toutes les créatures.

17. Comme elle avait été créée, petit bout par petit bout, en assemblant des joyaux,

l’Aïeul lui donna le nom de Tilottamā [6].

18. L’Aïeul dit :

« Va vers les deux Asuras, Sunda et Upasunda, ô Tilottamā,

et avec ta beauté désirable, fais en sorte, ma chère, de les séduire.

19. A cause de toi, en te voyant d’une telle beauté,

fais en sorte qu’une querelle naisse entre eux deux. ».

20. Nārada dit :

« Elle consentit en lui disant « D’accord », rendit hommage à l’Aïeul,

et elle décrivit un cercle en marchant rituellement autour des Éveillés.

21. Le Seigneur Suprême [7], le Bienheureux, était assis au Sud faisant face à l’Est,

les Dieux étaient assis au Nord, et les sages étaient un peu partout.

22. Tandis qu’elle elle marchait en cercle rituellement,

Indra et le bienheureux Sthāṇu [8] gardaient seuls leur sang-froid.

23. Mais il avait un désir si violent de la regarder passer à côté de lui

qu’une autre tête aux cils recourbés lui sortit vers le Sud.

24. Tandis que, dans son dos, elle continuait à tourner autour de lui, une tête lui sortit à l’Ouest,

et comme elle passait au Nord à côté de lui, une tête lui sortit au Nord.

25. Quant au grand Indra, il lui vint un millier de grands yeux

aux bords rouges, sur le côté, derrière, devant, partout !

26. C’est ainsi que jadis le grand Dieu devint Sthāṇu-aux-quatre-têtes,

et que le destructeur de Bala devint le Dieu-au-mille-yeux.

27. Ainsi dans les groupes des Dieux et des sages tous ensemble

la tête tournait à celui dont Tilottamā s’approchait.

28. Sur son corps venaient tomber les yeux de la plupart

de tous ces Dieux au grand cœur, hormis ceux du Dieu Aïeul.

29. Tandis qu’elle marchait, tous les Dieux et les sages suprêmes

pensaient que sa beauté parfaite avait déjà fait ce qu’il fallait faire.

30. Quand Tilottamā fut partie, le Créateur du monde

laissa partir tous les Dieux et les troupes des sages.

 

 

  1. 204. Tilottamā s’approche des deux frères en train de fêter leur victoire. Ils ne peuvent résister à ses charmes, la veulent tous deux, et s’entretuent. Brahmā récompense Tilottamā. Qu’aucune division ne naisse entre les Pāṇḍava à cause de Draupadī. Ils décident que si l’un d’entre eux en dérange un autre tandis qu’il est avec Draupadī, il devra vivre en ermite dans la forêt pendant douze mois. (= 30 ślokas)

 

Livre I, chapitre 204

1. Nārada dit :

« Après avoir conquis la Terre, les Daityas, débarrassés de leurs ennemis, délivrés de leurs peines,

ayant pacifié les trois mondes, étaient satisfaits de leur tâche.

2. Ayant dérobé tous les joyaux des Dieux, des Gandharvas, des Yakṣas,

des serpents, des rois et des Rākṣasas, ils entrèrent dans une joie extrême.

3. Du moment qu’il n’y avait plus pour eux aucun opposant,

ils devinrent alors paresseux et prirent du bon temps comme des immortels,

4. avec des femmes, des guirlandes, des victuailles, d’abondants festins,

de doux breuvages de toutes sortes : ils entrèrent dans une extrême euphorie.

5. Dans leur harem, dans les forêts et les jardins, dans les montagnes et les sous-bois,

dans tous les endroits, selon leurs désirs, ils prirent du bon temps comme des immortels.

6. Et un jour, sur un versant des monts Vindhya, sur un plateau rocheux,

ils allèrent se promener dans un bois de śāls couronnés de fleurs.

7. C’était là un rassemblement de ce qui est divin et comble tous les désirs,

et tous deux, réjouis, étaient assis sur des fauteuils précieux avec des femmes.

8. Dansant et jouant de la musique, les femmes se tenaient à leur disposition,

et pour les satisfaire elles s’approchaient d’eux avec des chants pleins de louanges.

9. C’est là que Tilottamā vient cueillir des fleurs dans la forêt,

dans une tenue provocante, revêtue d’un simple tissu rouge.

10. Cueillant sur le bord de la rivière des karnikaras qui y poussaient,

elle se rapprocha tout doucement de l’endroit où étaient assis les deux grands Asuras.

11. Après avoir bu une excellente boisson, ils avaient les bords des yeux rouges d’ivresse,

et quand ils virent cette femme aux belles hanches, ils furent pris de tremblements.

12. Se levant de leur siège et bondissant pour aller où elle se trouvait,

tous deux étaient ivres de désir, et tous deux la convoitaient.

13. Sunda empoigna la femme aux beaux sourcils par la main droite,

de même Upasunda empoigna Tilottamā par la main gauche.

14. Ivres de la faveur qu’ils avaient reçue et de la force de leurs poitrines,

de l’enivrement de leurs richesses et leurs joyaux, de leur ivresse d’ivrognes,

15. ivres de toutes ces ivresses, fronçant leurs sourcils l’un envers l’autre,

envahis par l’ivresse du désir, ils s’interpellèrent réciproquement :

16. « C’est ma femme, je suis ton gourou ! » disait Sunda,

« C’est ma femme, c’est ta belle-sœur ! » disait Upasunda.

17. « Elle n’est pas à toi, elle est à moi ! » et la fureur les envahissait.

A cause d’elle, tous deux saisirent leurs terribles massues.

18. Ayant saisi leurs terribles massues, égarés par leur désir,

« Moi d’abord ! Moi d’abord ! » disaient-ils en se frappant l’un l’autre.

19. Frappés par les massues, ces deux affreux tombèrent sur le sol,

leurs corps ruisselant de sang, comme deux soleils tombés du ciel.

20. Les femmes et les troupes des Daityas s’enfuirent alors en tous sens,

et tout le monde alla dans le Pātāla, tremblant de peur et de désespoir.

21. Puis, en compagnie des Dieux et des grands sages, l’Aïeul

à l’âme très pure alla rendre hommage à Tilottamā.

22. Récompensée d’une faveur par Brahmā, ce fut ce qui le contenterait

qu’elle choisit : content, l’Aïeul lui dit :

23. « Tu parcourras les mondes parcourus par le Soleil, ô femme rayonnante,

et à cause de ton éclat, personne ne te considérera comme facile à regarder. ».

24. Après lui avoir accordé son vœu, l’Aïeul du monde entier

confia l’ensemble des trois mondes à Indra, puis le Seigneur partit pour le monde de Brahmā.

25. Ainsi ces deux qui étaient unis et n’avaient qu’une seule opinion sur toutes choses

s’irritèrent à cause de Tilottamā et se tuèrent l’un l’autre.

26. C’est pourquoi je vous le dis avec tendresse, à vous tous, les meilleurs des Bhārata :

faites en sorte qu’il n’y ait pas sur ce point de zizanie entre vous tous

à cause de Draupadī, s’il vous plait, si vous voulez me faire plaisir… ».

27. Vaiśampāyana dit :

« Quand ils eurent entendu les mots du grand sage Nārada,

ces rois au grand cœur firent une convention entre eux après s’être réunis,

sous les yeux de Nārada, le sage divin dont l’éclat est sans limite :

28. « Celui de nous qui en verrait un autre lorsqu’il est assis avec Draupadī,

qu’il passe douze ans à vivre comme un chaste brahmane dans la forêt. ».

29. Après que les Pāṇḍava, fidèles au Dharma, eurent fait cette convention,

Nārada, le grand anachorète, repartit content vers sa destination préférée.

30. Cette convention fut d’abord faite par eux à l’instigation de Nārada,

et tous ne connurent aucune zizanie les uns avec les autres, ô Bhārata.

 

 

  1. 205. Des voleurs emportent les vaches d’un brahmane : il se plaint à Arjuna. Yudhiṣṭhira est avec Draupadī dans la salle où sont rangées les armes. Ne pas venir en secours à un brahmane ou déranger Yudhiṣṭhira et devoir partir une année en exil : Arjuna n’hésite pas. Il entre, prend un arc et rattrape les voleurs. A son retour, Arjuna demande son congé, pour partir dans la forêt : il a brisé le pacte. Yudhiṣṭhira le laisse partir à contre-cœur. (= 30 ślokas)

 

Livre I, chapitre 205

1. Vaiśampāyana dit :

« Après avoir fait cette convention, les Pāṇḍava vécurent là,

soumettant les autres rois à leur autorité par l’ardeur de leurs armes.

2. Et la Noiraude se soumit aux volontés de tous les fils de Pṛthā,

ces cinq lions parmi les hommes dont la puissance était sans limite.

3. Et elle fut très chère à ses cinq maris ensemble,

tout comme ces héros l’étaient pour elle, comme Sarasvatī avec ses éléphants.

4. Tant que les Pāṇḍava au grand cœur restèrent dans le Dharma,

tous les Kurava prospérèrent, sans vices, dans le bonheur.

5. Et après un long temps, ô seigneur des peuples, un brahmane

se fit voler ses vaches par des brigands, ô le meilleur des rois.

6. Le brahmane, plein de colère qu’on lui ait volé son bien,

se rendit à Khāṇḍavaprastha et alla hurler auprès des Pāṇḍava.

7. « Mon troupeau de vaches est volé par des vauriens cruels et immatures,

violemment, sur ce territoire qui est vôtre ! Poursuivez-les, ô Pāṇḍava !

8. L’offrande du brahmane insouciant est arrachée par les corbeaux !

Le vil chacal touche la cachette vide du tigre !

9. Du moment que le propre bien d’un brahmane est dérobé par des voleurs, et que le Dharma et le Profit sont arrachés,

et que je pousse des hurlements, apportez-moi le soutien de vos armes ! ».

10. Étant dans le voisinage du brahmane qui hurlait, le Pāṇḍava

fils de Kuntī, Dhanaṃjaya, entendit ses paroles.

11. Entendant cela, le héros au bras puissant dit au deux-fois-né : « N’aie pas peur ! ».

Or, là où étaient les armes des Pāṇḍava au grand cœur,

il y avait Yudhiṣṭhira, le roi du Dharma, en compagnie de la Noiraude

12. Le Pāṇḍava était incapable d’entrer comme de repartir,

et pressé encore et encore par les paroles de ce malheureux,

au milieu des cris, le fils de Kuntī, abattu, réfléchissait :

13. « Le bien de cet ascète brahmane a été volé,

il faut essuyer ses larmes » se dit-il, déterminé.

14. Une négligence engendrerait pour le roi une très grande faute contre le Dharma,

si je n’apportais pas maintenant mon secours à celui qui se lamente à ma porte.

15. A l’occasion de ce secours, c’est sur nous tous que la mécréance

retomberait dans ce monde, et ce serait une faute contre le Dharma.

16. Si je ne demandais pas mon congé au roi en partant, à n’en pas douter

cela déplairait au Roi-dont-l’ennemi-n’est-pas-né [9].

17. Si j’entrais auprès du roi, ce serait pour moi la vie dans la forêt.

C’est soit une grande faute contre le Dharma, soit la mort pour moi dans la forêt…

Mais le Dharma est plus important que la perte de mon corps ! ».

18. Après en avoir ainsi délibéré, le fils de Kuntī, Dhanaṃjaya,

entra chez le roi et prit congé, ô seigneur des peuples.

19. Après avoir pris son arc, il dit, tout joyeux, au brahmane :

« Brahmane, allons vite jusqu’à celui qui convoite le bien d’autrui !

20. Ces vauriens ne sont pas allés loin : allons-y ensemble

que je te ramène ton bien des mains des voleurs ! ».

21. Partant à leur poursuite, l’archer au bras puissant, avec sa cuirasse, son char et son étendard

anéantit les voleurs sous ses flèches et, vainqueur, ramena son bien

22. au brahmane. Après s’être abreuvé de gloire, le Pāṇḍava

héroïque, l’Ambidextre tourmenteur de ses ennemis, retourna à la cité.

23. Il salua tous les gourous et ils le félicitèrent.

Il dit ceci au roi du Dharma : « Prescris-moi mon vœu.

24. J’ai transgressé la convention en te regardant, Seigneur.

Je vais aller vivre dans la forêt, car c’est là la convention que nous avions faite. ».

25. Dès qu’il eut entendu cette parole très désagréable, le roi du Dharma,

tourmenté par la peine, parla d’une voix hésitante : « Comment cela ?... »

dit Yudhiṣṭhira à l’inébranlable héros aux cheveux épais, de frère à frère.

26. « Si je suis pour toi l’autorité, écoute mes paroles, ô irréprochable.

Le désagrément que tu m’as causé, ô héros, en entrant,

j’y consens entièrement, et il n’y a pas d’hypocrisie dans mon cœur.

27. Car entrer chez son aîné n’est pas une infraction pour un cadet,

entrer chez son cadet est pour le plus vieux une transgression.

28. Reviens, guerrier au bras puissant, fais ce que je dis.

Car tu n’as pas transgressé le Dharma, tu ne m’as fait aucun outrage. ».

29. Arjuna dit :

« J’ai appris de toi, Seigneur, qu’on ne saurait marcher dans le Dharma par tricherie.

Je ne dévierai pas de la Vérité, j’ai pris pour arme la Vérité ! ».

30. Vaiśampāyana dit :

« Celui-ci, avec le consentement du roi, se consacra à la pratique de l’ascèse brahmanique

et il entreprit d’aller vivre dans la forêt pendant douze ans. »

 

 

  1. 206. Accompagné de brahmanes, Arjuna s’installe à Gaṅgādvāra. Tandis qu’il se baigne dans la Gaṅgā, il est entraîné sous les eaux par Ulūpī, la fille du roi des serpents Kauravya qui lui demande de l’aimer. Mais Arjuna a fait vœu de chasteté. Ulūpī plaide et arrive à ses fins. (= 34 ślokas)

 

Livre I, chapitre 206

1. Vaiśampāyana dit :

« Quand partit le guerrier au bras puissant, qui faisait la gloire des Kaurava,

il fut suivi par des brahmanes au grand cœur, parfaitement familiarisés avec le Veda,

2. qui connaissaient le Veda et les annexes du Veda, qui pareillement avaient médité sur l’Être Suprême,

et des purs, de pieux adorateurs du Bienheureux, des bardes royaux qui contaient les récits d’antan,

3. des conteurs sans égal, ô roi, des ascètes mendiants vivant dans les forêts,

et aussi des deux-fois-nés qui répétaient avec douceur les récits divins.

4. Avec eux et bien d’autres compagnons de voyage le fils de Pāṇḍu,

entouré de tendres conversations, avançait comme Vāsava [10] entouré par les Maruts.

5. C’étaient de charmantes forêts et des étangs multicolores,

des rivières, et aussi des calanques en bord de mer, ô Bhārata,

6. et de saints lieux d’ablutions que voyait le taureau des Bhārata.

Quand il arriva sur la Porte du Gange, le seigneur s’y installa.

7. Là, apprends de moi, ô Janamejaya, l’acte extraordinaire

qu’accomplit le meilleur des auriges, à l’âme très pure, parmi les Pāṇḍava.

8. Quand le fils de Kuntī s’installa là avec les brahmanes, ô Bhārata,

les prêtres firent flamboyer en grand nombre des oblations à Agni.

9. Tandis que les offrandes qui flamboyaient étaient attisées,

que des oblations de fleurs allant entre les deux rives étaient faites

10. par des prêtres qui avaient fait leurs ablutions, savants, se tenant strictement dans la voie du Bien,

la Porte du Gange était éblouissante de beauté, ô roi, avec tous ces prêtres au grand cœur.

11. Ainsi, pendant la confusion de l’installation, le fils de Pāṇḍu

et de Kuntī descendit au Gange faire ses ablutions.

12. Après avoir fait là ses ablutions et avoir versé une libation à ses ancêtres,

alors qu’il désirait sortir de l’eau, ô roi, dans le but de faire le rituel du feu,

13. le héros au bras puissant fut entraîné dans les eaux, ô Mahārāja,

par la fille du roi des serpents, Ulūpī, qui se déplaçait à son gré.

14. Là le Pāṇḍava vit un feu bien fourni

dans la demeure hautement honorée du serpent Kauravya.

15. Là Dhanaṃjaya, le fils de Kuntī, accomplit le rituel du feu,

et sans hésitation il versa l’oblation, et le feu dévorant, attisé, se réjouit.

16. Une fois accompli le rituel du feu, le fils de Kuntī, presque éclatant de rire,

dit ces mots à la fille du roi des serpents :

17. « Pourquoi te conduis-tu avec cette agressivité, rayonnante demoiselle ?

Quel est cet endroit fortuné ? Et qui es-tu ? De qui es-tu la fille ? ».

18. Ulūpī lui dit :

« Il y a un serpent, né de la lignée d’Airāvata, du nom de Kauravya,

je suis sa fille, ô fils de Pṛthā, je suis une serpente du nom d’Ulūpī.

19. Tu es descendu dans l’eau pour faire tes ablutions,

et quand je t’ai vu, ô fils de Kuntī, j’ai été pénétrée par un désir de sexe.

20. Je suis agitée par l’Incorporel [11] à cause de toi, joie de Kuru !

Je suis sans égale : donne-moi de la joie en t’offrant à moi en secret ! ».

21. Arjuna lui dit :

« C’est là pour moi l’ascèse brahmanique pendant douze ans, ma chère,

c’est que ce que m’a enjoint le roi du Dharma, et je ne suis pas mon propre maître.

22. Je désire aussi te faire plaisir, ô habitante des eaux ;

je n’ai jamais dit auparavant de mensonge, à aucun moment, à personne.

23. Et comment, sans qu’il y ait de mensonge, tout en te faisant aussi plaisir,

et sans que le Dharma ne soit foulé aux pieds, pourrais-je faire, ô serpente ? ».

24. Ulūpī lui dit :

« Je sais, ô fils de Pāṇḍu, comment tu parcours la Terre,

et comment ton gourou t’a prescrit une vie d’ascèse brahmanique.

25. Quand vous viviez auprès de la fille de Drupada, entre vous

vous avez fait une convention : celui qui dans son égarement entrerait

devrait pendant douze ans mener une vie d’ascèse brahmanique dans la forêt.

26. Cet exil que vous avez décidé entre vous à cause de Draupadī

a été fait en regard du Dharma : là le Dharma n’est pas corrompu.

27. Et tu dois assurer la délivrance de ceux qui sont opprimés, héros aux grands yeux :

si tu assures ma délivrance, le Dharma n’est pas détruit.

28. Ou bien s’il y avait ne serait-ce qu’une insignifiante transgression du Dharma,

ce serait justement le Dharma pour toi, puisque tu me rendrais mes souffles vitaux, ô Arjuna.

29. Je suis possédée : possède-moi, fils de Pṛthā, c’est là l’opinion des justes.

Si tu ne le fais pas, assiste à ma mort…

30. En me faisant le don de la vie, ô héros au bras puissant, accomplis le Dharma suprême :

je suis maintenant venue me réfugier auprès de toi, ô le meilleur des hommes.

31. Tu protèges constamment les gens malheureux et sans protection, ô fils de Kuntī,

je viens me réfugier auprès de toi, je pousse des hurlements, je suis malheureuse !

32. Je te supplie, je suis pleine de désir, alors donne-moi du plaisir !

En t’offrant à moi, fais en sorte que mes désirs soient comblés ! ».

33. Vaiśampāyana dit :

« Quand la fille du roi des serpents lui eut dit cela, le fils de Kuntī

fit tout ainsi, signifiant que sa raison d’agir était le Dharma.

34. Et après avoir passé la nuit dans le palais du serpent, le héros majestueux

au lever du soleil sortit de la demeure de Kauravya. ».

 

 

  1. 207. Arjuna visite les lieux de pèlerinage. Il rencontre Citrāṅgadā, fille du roi Citravāhana, et la désire. Il la demande à son père qui raconte l’Histoire de Prabhaṃkara. Ce roi, sans descendant, se livre à des austérités terribles. Śiva lui accorde un enfant par génération. Ainsi tous les ancêtres de Citravāhana ont eu chacun un fils, sauf lui, qui a eu une fille. Il l’accorde à Arjuna, à condition de pouvoir garder le fils qu’il en aura. (= 23 ślokas)

 

Livre I, chapitre 207

1. Vaiśampāyana dit :

« Celui-ci raconta tout cela en détails aux brahmanes, ô Bhārata,

puis le fils du Porteur-du-foudre partit sur le versant de l'Himālaya.

2. Ayant atteint le banian d’Agastya et la montagne de Vasiṣṭha,

le fils de Kuntī fit son rituel de purification sur la montagne de Bhṛgu.

3. Le meilleur des Kuru offrit des milliers de vaches aux lieux d’ablutions et aux sanctuaires,

et ils donna des résidences aux deux-fois-nés.

4. Et le meilleur des hommes, après avoir fait ses ablutions au gué de la Goutte d’or,

regarda la meilleure des montagnes et les saints sanctuaires.

5. Le meilleur des hommes descendit en compagnie des brahmanes,

et le taureau des Bhārata alla vers la région de l’Est qu’il désirait atteindre.

6. Successivement le meilleur des Kuru vit des lieux d’ablution,

et la charmante Rivière-aux-lotus vers la forêt de Naimiṣa,

7. et la montagne Nandā et la Nandā inférieure, et la glorieuse rivière Kauśikī,

et la grande rivière de Gayā, et aussi le Gange, ô Bhārata.

8. Après avoir vu tous les lieux d’ablutions ainsi que les ermitages,

ayant accompli sa purification, il offrit des richesses aux brahmanes.

9. A Aṅga, Vaṅga et Kaliṅga il alla voir

tous les lieux d’ablutions et les sanctuaires qu’il pouvait y avoir,

et après les avoir visités comme il convient, il donna aussi des richesses.

10. Aux portes du royaume de Kaliṅga, les brahmanes qui suivaient le Pāṇḍava

donnèrent congé au fils de Kuntī et s’en retournèrent, ô Bhārata.

11. Avec leur permission, le fils de Kuntī, Dhanaṃjaya

alla hardiment avec un petit nombre de compagnons jusqu’à l’Océan.

12. Après avoir traversé les contrées de Kaliṅga et vu

les charmants sanctuaires, le seigneur alla

13. voir le mont Mahendra qu’ornaient les ascètes,

et il longea tout doucement le bord de mer jusqu’à Maṇalūra.

14. Là il alla voir tous les lieux d’ablutions et les saints sanctuaires,

puis le héros au bras puissant alla voir le roi

Citravāhana, ô roi, le seigneur de Maṇalūra connaisseur du Dharma.

15. Il avait une fille du nom de Citrāṅgadā, jolie à regarder ;

il la vit passer par hasard dans cette cité.

16. En voyant la fille aux belles hanches de Citravāhana, il la désira.

Et il alla vers le roi pour l’informer de ses intentions.

Le roi lui dit cette parole réconfortante :

17. « Il y eut dans ma famille un roi du nom de Prabhaṃkara.

Étant sans fils et désirant une progéniture, il se livra à une ascèse extrême.

18. Grâce à cette ascèse terrible et à ses prosternations, Śaṃkara,

le Seigneur, le Grand Dieu époux d’Umā [12] fut satisfait.

19. Le Bienheureux lui offrit de n’avoir qu’une seule progéniture par génération :

c’est pourquoi il n’y a pour nous chaque fois qu’une seule progéniture par génération.

20. A tous ceux qui m’ont précédé est né un garçon,

mais moi il m’est née cette fille, qui enfantera certainement ma lignée.

21. Je me dis dans mon imagination que c’est mon fils, ô le meilleur des hommes,

elle est appelée mon héritière selon la condition instituée, ô taureau des Bhārata.

22. Que ce soit là son prix : la naissance du fondateur de ma lignée.

En vertu de cette convention, reçois-la, ô Pāṇḍava. ».

23. Il donna son accord, il reçut la fille,

et le fils de Kuntī demeura dans cette cité pendant les trois mois de l’hiver.

 

 

  1. 208. Arjuna continue son pèlerinage. Histoire de Vargā. Il s’étonne que cinq lieux sacrés soient désertés : c’est parce qu’ils sont habités par cinq crocodiles qui dévorent les pèlerins. Arjuna se baigne dans le premier, se bat avec le crocodile et le sort de l’eau. Celui-ci se transforme en une splendide jeune fille : c’est l’apsaras Vargā, maudite par un ascète avec quatre de ses amies pour avoir essayé de le tenter. (= 21 ślokas)

 

Livre I, chapitre 208

1. Vaiśampāyana dit :

« Puis le taureau des Bhārata alla voir sur la côte Sud de l’Océan

les lieux d’ablutions très saints, ornés par les ascètes.

2. Or les ascètes évitaient là cinq lieux d’ablutions

qui étaient pourtant fréquentés jadis par les ascètes :

3. le gué d’Agastya, celui de Subhadrā, celui de Pulomā très purificateur,

celui de Kāraṃdhama qui est plein de sérénité, et qui porte autant de fruits qu’un sacrifice de cheval,

et le gué de Bhāradvāja qui apporte une grande guérison au mal.

4. Le Pāṇḍava, remarqua que ces lieux d’ablutions étaient déserts

et vit que les anachorètes, concentrés sur le Dharma, les évitaient.

5. Le fils de Kuru interrogea alors les ascètes en portant les mains à son front :

« Pour quelle raison ces lieux d’ablutions sont-ils évités par ceux qui enseignent le Veda ? ».

6. Les ascètes dirent :

« Cinq crocodiles y vivent et ils saisissent les ascètes,

c’est pourquoi ces lieux d’ablutions sont évités, ô fils de Kuru. ».

7. Vaiśampāyana dit :

« Après les avoir écoutés, le héros au bras puissant, le meilleur des hommes,

malgré les ascètes qui le retenaient, alla vers ces lieux d’ablutions.

8. Il arriva au sublime lieu d’ablutions du grand sage Subhadra,

et le héros tourmenteur de ses ennemis plongea rapidement et se baigna.

9. Mais un grand crocodile qui vivait dans les eaux saisit

dans l’eau le tigre parmi les hommes, Dhanaṃjaya le fils de Kuntī.

10. Le fils de Kuntī au bras puissant, le champion parmi les puissants,

prit l’animal aquatique qui se tortillait et se redressa puissamment.

11. Mais dès que le crocodile fut tiré de l’eau par le glorieux Arjuna,

il devint une belle femme parée de toutes sortes de bijoux,

resplendissante de beauté, ô roi, pareille à une déesse, charmante.

12. En voyant ce grand prodige, Dhanaṃjaya, le fils de Kuntī,

au comble de la joie dit cette parole à la femme :

13. « Qui es-tu, belle femme ? D’où vient que tu es un animal aquatique ?

Et pourquoi as-tu fait tout ce mal jadis ? ».

14. La femme lui dit :

« Je suis une Apsaras, ô héros au bras puissant, et je vivais dans la forêt des Dieux.

J’étais constamment la favorite du Maître-des-trésors. Mon nom est Vargā, ô très puissant.

15. J’avais quatre autres compagnes, toutes splendides et capables d’aller où elles voulaient.

En leur compagnie j’étais partie vers la demeure du Gardien-du-monde [13].

16. Nous vîmes toutes alors un brahmane très attaché à ses vœux,

beau, qui étudiait seul, vivant dans la solitude.

17. Et la forêt était nimbée de l’éclat de son ascèse, ô roi,

comme le Soleil il illuminait tout l’endroit.

18. En voyant une telle ascèse et sa beauté qui était une merveille à voir,

nous descendîmes dans cet endroit, voulant faire obstacle à son ascèse.

19. Moi, Saurabheyī, Samīcī, Budbudā, et Latā

nous allâmes en même temps vers le brahmane, ô Bhārata.

20. Nous chantions, nous nous moquions du brahmane et nous l’excitions,

mais il ne s’intéressait pas à nous, ô héros, en aucune façon !

Sans un frémissement, il se tenait, plein d’éclat, dans son ascèse immaculée…

21. Mais dans sa colère le brahmane nous maudit, ô taureau parmi les nobles guerriers :

« Métamorphosées en crocodiles, vous vivrez dans l’eau pendant cent ans ! ».

 

 

  1. 209. Elles avaient demandé pardon, et l’ascète avait modéré sa malédiction : elles retrouveraient leur apparence quand un homme supérieur les tirerait de l’eau. Elles avaient alors rencontré Nārada qui leur avait indiqué où elles devaient se rendre : Arjuna viendrait bientôt les libérer. Arjuna délivre les quatre autres. (= 24 ślokas)

 

Livre I, chapitre 209

1. Vargā dit :

« Nous étions toutes tremblantes, ô le meilleur des Bhārata,

et nous cherchions refuge auprès du brahmane, cet ascète inébranlable.

2. « Notre beauté, notre jeunesse et notre lubricité nous ont rendues orgueilleuses ;

nous avons vraiment agi de manière inconvenante, daigne nous pardonner, ô deux-fois-né !

3. C’est là pour nous la perte assurée, ô ascète,

que nous soyons venues ici te séduire, toi dont l’esprit est tranchant.

4. Ceux qui, par leur naissance, sont familiarisés avec le Dharma pensent qu’on ne doit pas faire de mal aux femmes :

c’est pourquoi, conformément au Dharma, daigne, toi qui es connaisseur du Dharma, ne pas nous tuer.

5. Un brahmane, ô connaisseur du Dharma, est dit ami de toutes les créatures.

Puisse cette belle parole des sages être vraie…

6. Les gens qui ont de l’éducation assurent la protection de ceux qui cherchent refuge :

nous cherchons refuge auprès de toi, alors daigne nous pardonner. ».

7. Vaiśampāyana dit :

« A ces mots, le brahmane au cœur loyal et bienfaisant,

rayonnant comme le Soleil et la Lune, ô héros, leur fit grâce.

8. Le brahmane dit :

« “Cent”, “mille”, “universel”, tout cela signifie l’inépuisable.

Mais ce “cent” est une mesure, cela ne signifie pas l’inépuisable.

9. Et quand vous vous serez métamorphosées en crocodiles et que vous saisirez les hommes dans l’eau,

un homme, le meilleur des hommes, vous tirera de l’eau sur la terre ferme.

10. Alors vous recouvrerez toutes à nouveau votre nature propre.

Je n’ai jamais dit auparavant de mensonge, même pour plaisanter.

11. Dès lors, tous ces lieux d’ablutions à partir de maintenant

accéderont à la célébrité en tous lieux sous le nom de « lieux d’ablutions des femmes »,

et ils seront saints et purificateurs pour les sages. ».

12. Vargā dit :

« Puis nous saluâmes le brahmane en marchant rituellement autour de lui,

et en nous approchant de cet endroit nous songions, bien tourmentées :

13. « Et au bout donc de combien de temps nous toutes

rencontrerons-nous l’homme qui nous rendra notre apparence ? ».

14. Tandis que nous songions ainsi, après quelque temps, ô Bhārata,

nous vîmes le sage divin, le bienheureux Nārada.

15. Toutes nous étions joyeuses de voir ce sage divin à la splendeur sans borne ;

et nous le saluâmes, ô fils de Pṛthā, debout devant lui, le visage affligé.

16. Il nous demanda l’origine de notre peine, et nous la lui dîmes.

Et après avoir entendu comment cela s’était passé, il nous dit cette parole :

17. « Sur le rivage sud de l’Océan il y a cinq lieux d’ablutions,

saints, charmants. Allez-y sans délai.

18. Bientôt ici, le tigre parmi les hommes, Dhanaṃjaya le Pāṇḍava

à l’esprit pur vous délivrera de votre peine, ça ne fait pas de doute. ».

19. Quand nous avons toutes entendu cette parole, ô héros, nous sommes venues ici,

et c’était vrai, aujourd’hui j’ai été délivrée par toi, ô irréprochable !

20. Mais mes quatre autres compagnes sont toujours dans l’eau.

Fais une bonne action, ô héros, libère-les toutes ! ».

22. Et sortant de l’eau et reprenant leur propre corps,

les Apsaras, ô roi, avaient le même aspect qu’auparavant.

23. Après avoir ainsi purifié les lieux d’ablution et leur avoir donné congé, le seigneur

alla à la cité de Maṇalūra pour revoir Citrāṅgadā.

24. D’elle il engendra un fils, le roi Babhruvāhana.

Et après l’avoir vu, le Pāṇḍava, ô roi, alla vers Gokarṇa.

 

 

  1. 210. Suite du pèlerinage d’Arjuna. A Prabhāsa, il rencontre Kṛṣṇa. Ils séjournent ensemble, puis rentrent à Dvārakā, où Arjuna reçoit un accueil enthousiaste. (= 21 ślokas)

 

Livre I, chapitre 210

1. Vaiśampāyana dit :

« Et aux frontières de l’ouest le héros à la vaillance sans limite alla voir

les lieux d’ablutions et les saints sanctuaires, tous, les uns après les autres.

2. Les lieux d’ablutions et les sanctuaires qui sont sur la côte occidentale de l’Océan,

il alla tous les voir, et il atteignit Prabhāsa.

3. Le Destructeur-de-Madhu entendit dire que l’invincible Rechigneur [14]

avait atteint le pays de Prabhāsa dans son circuit des lieux d’ablutions.

4. Mādhava alla voir incognito le fils de Kuntī :

Kṛṣṇa et le Pāṇḍava se virent alors l’un l’autre à Prabhāsa.

5. Tous deux s’embrassèrent l’un l’autre et s’interrogèrent sur leur santé ; dans la forêt

ils s’assirent, comme deux amis chers, les sages Nara et Nārāyaṇa [15].

6. Alors Vāsudeva interrogea Arjuna sur ce qu’il faisait :

« Pourquoi, ô Pāṇḍava, fais-tu donc le circuit des lieux d’ablutions ? ».

7. Arjuna lui raconta alors comment tout s’était passé,

et le Seigneur descendant de Vṛṣṇi l’écouta et l’approuva.

8. Kṛṣṇa et le Pāṇḍava se divertirent à leur gré à Prabhāsa,

puis ils allèrent à la montagne Raivataka pour y séjourner.

9. Jadis, selon les indications de Kṛṣṇa, la montagne

avait été aménagée par les hommes, et ils en tiraient de la nourriture.

10. Arjuna, le Pāṇḍava, reçut cette nourriture et se régala,

et en compagnie de Vāsudeva il regarda les danseurs et les acteurs.

11. Le Pāṇḍava leur donna tous congé après les avoir loués,

et glorieusement il alla vers le lit divin qu’on lui avait préparé.

12. Il raconta au prince de Satvat [16] les lieux d’ablutions qu’il avait vus,

ainsi que les montagnes, ô Bhārata, les rivières et les forêts.

13. Et tandis qu’il racontait ses histoires, ô Janamejaya, le fils de Kuntī

fut emporté par le sommeil dans son lit céleste.

14. Il fut réveillé par un chant harmonieux et le son de la vīṇā,

ô irréprochable, et il s’éveilla au milieu des louanges et des bénédictions.

15. Quand il eut fait les choses qui étaient nécessaires, il fut félicité par le descendant de Vṛṣṇi,

et ils partirent pour Dvārakā sur un char dont les pièces étaient d’or.

16. Dvārakā avait été décorée, ô Janamejaya,

pour honorer le fils de Kuntī, jusques et y compris les bosquets.

17. Et les gens qui habitaient Dvārakā, dans leur désir de voir le fils de Kuntī,

se précipitèrent vers la route royale par centaines de milliers.

18. Sous les yeux de leurs femmes, par centaines, par milliers,

il y eut un grand rassemblement de gens de Bhoja, de Vṛṣṇi et d’Andhaka.

19. Ainsi honoré par tous les fils de Bhoja, de Vṛṣṇi et d’Andhaka,

il saluait ceux qu’il fallait saluer et tous l’accueillaient avec joie.

20. Et les garçons tous ensemble saluaient le héros avec respect,

et il embrassait encore et encore ceux qui avaient le même âge que lui.

21. Dans la charmante demeure de Kṛṣṇa pleine de joyaux et de festins,

il passa avec Kṛṣṇa de nombreuses nuits étoilées.

 

 



[1] Pitāmaha « l'Aïeul », un nom de Brahmā.

[2] Jour de la pleine lune du mois Kārttika (consacré à Kārttikeya), fête en l'honneur de Kārttikeya tenue ce jour-là.

[3] Garuḍa, roi des oiseaux et destructeur des serpents dont il est affamé.

[4] Kāla, épithète de Yama-Mṛtyu, le dieu de la Mort, sous son aspect du Temps destructeur.

[5] Vaṣaṭ « Que vienne » (invocation à une divinité à la fin de la récitation d'un rituel, après quoi le prêtre officiant verse l'oblation dans le feu sacrificiel).

[6] tilaṃ tilaṃ « petit bout par petit bout ».

[7] Śiva.

[8] « Le pilier [de feu] », Brahmā.

[9] Yudhiṣṭhira.

[10] Indra et sa troupe de génies des vents et orages.

[11] Anaṅga  « l'Incorporel », épithète de Kāma, le dieu du désir (dont le corps fut consumé par le feu de la colère de Śiva dont il avait troublé l'ascèse).

[12] Śaṃkara : épithète de Śiva « accordant sa bénédiction ». Son épouse est la déesse Umā, « Lumière », épithète de Durgā-Pārvatī.

[13] Kubera, le gardien du Nord. Il y a huit divinités régissant les huit directions de l'espace : Indra à l'Est, Vahni-Agni au Sud-Est, Yama au Sud, Nirṛti au Sud-Ouest, Varuṇa à l'Ouest, Pavana-Vāyu au Nord-Ouest, Kubera au Nord, et Īśa-Īśāna au Nord-Est.

[14] Le Destructeur-de-Madhu est Kṛṣṇa, le Rechigneur est Arjuna (il répugne à la tâche qu'il doit accomplir, c'est-à-dire combattre son aïeul Bhīṣma, et plus tard tuer son frère aîné Karṇa).

[15] Arjuna est la réincarnation de Nara (Mah. I,1, 117). Il représente l'Homme comme son cousin maternel Kṛṣṇa représente Dieu, selon la dualité des jumeaux Nara-Nārāyaṇa.

[16] Kṛṣṇa est prince du pays des Satvat, au sud de l’Inde.